Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mercredi 27 juin 2012

Mathématiques et guerre : réflexions et débat.

En février 2012 a eu lieu un colloque « des mathématiciens et des guerres : histoires et confrontations » dont le thème  m’a interpellé tant je considère la conduite de la guerre, ou ses avatars (la stratégie, la pensée opérative et la tactique), comme un art porté par la connaissance de l’histoire militaire qui, comme le disait le colonel Suire « permet d’apprendre à sentir et penser en soldat, tout en dominant la variété des techniques et la rigidité des règlements ».
L’instinct du chef, sa faculté à prendre des risques, à saisir les opportunités, à pressentir la réaction ennemie, à initier le génie qui surprendra l’adversaire sont les instruments de cette figure artistique qui, selon les mots du général Yakovleff, donne une certaine beauté aux batailles et aux manœuvres des grands capitaines.
Autant de raisons donc pour réfuter la vision scientifique voire géométrique de la guerre défendue par Jomini (et même Napoléon, nous le verrons) ou, plus récemment, par des officiers américains comme Warden (avec sa construction circulaire du ciblage), mais aussi l’amiral Henry Eccles dont la « military economics » rationalise la logistique opérationnelle.


vendredi 22 juin 2012

Histoire bataille : la conquête des Philippines par le Japon 1941-1942.


Dans le cadre de nos études sur les grandes batailles et la réflexion sur les enseignements tactiques, doctrinaux et opératifs de ces combats, je vous propose une petite synthèse de la conquête de l'archipel des Philippines par les Japonais en 1941 et début 1942. Cet épisode militaire met en exergue l'importance de la planification, le rôle du renseignement et celui des appuis tant dans la défensive que dans l'offensive ainsi que l'influence de la surprise sur les choix de commandement.

Contexte :
Dès l’été 1941, les pays européens présents en Asie du sud-est, comme le Royaume-Uni et les Pays-Bas, pressentent une action de force japonaise sur leurs possessions. Les Etats-Unis et leur allié philippin sont également inquiets, d’autant que c’est le général Mac Arthur, ancien chef d’état-major de l’armée américaine qui dirige depuis 1937 l’armée philippine encore mal équipée et peu entraînée. Après Pearl Harbour, les Philippines sont donc le second objectif stratégique des Nippons du fait de leur position géographique comme point d’appui pour attaquer les Indes orientales néerlandaises et leurs puits de pétrole tout en formant un rempart sur la route du Japon.

mercredi 20 juin 2012

Cyberstratégie : un ouvrage à ne pas manquer.

Cette semaine, je vous propose une nouvelle citation dans la rubrique "Paroles de chef" et je vous invite à la lecture d'un ouvrage traitant de la cyberstratégie, sujet souvent abordé dans les débats et autres colloques mais rarement approfondi, illustré, précisé dans ses termes, ses moyens et ses modalités d'exécution. Il s'agit du livre de Bertand Boyer " Cyberstratégie : l'art de la guerre numérique" aux éditions Nuvis qui vient de paraître et dont vous pouvez voir la couverture dans la rubrique "A lire" du blog. L'auteur, dans ce traité fort bien documenté et explicite, propose la définition de ce théâtre d'opérations virtuel avant de passer en revue les différents acteurs puis de dégager les principes structurants d'une stratégie dans ce domaine. En faisant référence aux théoriciens de la guerre comme Clauzewitz, Poirier, Aron ou Beaufre, ce livre tente de dégager les grandes lignes d'une guerre numérique probable ou possible.
La citation de la semaine, quant à elle, malgré un contexte militaire différent, montre que, dans une campagne classique comme dans une cyberattaque, il est nécessaire de paralyser l'adversaire en portant des attaques puissantes sur des objectifs choisis et déterminants pour l'ennemi sans jamais diluer les efforts. Ainsi, comme le déclarait le général Carnot, célèbre chef militaire de la Révolution : « Pour mettre l'ennemi hors d'état de recommencer une campagne, il ne faut pas disséminer vos forces sur toutes les frontières, mais il faut porter des coups décisifs sur deux ou trois points seulement ».

Source image : Cagle Cartoons - site allvoices 

dimanche 17 juin 2012

Le général Lanrezac : de la prise de risque mesurée à l’honneur bafoué.


Même s’il a été réhabilité en 1917 puis mis à l’honneur en 1924, le général Charles Lanrezac, militaire expérimenté commandant  la Vème armée en 1914, sera limogé après un mois de combat par le maréchal Joffre qui l’accuse d’avoir mis en péril les forces françaises au début du conflit. Pourtant, confronté aux ordres incohérents du GQG[i] et aux appréciations erronées d’officiers pétris de certitudes mais guidés par une doctrine de l’offensive à outrance, ce fin tacticien va sauver son unité de l’encerclement et, grâce à sa victoire lors de la bataille de Guise, participera directement au succès français de la Marne.
Son sens de la manœuvre incompris par le généralissime de l’époque est en fait le révélateur d’une capacité à prendre des risques mesurés puis à saisir les opportunités sans jamais céder à la tentation du coup de dé.
Aussi, verrons-nous que le général Lanrezac était bien en décalage avec la plupart des chefs de son époque et qu’il appuie son talent sur une solide culture militaire.
Pour cela, nous reviendrons d’abord sur les principes qui animent ce soldat avant de tirer quelques conclusions ou enseignements de son témoignage posé dans son livre « Le plan de campagne français et le premier mois de guerre ».


jeudi 14 juin 2012

Algérie : exposition et retour sur la présence française en Algérie.


En lien avec d'autres articles que nous avons déjà publiés concernant, par exemple, la carrière du général François Charles du Barail (http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr/2012/03/algerie-les-memoires-oubliees-du.html) mais également sur l'emploi de l'artillerie en contre rebellion entre 1954 et 1962 (http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr/2012/02/artillerie-et-guerre-dalgerie-atout-des.html), nous vous proposons cette semaine, dans la rubrique "Mémoire et évènements" de votre blog, un lien vers l'exposition provisoire organisée par le musée de l'armée traitant notamment des 130 années de présence française en Algérie. Riche en documents, peintures et objets divers, elle cherche à revenir sur l'histoire qui a uni ces deux pays entre 1830 et la fin de la guerre en 1962. Historique et pédagogique, elle s'arrête en particulier sur les perceptions des acteurs, les évènements politico-militaires ainsi que sur les aspects sociologiques de cette période coloniale. Un excellent moyen de rendre plus concrètes vos lectures sur les diverses époques de ce sujet algérien, si sensible encore aujourd'hui.

mercredi 13 juin 2012

Art opératif : l'action soviétique en Mandchourie en 1945.


Pour compléter notre propos d'articles précédents à la fois sur l'art opératif, l'armée Rouge et plus récemment sur la "guerre éclair" (ou l'action foudroyante pour certains), nous vous proposons un récapitulatif et une étude de l'offensive soviétique de l'été 1945 en Mandchourie face aux troupes japonaises déployées en défensive. Cette campagne met en avant la valeur de la vision opérative sur un terrain aux dimensions importantes et avec des moyens nombreux et hétérogènes.

Contexte :

Lors de la conférence de Yalta, Staline, sur l'insistance de Roosvelt, avait promet aux Alliés que l'URSS entrera en guerre contre le Japon trois mois après la fin des hostilités contre l'Allemagne. Aussi, dès le 2 avril 1945, les Soviétiques informent l'ambassadeur japonais à Moscou que de le pacte de neutralité russo-japonais de 1941 est rompu unilatéralement. Après le 8 mai, des transferts importants de troupes ont lieu de l'Europe vers l'Extrême-Orient pour renforcer les faibles unités sibériennes qui font face à l’armée nippone du Guangdong.


samedi 9 juin 2012

Judiciarisation militaire : les magistrats et les armées.


En complément de l'article que nous avions publié en février 2012(http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr/2012/02/la-judiciarisation-du-champ-de-bataille.html) et qui rappelait le dispositif prévu pour encadrer juridiquement les opérations de combat mais aussi pour protéger les militaires, le site internet officiel du ministère de la Défense détaille, cette semaine, l'immersion de magistrats au sein des armées afin de renforcer la connaissance mutuelle entre les deux institutions.
Intitulé « le militaire et le droit », ce stage à Mailly-le-camp figure dans le programme de formation continue des magistrats. Il est dispensé à 20 juges de l’ordre judiciaire sélectionnés par l’ENM (Ecole nationale de la magistrature). Cet échange cherche à leur faire découvrir le fonctionnement de la Défense, les problématiques attachées au déroulement des opérations et les spécificités du milieu militaire et de son droit pénal. Ils sont accompagnés par des officiers supérieurs : signe que les armées souhaitent se familiariser avec un environnement judiciaire souvent méconnu. Au cours de ces 4 jours de formation, les stagiaires civils et militaires découvrent également d’autres sites opérationnels, rencontrent les responsables des états-majors et s’informent sur l’encadrement juridique des opérations. Ce stage traduit donc bien la volonté du ministère de la Défense de poursuivre une politique de transparence et de coopération avec les acteurs de la justice. Il s'inscrit également dans le cadre d’une plus grande spécialisation de la justice militaire.
Cette démarche particulière pourrait être élargie à d'autres domaines afin de rénover le lien armée-nation (comme nous l'abordions dans le post consacré à la "guerre éclair") ou soutenir la collaboration  civilo-militaire dans le cadre des missons dites "d'approche globale", en particulier dans les contextes de stabilistaion ou de contre-insurrection (complémentarité des compétences, apports culturels mutuels, ....). 

mercredi 6 juin 2012

68ème anniversaire du débarquement de Normandie.


Je ne pouvais ne pas évoquer cette journée du 6 juin, date anniversaire du débarquement en Normandie de 1944, campagne si riche en enseignements stratégiques, opératifs et tactiques. Hommage donc à ces illustres chefs mais aussi à ces soldats, pilotes et marins alliés ou français qui écrivirent, parfois jusqu'au sacrifice ultime, une page inédite de l'histoire militaire du XXème siècle. Une belle occasion donc de revoir quelques films classiques comme le "Jour le plus long" de Darryl F. Zanuck et Gerd Oswald mais aussi de parcourir les pages d'ouvrages de référence comme celui d'Anthony Beevor dont nous faisions la synthèse il ya quelques mois sur votre blog "L"echo du champ de bataille" :  http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr/2011/11/nouvelle-proposition-de-lecture-et.html#more

mardi 5 juin 2012

Les Gurkhas : des étrangers au service de sa Majesté.


Alors que la France, dans le cadre de la « décristallisation des pensions »[1], a renoué avec son passé militaire colonial pour rendre hommage à ces combattants venus d’Afrique ou d’Indochine pour servir la France au XIXème ou au XXème  siècle sur de nombreux théâtres d’opérations, le Royaume-Uni est aujourd’hui confronté au mécontentement de ses Gurkhas népalais. Ces derniers ont en effet attaqué l’Etat britannique devant la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) pour réclamer le même traitement que les autres soldats de sa Majesté tant en termes de rémunération que de pensions de retraite. Cette action juridique nous donne ainsi l’opportunité de revenir sur ces combattants venus d’Asie afin de mieux connaître leurs spécificités mais aussi, pour évoquer leurs engagements dans l’histoire militaire de leur pays d'adoption.


lundi 4 juin 2012

Mise à jour des rubriques : les liens entre la stratégie et l'histoire.



Cette semaine, dans vos les rubriques "Mémoire et évènements" et "A lire" de votre blog, nous vous proposons de réfléchir sur les liens entre stratégie et recherche historique et ce, avec un lien vers le site du colloque de l'IRSEM des 6 et 7 juin 2012 consacré à la pensée stratégique et à ses liens avec l'histoire, débats prometteurs qui tendront à démontrer la place nouvelle des historiens (ainsi que de leur regard critique) dans le débat stratégique animé, aujourd'hui, par les nombreuses autres sciences sociales. Dans un autre registre, nous vous invitons à feuilleter l'ouvrage de John Prados sur la guerre du Vietnam. L'auteur y met en exergue la part du passé et de l'héritage géopolitique dans la montée en puissance, la conduite et enfin l'issue du conflit vietnamien mené par les Etats-Unis entre 1965 et 1975. On observe, à la lecture de ce livre, que les opérations, de leur conception à leur execution, sont tributaires des choix politiques, des influences internationales ou sociales ainsi que des perceptions (erronées, biaisées ou réalistes) des gouvernants, des médias, des militaires ou des citoyens. Cet ouvrage revient donc sur ce laboratoire de la pensée stratégique, opérative et tactique qu'a constitué la guerre du Vietnam dont les enseignements demeurent, pour certains d'entre eux, d'une incroyable actualité dans l'analyse des expéditions militaires contemporaines et futures. Bonne lecture...