Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mercredi 27 février 2013

Général Percin, 1914 : quand un militaire expliquait la guerre à ses contemporains.


Alors qu’actuellement, de nombreuses voix réclament un renouveau du lien armée-Nation, arguant du fait que les Français se désintéressent des questions militaires et que le service national a été suspendu, l’étude des écrits du passé nous révèle, une fois de plus, qu’il a toujours fallu expliciter la guerre aux citoyens. Ainsi, en relisant un ouvrage du général Percin rédigé en 1914, à la veille du premier conflit mondial, intitulé « Le combat » (voir la rubrique « A lire »), on découvre un officier soucieux de rendre abordable au monde civil les fondements et spécificités du métier des armes, les raisons de l’investissement de l’Etat dans son armée, tout comme les procédés tactiques du moment.

dimanche 24 février 2013

Petites guerres et contre-insurrection : perspectives historiques (fin).

La décolonisation, la subversion et la guerre révolutionnaire.
 
Après 1945, du fait des ambitions indépendantistes des colonies européennes mais aussi des influences des idéologies de la Guerre Froide, plusieurs penseurs comme Mao (Chine), Fidel Castro (Cuba), Ché Guevara (Amérique du sud), Hô Chi Minh (Vietnam) et Marcelino Dos Santos (Mozambique), Chin Peng (Malaisie) ou Ahmed Ben Bella (Algérie) théorisent ou développent, avec leurs spécificités propres, une doctrine de guerre révolutionnaire, de subversion et de libération nationale. Si les applications concrètes diffèrent parfois d’un pays à l’autre, les fondements sont souvent les mêmes dans la mise en œuvre de l’insurrection. Ainsi, cette stratégie indirecte, très bien décrite par le général Beaufre dans son ouvrage « Introduction à la stratégie » se met en place face aux grandes puissances de l’époque. On y retrouve, à chaque fois, l'instauration d’une organisation clandestine, celle d’une administration parallèle, une rébellion armée qui agit, de surcroît, au sein de la population, pratique la terreur, la subversion (propagande, noyautage, recrutement) et frappe à partir de ses sanctuaires (souvent derrière une frontière ou dans un relief difficile d’accès), bases protégées qui s’élargissent avec le temps.


mercredi 20 février 2013

Il y a 97 ans débutait la bataille de Verdun...

Avant de conclure, dans un prochain post, notre étude de la contre-insurrection et de la petite guerre, j'ai souhaité vous proposer une étape historique liée à l'actualité. En effet, demain 21 février marquera le 97ème anniversaire de la bataille de Verdun. Celle-ci représente encore un symbole dans l'histoire militaire française du fait de sa violence, de sa durée mais également de ses enseignements. Nous l'avions déjà abordée lors d'un article précédent et ce, en évoquant le sacrifice et la force morale dont avaient fait preuve les chasseurs du lieutenant-colonel Driant au Bois des Caures au début des combats.
Revenons donc quelques instants sur ce mois de février 1916. Le général et chef d'état-major allemand von Falkenhayn veut saigner à blanc l'armée française à Verdun, secteur faiblement tenu par la France (malgré de nombreux ouvrages fortifiés construits par Séré des Rivières) mais représentant un saillant dans la ligne de front, un noeud routier et ferré. Pour cela, Berlin regroupe en secret 20 divisions (72 bataillons d'infanterie) et plus de 1 200 pièces d'artillerie (particulièrement des pièces lourdes). Les chefs allemands masquent l'arrivée des renforts en les cachant dans des abris souterrains et préparent de grands stocks de munitions pour appliquer la doctrine du "Trommel feuer", une pluie d'obus continue sur le champ de bataille, en lieu et plce des salves mises en oeuvre jusque là.

dimanche 17 février 2013

Petites guerres et contre-insurrection : perspectives historiques (4).


La période coloniale du XIVème  siècle et de la première partie du XXème siècle.


A l’été 1830, l’armée française du général de Bourmont s’empare d’Alger et voit se former, face à elle, la résistance de divers groupuscules soutenus par des religieux locaux qui appellent, dès le 26 juillet, la population au « Jihad » contre l’envahisseur. En 1832, ces insurgés s’organisent avec, d’un côté le Bey du Constantinois, et de l’autre un marabout mystique qui se fait nommer émir par des tribus du Mascara, Abdel Kader. Ce dernier négocie d’abord avec les chefs militaires français mais l’accroissement de son pouvoir ainsi que le soutien de puissances européennes (Prusse) en font rapidement un adversaire dangereux pour l’expansion coloniale française. A ce titre, il fait l’objet de campagnes militaires et de raids (dont la saisie de sa « Smala » assurant la logistique de ses combattants) d’autant qu’il tend, en 1835, une embuscade sanglante contre un détachement français du général Trezel au milieu des marais proches de la rivière Macta. Traqué, il faudra l’intervention successive des généraux Bugeaud et Sillègue tout comme le déploiement de près de 100 000 hommes pour défaire la guérilla d’Adbel Kader et ce, afin que celui-ci finisse par se rendre au duc d’Aumale en 1847.


mercredi 13 février 2013

Chronique instantanée.

Avant de poursuivre notre série d'articles traitant de la contre-insurrection et de la "Petite guerre", quelques lignes pour vous faire part de l'actualité de votre blog, comme d'ailleurs d'une nouveauté littéraire propre à enrichir votre pensée stratégique et historique.
Tout d'abord "L'écho du champ de bataille" a l'honneur d'avoir été invité à rejoindre "l'Alliance géostratégique" et les nombreux blogs qui la composent et ce, tant dans les domaines du renseignement, de la géopolitique, de l'histoire militaire ou des sujets en lien avec les questions de défense. Je vais donc maintenant contribuer avec mes articles à la réflexion initiée par les membres de l'Alliance tout en apportant un nouveau point de vue. Je partagerai avec vous et avec eux nombre d'idées et de thèmes d'étude voire d'analyses dans les domaines tactiques, opératifs ou stratgiques. Merci de votre fidélité et merci à l'Alliance pour sa confiance.
Autre évènement, la sortie dans les librairies du livre de Yann COUDERC "Sun Tzu en France" aux éditions Nuvis. Ce jeune auteur, militaire de l'armée de terre, breveté de l'Ecole de guerre, dont j'avais déjà publié quelques posts sur votre blog, nous livre cette semaine une étude de l'art de la guerre dans sa perspective historique et son influence dans la pensée stratégique. Loin d'un travail de sinologue sur une nouvelle traduction des idéogrammes ou de l'oeuvre chinoise bien connue, l'auteur a mené un remarquable travail de recherche depuis la première version du Père Amiot en 1772 jusqu'aux versions et adaptations les plus contemporaines des principes de la guerre et ce, dans les domaines économiques, politiques ou sociologiques. Au travers de nombreux supports et illustrations, il démontre que les différentes traductions transforment parfois les préceptes et leur sens profond, les rendant, tour à tour, simplistes, confus ou tout simplement, d'un pragmatisme étonnant.
Il éclaire également le lecteur sur la connaissance ou la mise en application de l'ouvrage du général chinois par les grands chefs militaires de l'histoire, de Napoléon au général De Gaulle en passant par Mao mais aussi par certaines guérillas comme les FARC de Colombie. En bref, un livre à ne pas manquer pour revenir aux fondamentaux de Sun Tzu. Bonne lecture...

lundi 11 février 2013

Petites guerres et contre-insurrection : perspectives historiques (3).

Voici donc la troisième partie de notre étude sur les formes d'insurrection et les tactiques utilisées par les combattants irréguliers comme par les armées qui, tout au long de l'histoire militaire, ont cherché à lutter contre ce type de conflictualité.
Hassan Ibn Saba, appelé également le « vieux de la montagne », crée, entre la fin du XIème et le début du XIIème siècle, la secte des Hashshashin dans sa forteresse d’Alamut en Perse et ce, pour lutter contre l’empire Seldjoukide.
Ses assassins ismaéliens comme ses guerriers fanatisés sèment la terreur dans le territoire impérial turc faisant de Ibn Saba un acteur majeur de la région. Malgré les expéditions militaires lancées contre lui, il résiste et oblige les monarques régionaux à négocier avec lui. Les assauts lancés par des armées conventionnelles sont toutes des échecs du fait de l'aura du chef insurgé, de son recrutement (au sein des populations chiites mises au banc de la société turque sunnite), de son influence politique (il a des contacts avec le roi de France), comme des forteresses (zones refuge) qu’il contrôle ou de sa logistique auto-suffisante.

mardi 5 février 2013

Petites guerres et contre-insurrection : perspectives historiques (2).


Nous continuons notre voyage dans l'histoire militaire sur les traces de la "petite guerre" et de la contre-insurrection.

2- Penseurs et praticiens de la petite guerre ou de la contre-insurrection.

La période antique

Dès l’Antiquité grecque, malgré le fait que, moralement, seul le combat conventionnel est approuvé ou honorable, des villes comme Sparte ou Thèbes (IVème et Vème siècle avant JC) doivent mener des guerres irrégulières faites d’actions de guérilla, de harcèlement, d’embuscades ou de raids « éclair » et ce, à partir de la mer, ou des zones montagneuses, pour fragiliser les lignes de communication ou le commerce de leurs adversaires. L'usage de ces stratagèmes est toléré dans la mseure où il finit toujours par une bataille rangée et où il respecte certaines règles (les Cités ne sont pas détruites, les sites religieux préservés). Certains peuples, réduits à l’esclavage comme les Hilotes, se rebellent contre leurs maîtres par des soulèvements massifs qui sont souvent réprimés dans le sang dès que les phalanges régulières sont engagées, en ville comme en rase campagne, pour briser la révolte.