Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

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vendredi 25 mai 2012

« Guerre éclair » : du mythe d’hier à la nécessité d’aujourd’hui.


De tout temps la « guerre éclair », ce choc brutal et décisif, cette percée foudroyante, l’encerclement ou la destruction totale de l’adversaire, a été le rêve, voire le cauchemar, des grands chefs militaires soucieux de préserver la vie de leurs hommes ou, plus cyniquement, de faire valoir leur génie tactique aussi bien que leur vision stratégique.
De la même façon, les sociétés, comme les Etats, ont toujours exercé une pression plus ou moins forte sur leurs soldats afin que les conflits soient les plus courts possibles tant ils sont meurtriers mais également perturbateurs des équilibres politico-économiques du moment.
Néanmoins, malgré la mise en œuvre d’idées et de concepts novateurs, souvent appuyés par des innovations techniques ou tactiques, aucune armée n’a su théoriser parfaitement une « guerre éclair » de nature à contraindre l’ennemi, à coup sûr, en une ou un petit nombre de batailles décisives.
Pourtant, les évolutions des contextes d’engagement ainsi que les menaces contemporaines nous portent à considérer l’impérieuse nécessité de développer une doctrine permettant d’atteindre les conditions d’une victoire rapide, légitime, durable et acceptable par l’opinion publique comme au regard des contraintes juridiques défendues par les instances internationales.
Dans ce cadre, nous verrons dans un premier temps quelles ont été les tentatives d’élaboration d’une formule de « guerre éclair » dans l’histoire militaire (de l’Antiquité à la « Blitzkrieg allemande ») puis nous nous attacherons à développer les études de ce concept par l’école opérative soviétique des années 1970-1980 avant de proposer quelques pistes de réflexion pour une application aux guerres de demain.



jeudi 12 janvier 2012

COIN et guerre au milieu des populations, une solution américaine : la « Green cell ».


Alors que l’on prête souvent à l’armée américaine une faible appétence pour la prise en compte du facteur culturel en opérations, le corps des Marines a pourtant mis en place, depuis 2009, une cellule ad hoc pour ses états-majors de niveau opératif. Cette initiative s’inscrit dans la volonté d’être plus efficace dans la planification des opérations dans les phases de COIN[1] ou de stabilisation. Cette évolution a été précédée par une réflexion menée par des officiers des Marines ainsi que par des chercheurs, membres du corps enseignant de l’USMC Command and Staff College[2] de Quantico, débouchant sur la publication d’un ouvrage (« Operational Culture for the Warfighter » de B.A.Salmoni et P.Holmes-Eber) que nous vous proposons dans la rubrique « A lire… » de notre blog.
Ce travail démontre l’ampleur du retour d’expérience et des leçons tirés des interventions en Irak et en Afghanistan ainsi que la prise de conscience du rôle majeur de la population dans les conflits de ce début de XXIe siècle.
Aussi s’agira-t-il en quelques lignes de comprendre cette démarche opérationnelle ainsi que sa plus-value dans la conduite de l’action.

mardi 27 décembre 2011

Histoire bataille et mise à jour des rubriques du blog : adapter les armées à la menace asymétrique.


Poursuivant notre série de posts sur les problématiques liées aux conflits asymétriques, nous mettons à jour les rubriques « Paroles de chef » et « Batailles et enseignements » de votre blog. La citation proposée est issue d’un retour d’expérience de l’Armée rouge après son retrait d’Afghanistan en 1989. Elle démontre, s’il en était encore besoin, que les armées modernes, ne sont pas toujours préparées d’emblée à mener des opérations de contre-insurrection face à des combattants qui ne respectent pas toujours les canons stratégiques, tactiques voire éthiques des forces conventionnelles. Dès lors, il y a nécessité de s’adapter tant par l’équipement que par les modes d’action ou les manœuvres choisis. Quant à la bataille présentée, l’embuscade de la forêt de Teutoburg, elle illustre parfaitement l’échec d’une doctrine romaine éprouvée mais prévisible (pourtant victorieuse face à d’autres adversaires) face à une rébellion germaine maîtrisant le terrain, prenant l’initiative de l’engagement et faisant preuve d’une mobilité supérieure.


Ces deux réflexions et constats, pourtant séparés par presque 2000 ans d’histoire, me font dire qu’il est possible de mettre en exergue des enseignements pérennes. Ces derniers sont néanmoins souvent oubliés après des conflits conventionnels ou de longues périodes de paix mais aussi des phases de domination stratégique par des armées considérées comme les plus puissantes du moment.

Aussi est-il intéressant de rappeler qu’après les légions romaines bousculées par les invasions barbares, les Huns si redoutés sont vaincus aux champs Catalauniques, les troupes anglaises longtemps tenues en échec par les révoltes écossaises, Napoléon surpris par la guérilla espagnole, l’Empire britannique blessé par la pugnacité des peuples zoulou ou afghan, les Français peinant à soumettre Abd el Krim au Maroc et enfin les Américains épuisés par le Viêt-Cong en Asie du sud-est. Autant d’exemples historiques marquant les difficultés rencontrées par une force régulière face à des insurrections aux multiples visages, dans des milieux géographiques ou culturels différents, des contextes stratégiques variés et avec des armements en perpétuelle évolution.

Aujourd’hui, après les débats doctrinaires et les écrits produits en réaction aux engagements afghans et irakiens, sans compter le retour aux leçons, plus ou moins dévoyées, des conflits indochinois ou algériens, il m’apparaît nécessaire de trouver quelques lignes directrices pour préparer les guerres de demain qui seront peut être des conflits asymétriques (encore que cette affirmation reste sujette à caution).

Bien sûr, ces propositions ne sont en rien d’exhaustives et attendent d’être enrichies par vos commentaires. Pour préserver la faculté d’adaptation de nos armées, face à ce que l’on nomme les surprises stratégiques ou les menaces potentielle de demain, il faut, selon moi, combattre les partisans du tout technologique (drones, capteurs, armement en stand off, numérisation à outrance,…) qui estiment pouvoir remplacer les effectifs sur le terrain par une maîtrise de l’information ou un armement supérieur. Certes, ce progrès technique apporte une réelle plus-value aux unités déployées pour éclaircir le brouillard de la guerre ou limiter l’action des frictions sur la manœuvre, mais elles ne peuvent remplacer l’initiative du combattant ou du chef, le coup de génie, la surprise tactique voire l’opportunité saisie face au terrain et aux circonstances. Pour réussir cela, l’effort doit être porté sur la formation des cadres et l’entraînement du combattant et ce, en prenant appui sur la pratique de la planification, l’art opératif, les principes tactiques, l’histoire militaire ou la prospective stratégique. Aussi, faut-il s’opposer à la tendance qui semble s’imposer, à savoir le remplacement de l’enseignement des RI[1], de la manœuvre[2] et de l’histoire militaire (par l’intermédiaire de staff ride[3], d’études tactico-historiques, de connaissances sur de grands penseurs,…) par l’étude privilégiée des problématiques organiques (financières, managériales, techniques,…) qui s’inscrivent dans un contexte économique difficile et une transformation profonde (et nécessaire) des outils militaires occidentaux. Mais, cette nécessaire gestion budgétaire et organisationnelle ne suffira pas à gagner les guerres ou à remplir les objectifs sur des théâtres futurs.

En effet, l’apprentissage des méthodes de planification ou de réflexion opérationnelles est incontournable et ne prend son sens que s’il est enrichi au travers l’étude dess situations antérieures (dont on a tiré un retour d’expérience) mais aussi grâce à la réflexion sur les contextes d’engagement à venir dont il faut maîtriser les enjeux (à l’instar des opérations récentes en Libye, des menaces de type AQMI,…). Concernant l’entraînement, l’effort doit être maintenu malgré les retraits progressifs de certains théâtres afin de faire évoluer l’équipement, la doctrine, l’intégration interarmes et interarmées, l’aguerrissement de troupes professionnelles. Celles-ci doivent impérativement conduire l’instruction sur le terrain et non pas uniquement par le biais de la simulation (comme certaines armées occidentales l’envisage pour faire des économies financières et favoriser le recrutement à l’horizon 2030).

Le challenge est de taille si l’on veut éviter de connaître le destin des forces françaises décrit par Marc Bloch dans son «étrange défaite » ou subir un complexe de supériorité aveuglant qui favorisera l’ennemi de demain et nous privera de l’initiative pour vaincre. J’attends vos réactions.



[1] Relations internationales.
[2] Tactique ou opérative.
[3] Etude de batailles sur le terrain.