Comme nous l'avons vu sous le regard de Robert Leckie, les premières semaines, voire même les premiers mois du conflit coréen sont d'une grande richesse en termes d'enseignements tactiques. Ainsi, après les difficiles manœuvres de freinage engagées après l'offensive nord-coréenne, les troupes américaines ont permis aux divisions ROK de se réorganiser au sein de la très fragile poche de Pusan. Face au rideau US de plus en plus dense sur cette ligne de défense, les troupes de Pyong Yang se sont épuisées et ont vu leur capacité de combat largement réduite. Mac Arthur décide alors de planifier une opération amphibie d'envergure dans la région d'Inchon considérant, comme il le dit lui-même : "l'histoire militaire démontre que neuf fois sur dix les armées sont détruites quand leurs lignes de ravitaillement sont coupées. Toutes les munitions de l'ennemi, comme tout son matériel, passent par Séoul."

Bienvenue sur l'écho du champ de bataille
« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…
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dimanche 6 novembre 2016
samedi 15 février 2014
Centre, périphérie et frontières en Chine : une approche géopolitique singulière.
Toujours en lien avec notre étude de la pensée stratégique, opérative ou tactique en fonction des cultures mais aussi de l'histoire géopolitique de diverses pays, Philippe GENNEQUIN contribue une seconde fois au débat avec un article consacré à la Chine. Une fois de plus, c'est avec plaisir que nous l'accueillons sur "L'écho du champ de bataille" et que nous le remercions pour la qualité de sa réflexion.
Etat-monde, Etat-civilisation, la Chine
mérite ces deux qualificatifs, du fait de l’ancienneté de sa culture, de
l’immensité de son territoire et du poids de sa population. Dans le contexte
confucéen de respect de l’ordre social, il est donc compréhensible que la Chine applique à l’ordre
international, ce qu’elle imagine conforme à l’ordre naturel. D’après l’ancien
paradigme impérial, qui oppose civilisation et barbarie, la Chine élabore un système,
dont elle est le centre, littéralement l’ « Empire du milieu ».[1]
A cette époque, elle modélise le système international par des représentations
géométriques. Le « cercle » fermé du monde chinois, s’inscrit dans le
« carré » du ciel. Au fur et à mesure de son développement, et au
contact souvent violent avec d’autres peuples (Huns, Qiang, Rong), elle élabore
une représentation plus raffinée, articulée en cercles concentriques. Ces
cercles dessinent des zones d’influence dont l’intensité est forte au cœur de
l’empire, et faible à la périphérie. Autour de la Chine se dresse ainsi le
cercle des confins, territoires sous administration impériale, mais faiblement
peuplés par les colons Han
(Xinjiang). Puis se dessine le cercle des vassaux, qui paient tribut et gardent
le glacis défensif (royaume tibétain). Enfin, le cercle des barbares représente
le reste du monde dont l’empire veut s’isoler (Transoxiane).[2]
dimanche 26 janvier 2014
De la pensée stratégique chinoise.
Pour réfléchir sur la pensée stratégique chinoise et traverser les frontières vers l'Asie, nous avons le plaisir d'accueillir sur notre blog Philippe Gennequin , spécialiste de la question, officier de l'armée de terre et diplômé du "Command and General Staff College" américain (équivalent de l'Ecole de guerre pour l'armée de terre des Etats-Unis). Nous le remercions de cette généreuse contribution.
Fruit
d’une tradition millénaire, la pensée stratégique chinoise s’appuie sur une
structure étatique pluriséculaire et une militarisation ancienne de la société,
qui ont influencé son développement. Au cours de l’époque archaïque (du XVème
siècle au Vème siècle avant Jésus Christ), les seigneurs Tcheou se livrent bataille pour des raisons foncières et s’appuient
sur un code proche de la chevalerie. Dans ces luttes de prestige, l’habileté
guerrière et la courtoisie sont des vertus cardinales. Mais la généralisation
de la guerre et l’unification progressive des royaumes de Chine centrale font
évoluer le combat individuel vers le combat de masse, et transforment la
recherche d’influence en une lutte pour la domination. Peu à peu, une
bureaucratie puissante, prélude au mandarinat, se met en place. Le paysan est
désormais tout autant un soldat qu’un contribuable. La levée de l’impôt permet
la constitution et l’entretien d’armées permanentes ou semi-permanentes. Une
telle évolution fait bien évidemment penser à la féodalité européenne, et à la
constitution des monarchies absolues, qui fourniront le cadre de l’Etat-nation.
lundi 4 mars 2013
Le « Joint operational access concept » (JOAC), réalité opérative ou coup de bluff face au risque chinois d’A2AD ?
Je vous propose un article que j'ai fait paraître il ya quelques jours sur le blog de l'Alliance géostratégique, communauté à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir depuis quelques semaines maintenant.
Alors que les tensions en Mer de Chine
ne cessent de retrouver de la vigueur et que la République populaire de Chine
met en avant ses efforts militaires et le développement d’une marine de guerre
de haute mer avec des ambitions (avérées ou non) de moyens aéronavals, le Japon
semble, quant à lui, se tourner vers les Etats-Unis et leur nouvelle pensée
opérative de JOAC. Cette réflexion présentée en 2011 par le secrétaire à la
Défense américain Léon Paonetta doit devenir la parade des stratégies
d’« Anti-Accès » et d’« Air Denial (A2AD) » mis en œuvre
par des pays qui cherchent à esquiver la puissance militaire et technologique
américaine en cas de conflit ouvert.
En première approche, c’est davantage
l’effet d’annonce qui a semble-t-il primé à Washington alors que la conjoncture
économique pèse sur les budgets militaires, que les Etats-Unis cherchent à
désengager leurs troupes de champs de bataille complexes et que les opinions
publiques sont réticentes à voir mourir leurs soldats loin des frontières
nationales. Les responsables de la Défense ont peut-être cherché à renouer avec
le succès psychologique et tactique de l «Air Land Battle » qui devait,
dans les années 1980, sonner le glas de la supériorité conventionnelle
soviétique en Europe.
mercredi 1 août 2012
Nouvelle thématique : le combat en zone urbaine.
Afin d'introduire de nouvelles réflexions et articles sur le combat en zone urbaine, je vous propose la mise à jour de vos rubriques "A lire" et "Paroles de chef". Tout d'abord avec un ouvrage d'Alexander Werth : "La Russie en guerre : de Stalingrad à Berlin". L'auteur, grand reporter d'origine russe, fut en effet le premier occidental à pénétrer en URSS en plein conflit. Il apporte un regard complémentaire à celui de l'historien et témoigne de la manière dont furent préparées, conduites, réfléchies les grandes opérations de l'Armée Rouge entre 1943 et 1945 face à un adversaire allemand opiniâtre, en particulier dans le milieu complexe que constituent les cités ravagées par la bataille. En outre, je cite le général Carnot qui connaît bien la guerre de siège et rappelle que la tactique et la force morale sont deux éléments majeurs du combat en ZURB (zone urbaine) : "Une ville forte n'est à proprement parler qu'une grande batterie : si
cette batterie est sans canons, ou si ces canons sont sans hommes pour les
servir, ou si ces hommes sont sans substances, il ne restera plus qu'une
position heureuse qui appartiendra au premier occupant".
C'est dans ce cadre que j'aborderai avec vous, dans les jours à venir, la guerre des Boxers au début du siècle dernier, en Chine, avec un focus sur ce que l'on a appelé les "55 jours de Pékin" puis je tenterai de réaliser un historique commenté de la poliorcétique et ce, pour en dégager les évolutions majeures et les constantes à l'heure où les théâtres d'opérations modernes s'articulent autour de grandes cités. Bonne lecture.
vendredi 10 février 2012
Histoire bataille : exposition temporaire sur la Chine au Louvre.
Dans votre nouvelle rubrique "Mémoire et évènements" de "L'écho du champ de bataille" vous trouverez un lien vers le détail de l'exposition temporaire qui débute le 12 février au musée du Louvre. L’ensemble des estampes exposées représentent les batailles de l’empereur de Chine pendant sa campagne militaire menée de 1755 à 1759 en Asie centrale. Elles nous donnent l'occasion d'étudier la représentation de l'art de la guerre en Extrême-Orient à une époque où l'Europe connâit, pour sa part, la période dite "des guerres en dentelles". Pour ceux qui auront la chance de la voir, vous êtes biensûr les bienvenus pour publier vos commentaires et vos réflexions.
lundi 30 janvier 2012
Pérennité des modes d’action tactiques chinois.
Bien que peu d’informations ouvertes soient disponibles quant à l’évolution des modes d’action tactiques ou opératifs d’une armée chinoise en pleine modernisation, on observe qu’elle change ses équipements, réduit ses effectifs, transforme ses unités d’infanterie à pieds en troupes mécanisées plus mobiles et mieux protégées, tout en inscrivant son entraînement dans une dynamique interarmées (appuis air-sol, actions amphibies ou aéroportées,…)[1].
Parallèlement à ces efforts, Pékin développe des stratégies « anti-accès »[2] qui semblent négliger le déploiement de forces conventionnelles dans le cadre d’un engagement plus classique au sol. Dès lors, il paraît utile de s’interroger sur la manière dont l’APL[3] envisage de conduire, au XXIe siècle, sa manœuvre tactique, notamment terrestre, d’autant que la dernière guerre conduite face au Vietnam, en 1979[4], a révélé de lourdes carences dans ce domaine. Néanmoins, après une petite étude historique, il nous semble qu’il y ait bien une pérennité dans la conduite tactique des opérations par les militaires chinois, ce qui nous laisse penser, qu’aujourd’hui encore, l’armée de terre chinoise continue à mener sa préparation opérationnelle selon des principes constants.
Pour s’en convaincre, j’ai choisi de faire référence à 4 temps de l’histoire militaire chinoise grâce aux écrits de chercheurs ou d’acteurs en liens avec ces périodes (j’exclus néanmoins les principes particuliers de la guerre révolutionnaire menée par Mao Tse Tung et bien décrits par le général Beaufre[5]) : l’histoire chinoise ancienne[6], les combats menés par Tchang Kai-Tchek[7], les RETEX[8] du bataillon français de l’ONU en Corée de 1950 à 1953[9] et les études américaines pendant la guerre froide.[10]
Nous verrons donc que la tactique chinoise s’appuie sur des principes anciens et qu’elle se construit particulièrement au rythme de l’offensive et de trois procédés fondamentaux.
lundi 16 janvier 2012
Les stratégies « anti-accès » : nouvelle menace pour les corps expéditionnaires…
Alors que l’Iran menace d’interdire l’accès au détroit d’Ormuz en représailles aux menaces de sanctions de la communauté internationale, il convient de s’interroger à nouveau sur le concept, peu connu en France, d’Area Denial / Anti-Access strategy[1], notion prise très au sérieux par les cercles de réflexion anglo-saxons depuis le début des années 2000.
En effet, un certain nombre d’Etats, parmi lesquels la Chine , l’Iran ou encore la Corée du Nord, conscients de leur infériorité technologique et militaire face aux armées occidentales, cherchent à mettre en place des stratégies pour contrecarrer l’action terrestre, navale et aérienne de corps expéditionnaires et ce, dans le cadre de conflits limités sur des théâtres d’opération éloignés.
Après avoir compris que le recours à la guerre asymétrique était le premier talon d’Achille de puissances militaires comme les Etats-Unis, il est apparu à certains gouvernements que la mise en œuvre de moyens « anti-accès » pouvait devenir une arme de dissuasion conventionnelle pleine de promesses.
Il s’agira donc de faire le bilan de cet outil stratégique en devenir et de réfléchir aux meilleurs moyens pour des pays comme la France ou les Etats-Unis de s’en prémunir.
lundi 21 novembre 2011
Sun Tzu : pourquoi les Chinois travestissent-ils l'Histoire ?
Aujourd'hui, nous vous proposons un nouvel article de Yann Couderc, notre spécialiste de Sun Tzu afin de lever le voile sur les efforts chinois pour modifier la date de naissance du père de la stratégie. Merci pour sa contribution à "L'echo du champ de bataille" et bonne lecture.
Il est extrêmement rare de trouver un texte chinois faisant vivre Sun Tzu à une autre période que celle dite des "Printemps et des Automnes", c’est-à-dire entre 722 et 476 av. J.-C. Ces dates correspondent en effet à celles données dans un classique chinois, "Les mémoires historiques", datant de la fin du Ier siècle av. J.-C. Selon Sima Qian, son auteur, Sun Tzu aurait été un contemporain de Confucius et aurait fait cadeau en 512 av. J.-C. de son traité au roi. Ce dernier, inspiré par cet enseignement, aurait alors réussi à s'emparer des territoires voisins. Or la plupart des historiens s’accordent pour reconnaître que "L’art de la guerre" ne peut avoir été écrit à cette époque, mais plutôt durant la suivante, dite des "Royaumes combattants" (entre -476 et -221), et plus exactement durant la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C.
Il est extrêmement rare de trouver un texte chinois faisant vivre Sun Tzu à une autre période que celle dite des "Printemps et des Automnes", c’est-à-dire entre 722 et 476 av. J.-C. Ces dates correspondent en effet à celles données dans un classique chinois, "Les mémoires historiques", datant de la fin du Ier siècle av. J.-C. Selon Sima Qian, son auteur, Sun Tzu aurait été un contemporain de Confucius et aurait fait cadeau en 512 av. J.-C. de son traité au roi. Ce dernier, inspiré par cet enseignement, aurait alors réussi à s'emparer des territoires voisins. Or la plupart des historiens s’accordent pour reconnaître que "L’art de la guerre" ne peut avoir été écrit à cette époque, mais plutôt durant la suivante, dite des "Royaumes combattants" (entre -476 et -221), et plus exactement durant la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C.
Pourquoi alors, si les experts ont prouvé cette datation[1], tant d’ouvrages chinois continuent-ils de se référer à la chronologie fantaisiste de Sima Qian ?
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