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« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mercredi 12 mars 2014

Tactique générale : regard d’entre-deux-guerres du général Altmayer (1/3).




En 1936, le général René Altmayer rédige de longues et très complètes « Etudes de tactique générale » à un moment où il pressent le retour à un conflit majeur avec l’Allemagne qui réarme et développe sa propre doctrine. Riche de son expérience de la première guerre mondiale, mais surtout d’une réflexion personnelle sur les grands principes qui ont émergé dans l’histoire militaire, il brosse avec  exhaustivité les grands domaines tactico-opératifs que sont l’organisation des unités, les déploiements, la concentration des efforts, la recherche du renseignement, l’action offensive, la défensive (statique et mobile) ainsi que l’influence des progrès techniques dans l’art ou la science de la guerre à l’image des développements liés aux blindés, aux avions voire aux gaz de combat.
Néanmoins, son propos perd parfois de son objectivité quand il croit pouvoir faire coïncider des principes pérennes avec la doctrine militaire française de l’entre-deux-guerres. En revanche, il analyse finement le travail doctrinal allemand et ses progrès, menace qu’il prend très au sérieux et qui apparaît parfois comme une vision prophétique de la défaite de 1940.
Aussi, verrons-nous dans un premier temps les procédés défendus par le général Altmayer comme ayant une portée universelle avant d’analyser les éléments qui, avec le recul, précèdent ou expliquent l’échec de la campagne de France 4 ans plus tard.

 
De la tactique générale :
 
Malgré quelques digressions vers le niveau stratégique, le général Altmayer concentre son propos sur les niveaux du corps d’armée et de la division, estimant que c’est sur ces échelons que se jouent la complémentarité des moyens et l’aptitude du chef à basculer son effort et à bâtir une manœuvre d’envergure. L’état-major d’une grande unité joue un rôle central dans la réussite de la mission, en particulier dans la circulation ou le partage de l’information mais aussi dans l’acceptation d’une certaine subsidiarité technique par les échelons subordonnés qui converge in fine vers l’effet majeur du chef. Pour lui : « l’intimité intellectuelle et morale qui doit exister entre le commandement ou l’EM de la division d’une part et le commandement des troupes d’autre part s’impose avec la même rigueur à l’égard des services. ». Mais cette direction unique adoptée de tous dans la manœuvre ne doit pas aller à l’encontre des prescriptions du maréchal Foch qui répétait « que ce n’est pas l’obéissance passive des forces linéaires des siècles derniers » et plutôt « une discipline intellectuelle, montrant à tous les esprits le même résultat à obtenir, une discipline intelligente et active, recherchant la liberté d’agir dans le sens voulu. Là doit se placer la notion supérieure de l’esprit militaire qui fait appel au caractère bien entendu mais aussi, comme le dit le mot, à l’esprit et comporte par suite un acte de pensée, de la réflexion et non l’immobilité de l’esprit ou l’absence de pensée, le silence du rang… ».
Il détaille ensuite les 4 éléments de la décision qui doivent permettre l’application du bon mode d’action à savoir la mission, le terrain, les moyens et l’ennemi. Le plan doit être donc préparé avec soin même s’il faut savoir, sans tout remettre en cause, tenir compte des évènements. Quant au dispositif choisi, il doit suivre le principe de convergence des efforts et de l’économie considérant que « l’inégale répartition de forces sur le champ de bataille, en défensive comme en offensive est le fond même de la manœuvre ». La sûreté suit le propos tout au long de l’étude car elle donne au chef la liberté d’action nécessaire. Elle repose d’ailleurs sur le renseignement et sur ce que le général appelle la sûreté éloignée à terre.
 
A suivre…


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