Comme nous le faisons régulièrement, nous vous proposons une fiche bataille riche en enseignements et propre à ouvrir le débat sur l'évolution ou la continuité des modes d'action comme des principes tactiques. Cette semaine, il s'agit d'un des combats majeurs de la guerre de Corée, la bataille de Chipyong-Ni le 13 février 1951 à hauteur du 38ème parrallèle. Le bataillon de Corée français, dont nous avons déjà parlé, participe à cet engagement meutrier aux côtés des Américains.
Forces en présence :
Armée chinoise et forces nord-coréennes : 39ème DI : cette division fut renforcée par 3 autres.
Forces de l'ONU : 23ème RI US : 3 bataillons d’infanterie US, le bataillon français, une compagnie de
char, le 37ème bataillon d’artillerie.
Contexte général :
Prétextant une incursion
sud-coréenne au nord du 38ème parallèle, sûr de la supériorité de son armée
populaire, Kim Il Sung décide d’envahir la partie sud de la péninsule. Le
conflit se déroule en 4 phases :
-De mai à septembre
1950 : l’offensive nord-coréenne est victorieuse jusqu’à la « poche
de Pusan» à l’extrémité sud de la Corée.
-De septembre à
novembre 1950 : les forces alliées réunies autour des Américains sous la
bannière des Nations Unies débarquent en masse à Inchon et reprennent le
terrain perdu en contre attaquant jusqu’au nord du 38ème parallèle.
-De décembre 1950
à février 1951 : l’intervention massive de combattants
« volontaires » chinois repousse les forces alliées sur le 38ème
parallèle.
-De mars 1951 à la
signature de l’armistice le 27 juillet 1953 : la contre attaque chinoise
est stoppée sur le 38ème parallèle et le conflit se stabilise au grès des
négociations.
La bataille de Chipyong-Ni s’inscrit dans le cadre du repli défensif des
forces alliées vers le 38ème parallèle sous l’effet de la contre attaque chinoise.
C’est la bataille qui symbolise la tactique défensive mise en place par le
nouveau général en chef, le général américain Ridgway, la tactiqyue de « l’abcès de fixation ».
Déroulement de la bataille :
Temps 1 :
préparation du périmètre défensif et patrouilles.
Le 23ème RI reçoit la mission de défendre un périmètre défensif fermé autour de la localité de
Chipyong-Ni. Il s’agit pour les alliés de tenir le plus longtemps
possible cet important nœud routier dans un fond de vallée et entouré, sur un
rayon de 2 à 3 km,
de crêtes abruptes. Le climat hivernal est très rude (-35°C la nuit). Le 3 février,
le 23ème RCT (Regimental Combat Team ou RI) occupe la position et organise sa défense sur 1 km autour
de la localité, vidée de ses habitants : les 4 bataillons renforcés
d’appuis sont disposés le long du périmètre avec un front de 1000 mètres environ par bataillon.
L’organisation du terrain s’amorce et des reconnaissances sont conduites par
des patrouilles profondes sur les reliefs environnants. Le contact est établi avec
l’avant-garde chinoise et, entre le 4 et le 11 février, l’étau se resserre
autour du périmètre défensif. En fait, 4 divisions chinoises sont identifiées autour de
Chipyong-Ni et achèvent l’encerclement le 12 février.
Temps 2 :
L’attaque chinoise et la résistance franco-américaine.
L’ennemi attaque à 22
heures. Les vagues d’assaut, appuyées par une intense préparation d’artillerie
chinoise, sont brisées par les tirs directs d’arme lourde des sections
d’infanterie. L’artillerie américaine manque de recul pour appuyer les éléments
« au contact », et tente de désorganiser les concentrations ennemies
de deuxième échelon. Au matin du 14 février, les Chinois se replient. Le soir
même, à 23 heures, un second assaut est conduit. Une brèche est réalisée à la
jonction des bataillons français et américains, mais ne peut être exploitée par les forces de Pékin. A
cet instant les tirs chinois sont à portée du PC du 23ème RI, la situation est critique. Néanmoins, usés, les Chinois
s’enterrent sur place et seront progressivement réduits au cours de violents combats rapprochés
lancés par les Alliés dans la journée du 15 février.
Temps 3 : La contre
attaque alliée et le raid blindé.
Alors que le périmètre
n’est pas encore rétabli, une attaque de 2 avions Mustang, qui profitent d’une
courte fenêtre météo, permet la destruction des dernières positions chinoises
encore au contact. Les évacuations sanitaires ont lieu par hélicoptère et le
ravitaillement est assuré par
aérolargage. Dans la nuit du 16 février, des infiltrations chinoises
permettent la mise en place de points d’appui ennemi répartis en lisière de
périmètre défensif allié. A 16 heures, afin de reprendre définitivement l'initiative, un raid blindé américain de 22 chars Patton est planifié puis
conduit avec une compagnie d’infanterie en provenance du sud. Se frayant un
chemin au travers du dispositif chinois, cette attaque surprend l'ennemi et parvient à
briser l’encerclement. Elle provoque le repli en désordre des éléments chinois
au contact et signe la fin de la bataille.
Bilan :
L’armée chinoise subit à
Chipyong-Ni sa première défaite d’ampleur perdant, en 4 jours de combat, près de
10 000 hommes.
Les pertes alliées restent
concentrée sur la compagnie d’infanterie en accompagnement du raid blindé, dont
il ne reste que 7 fantassins, tous blessés.
Enseignements de la bataille :
Procédés tactiques
La tactique de l’abcès de
fixation permet aux alliées de concentrer les forces chinoises en des points où
elle pourra subir de lourdes pertes. Cette tactique est un succès et les Alliés
reprennent confiance dans leur puissance de feu.
Aguerrissement
Les conditions de combat à
Chipyong-Ni furent extrêmes, et les pertes par gelure plus importantes que
celles liées aux combats. Le combat eu lieu de nuit, souvent à très courte
distance. Comme le relève le général Monclar, commandant les éléments français, c’est la
ténacité de la troupe et la pugnacité des cadres qui ont été la condition du
succès. En guise d'exemple de cette force morale, deux légionnaires du PC du bataillon français pris sous le feu se
coiffèrent du Képi Blanc le 15 février, déclarant qu’ils « feraient
Camerone ».
Appui
L’impossibilité de
l’artillerie du 37ème bataillon d’appuyer les troupes au contact résulte d’une
mauvaise position des pièces (manque de recul) imposée par le peu de profondeur
du dispositif. L’appui aurait pu être réalisé par l’artillerie d’autres
« abcès de fixation » distants de moins de 15 km , mais cela n’a pas été
réalisé faute de moyens radio pertinents. Le manque de moyens d’appui à la
contre mobilité n’a pas permis de valoriser convenablement le périmètre
défensif (absence de barbelés, faible nombre de mines, faiblesses des moyens
d’éclairement du champ de bataille). Les positions des fantassins ont été
creusées dans le sol gelé à l’aide d’explosifs, faute de moyens individuels
performants.
SURTOUT NE JAMAIS LES OUBLIER AVEC TOUTE MON ADMIRATION
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