Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

jeudi 16 avril 2015

La bataille de la Horgne, 1940.


 

Cette semaine, votre blog se propose de revenir sur un combat de 1940, année où les batailles de l'armée françaises sont souvent caricaturées et réduites à une retraite générale, résultat d'une prostration due à ce qu'on appelle "La guerre éclair".
La bataille de la Horgne montre a contrario la combativité des forces françaises malgré des effectifs réduits et une capacité à construire une manœuvre cohérente et efficace.
 
Contexte général :
 
Le 13 mai 1940, le 19ème corps blindé du général Guderian, après avoir traversé la Belgique et le Luxembourg, attaque les français et franchit la Meuse dans la région de Sedan. Le 14 mai, tandis que la 10ème Panzer division passant à l’est de Sedan tente une action vers le sud, Guderian infléchit vers l’ouest l’axe d’attaque des 1ère et 2ème Panzer division, ouvre une brèche de 8 kilomètres entre les 2ème et 9ème armées françaises, entre Poix-Terron et Baâlons et s’apprête à foncer en direction de Rethel. Des renforcements sont attendus et on espère que les premiers éléments pourront s’engager le 15 mai au soir, mais la 3ème brigade de Spahis devra tenir jusque là.  Après cinq jours de combat en Belgique et sur la Meuse, les effectifs sont déjà fortement entamés.
 

Forces en présence :
France : 3ème brigade de Spahis (1000 hommes).
Allemagne : 1er régiment d'infanterie, 3 compagnie de Panzers, 12 pièces d'artillerie (2500 hommes).
Déroulement de la bataille :
 
Temps 1 :
Dans la nuit du 14 au 15 mai 1940, la 3ème Brigade de Spahis qui est déjà au combat depuis 5 jours, reçoit l’ordre de constituer un point d’appui au carrefour de la Horgne pour y fixer l’ennemi et permettre à d’autres unités de monter en ligne pour colmater la brèche. En toute hâte, laissant leurs chevaux à couvert, les Spahis des 2ème Régiment de Spahis algériens et 2ème Régiment de Spahis marocains s’installent à la Horgne, construisent immédiatement des barricades et les bâtiments sont transformés en blockaus, avec des moyens restreints et désuets (3 canons antichars de 25 et 37 mm).
 
Temps 2 :
Le 15 mai vers 9 heures les 1er et 3ème bataillons d’infanterie du 1er régiment de fusiliers de la 1ère Panzer division venant de Singly sont accueillis par des tirs nourris. Les Spahis sont alors attaqués, d’abord par des sections avec leurs véhicules de combat, puis par l’artillerie et enfin avec des blindés légers et moyens, tandis que des avions de reconnaissance assurent la liaison en temps réel des troupes allemandes avec leur poste de commandement par radio.
 
La bataille fait rage, les pertes sont nombreuses de part et d’autre. Les Spahis marocains et algériens réussissent néanmoins à tenir, malgré de nombreux assauts. Le rapport de force encore relativement égal jusque là commence à s’inverser vers 14h30 lorsque les Allemands reçoivent le soutien des obusiers et de trois compagnies de Panzers. Les attaques initiales étant stoppées, ils contournent les positions de résistance des Spahis et encerclent la position avec des blindés malgré leurs pertes. Sommés de se rendre, les Spahis ripostent et lancent deux charges à cheval. L’une contre les blindés pour diminuer la pression et l’autre pour tenter de percer les lignes allemandes et échapper à la capture.
BILAN :
754 officiers (dont les deux chefs de corps), sous-officiers ou spahis tués ou blessés, avec 646 chevaux. Le soir du 15 mai, dans un village en flammes les Allemands rendent les honneurs aux 100 derniers combattants qui ont couvert la retraite de 150 des leurs. L’offensive à coûté aux allemands environ 1000 morts et blessés, entre 16 et 18 chars et quelques canons.
Enseignements de la bataille :
Procédés tactiques :
L’excellent moral d’une troupe décidée, une succession de mouvements qui empêche l’ennemi de fixer le dispositif et surtout de violentes et systématiques contre-attaques pour ne laisser aucuns gains territoriaux à l’ennemi, ont permis de maintenir des positions difficiles. Cela a perturbé l’offensive des Allemands qui ont été obligés de concentrer des moyens importants à la réduction de la Horgne et d’y perdre donc des heures précieuses.
Renseignement :
Une action aussi héroïque soit-elle n’a d’intérêt que si les gains qu’elle permet sont suivis effets. Ce coup d’arrêt efficace contre la 1ère Panzer division noyé dans les prémices de la débâcle, n’a été connu qu’après la guerre. Le sacrifice des Spahis n’aura donc été d’aucune utilité puisqu’il n’a pas été exploité. Il s’agit probablement de la dernière opportunité qu’a eu le commandement français d’empêcher le mouvement tournant des blindés allemands au niveau opératif.
Elément réservé :
Pas de réserve tactique dans cette action qui devait recevoir du soutien de la 53ème DI. Elle a été inutile car elle n’a pas été utilisée ni pour effectuer des mouvements pour colmater la brèche de Sedan ni pour contre-attaquer les forces stoppées et isolées de l’adversaire.


5 commentaires:

  1. Bel acte héroïque qui méritait d'être connu !...

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  2. Bonjour bien votre article mais les chiffres ne sont pas cela, à la Horgne les Spahis ont perdu 43 hommes et les allemands 31 tués et 102 blessés, donc si ont se base sur les votre la 3° Brigade aurait était décimé, au total en 2008 2009 un peu moins de 200 mort au combats ont était recensés y comprit les tombes des inconnus, je vous suggère de modifier dans vos écrits les chiffres cités et si besoin vous pourrais confirmer mes chiffres en vous rendant sur place et vérifier auprès de l'amicale des amis de la horgne ou tout simplement au musée sur la place des spahis du village. petit précision au carré militaire du cimetière vous y trouverais les noms sur les tombes...je précise je suis un ancien spahis...

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    1. Merci pour votre intérêt pour le blog et pour les éléments complémentaires. Les données seront rapidement modifiées.
      Cordialement

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  3. C'est exactement le même texte que sur Wikipédia.

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  4. Merci de bien vouloir rétablir la vérité des chiffres, connue depuis le travail du colonel Thierry Moné. Honneur à ces hommes.

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