En cette semaine d'anniversaire pour notre hymne national, "La Marseillaise", et alors que le président de la République a décidé de faire de 2016 l'année de ce chant si chargé de symbole pour les Français comme pour le monde, j'ai souhaité revenir sur son histoire. En effet, si l'on envisage le temps long, la Marseillaise, tout en conservant, contre vents et marées, ses paroles et sa vigueur, elle a su également s'adapter aux évolutions, aux époques et ce, tout en donnant du sens aux grandes étapes de l'histoire de France.
Elle est née à une période tragique où la France, en proie à des évolutions sociétales majeures, était également menacée à ses frontières. Aussi, son auteur, Rouget de Lisle en a fait "le cri de vengeance et d'indignation du noble peuple qui venait de proclamer les Droits de l'Homme et qui se refusait à ployer le genou devant l'étranger." Mais au-delà de cette perception nationale qui n'a pas toujours été la même, la Marseillaise a dépassé les frontières, à l'instar de ces paroles de Poincaré qui déclarait en 1915 : "Partout où elle retentit, la Marseillaise évoque l'idée d'une nation souveraine qui a la passion de l'indépendance et dont les fils préfèrent délibérément la mort à la servitude. ce n'est pas seulement pour nous autres Français que la Marseillaise a cette signification grandiose. ses notes éclatantes parlent une langue universelle et elles sont aujourd'hui comprises du monde entier".
Comme Henry Coutant l'affirmait déjà en 1919, à chaque période difficile, seuls les dates et les noms ont changé, les paroles de notre hymne gardent à chaque fois une résonnance face à l'adversaire qu'il se nomme Frédéric-Guillaume en 1792, Guillaume II en 1914, le nazisme ou le terrorisme islamiste aujourd'hui. Les "féroces soldats" changent de visage mais cherchent toujours à "jusque dans nos bras, égorger nos fils et nos compagnes".
A l'origine, le capitaine Rouget de Lisle rejoint la place de Strasbourg, aux avant-postes françaises face aux armées de la Coalition des souverains européens. Ces derniers préparent les hostilités le 20 avril 1792. Dans la capitale alsacienne, les Français se préparent à la confrontation et une proclamation enflammée est affichée sur les murs de la ville dont certaines phrases inspireront l'auteur de la Marseillaise. En effet, on peut y lire "Aux armes citoyens ! L'étendard de la guerre est déployé, le signal est donné. Aux armes ! Il faut combattre, vaincre ou mourir". Dans les discussions, le terme "enfants de la Patrie" revient souvent puisqu'il sert à nommer, à l'époque, les bataillons de volontaires. Certains officiers généraux, connaissant les compétences musicales de Rouget de Lisle lui demandent de composer un chant capable de porter et de transcender ces soldats de circonstance qui feront face aux troupes autrichiennes et prussiennes dans quelques jours. Ce chant, composé en une nuit seulement, devait enthousiasmer les foules et les soldats et devint d'abord le "Chant de guerre de l'armée du Rhin". Les partitions circulent dans toute la France mais c'est à Marseille, entonné par un jeune républicain du nom de Mireur, qu'elle émeut les fédérés qui doivent rejoindre les bataillons venus de toute la France autour de la capitale puis qui seront transférés vers le front. Son nom évolue mais pas ses paroles, devenant "Chant de guerre des Armées aux frontières", puis "Chant de ralliement des Marseillais" et enfin "Marche des Marseillais". Il est entonné par les colonnes de volontaires sur les routes menant à Paris façonnant ainsi son caractère universel. La Marseillaise allait ensuite s'intégrer dans son époque, passer progressivement du statut d'hymne guerrier à celui d'hymne politique et finalement à celui d'hymne national. Avec les changements de régime, elle fut parfois mise de côté mais revint à chaque fois à son rôle symbolique en 1830, 1840 puis 1879 comme si elle faisait partie de l'ADN du peuple français.
Au XXème siècle, elle animera le feu des "poilus" dans l'enfer des combats du premier conflit mondial, elle veillera sur l'esprit de résistance des forces françaises libres et de l'intérieur après la défaite de 1940, elle accompagnera les assauts des soldats sur les collines indochinoises ou les djebels algériens. Aujourd'hui encore, au-delà de son interprétation lors de rencontres sportives ou d'évènements à portée internationale ou patriotique, la Marseillaise demeure un point de repère fort pour les Français expatriés qui rendent hommage à leur Patrie depuis des pays étrangers, pour les militaires engagés dans la défense de l'avant aux confins du monde pour frapper ceux qui menacent notre pays, mais aussi pour tous les citoyens qui mettent ainsi des mots sur le principe encore abstrait de "résilience", quand l'ennemi frappe sur notre sol avec lâcheté. Loin d'être un chant belliqueux comme certains ont tenté de le décrire dans les années 1990, persuadés de vivre "la fin de l'histoire" et de pouvoir toucher "les dividendes de la paix", ses paroles sont ancrées dans chacun de nous sans idéologie, au-delà des convictions politiques et religieuses. Préservons cet héritage, faisons le vivre car même si le temps poursuit sa route, que le monde change, il faut que ce patrimoine demeure pour faire face aux défis de demain.
Pour en savoir plus sur les évènements de cette "année de la Marseillaise", un dossier de presse est disponible sur le lien http://www.defense.gouv.fr/salle-de-presse/dossiers-de-presse/dossier-de-presse-lancement-de-l-annee-de-la-marseillaise
Pour en savoir plus sur les évènements de cette "année de la Marseillaise", un dossier de presse est disponible sur le lien http://www.defense.gouv.fr/salle-de-presse/dossiers-de-presse/dossier-de-presse-lancement-de-l-annee-de-la-marseillaise
..."allons enfants"...un superbe symbole,hélas toujours d'actualité en 2016 !...
RépondreSupprimer(2aj).