Pour aborder la nouvelle problématique initiée il y a quelques jours, et
afin de réfléchir sur l’influence de l’organisation d’une armée, de sa stratégie et, in fine, de sa
doctrine dans la conduite de la guerre et la mise en œuvre de la tactique, je
vous propose de faire un focus sur la campagne de Pologne en 1939. Au cours de ces combats,
l’armée allemande, enrichie par le culte de l'initiative et l'emploi de la puissance mécanisée va faire ses premières armes face à une armée polonaise
pétrie de principes stratégiques défensifs hérités des concepts de la première guerre mondiale et de la pensée militaire française.
Aussi, nous verrons au travers de cet exemple que la tactique, son évolution et ses applications peuvent parfois fragiliser une stratégie qui semblait pourtant permettre d'atteindre l'effet final recherché.
1- Le contexte.
L'Europe a déjà montré certaines faiblesses
diplomatiques avec la signature des accords de Munich en 1938 alors que
l'Allemagne continue de monter en puissance son outil militaire.
Hitler entretient l’agitation en
Pologne et lance l’opération « Tannenberg »
visant la déstabilisation politique et
sécuritaire de la région de Dantzig ainsi que l’élimination de certaines
autorités polonaises. Il rompt les liens diplomatiques avec certains pays
européens signe un accord naval avec les Britanniques et même un pacte de non-agression
avec la Pologne. En parallèle, il demande à la Wehrmacht de monter le plan « Weiss Fall » : recherche d’un Casus
Belli, attaque surprise sans déclaration de guerre, recherche de l’encerclement
tactique des troupes polonaises, conquête du pays.
Le 25 août 1939, Berlin déclare la mobilisation
générale mais reporte l’opération pour finaliser les préparatifs. Le 31 août à 20h00
débute la phase préliminaire des opérations, les hostilités sont engagées. La
Pologne, de son côté n’a pas achevé sa mobilisation mais compte sur sa
stratégie de défense dans la profondeur (tout au long de la frontière) pour
attendre l’engagement des alliés français et anglais.
2- La doctrine et l’armée allemande de 1939.
Les Allemands développent
depuis plusieurs années l’emploi des blindés ainsi que des tactiques innovantes
recherchant l’enveloppement. L’initiative (Auftrags Taktik), la subsidiarité,
la saisie des opportunités, le commandement de l’avant sont valorisés afin d’accélérer
la manœuvre, dans le temps ou dans l’espace et ce, afin de favoriser la prise
de l’ascendant. Mais il y a des réticences à suivre les idées d’officiers non
conformistes comme Guderian dans la conduite de la campagne de Pologne qui s’annonce.
En particulier, le général Von Rundstedt y voit une erreur stratégique car un
tel choix ne permettrait pas de se préparer à une guerre longue.
De la même façon, l’équipement
moderne nécessaire à l’opération paraît encore défaillant si l’on en croit les
retours d’expérience de la guerre d’Espagne et ceux de l’invasion de l’Autriche
(nombreux sont les engins qui sont tombés en panne ou qui n’ont pas fait preuve
de fiabilité). Enfin, les militaires critiquent la qualité des Panzer 1 et 2 (armés
de mitrailleuses et d’un canon de 20mm seulement) qui forment l’épine dorsale
des divisions blindées en 1939, d’autant qu’il n’y a seulement que 174 Panzer 4
et que le développement du Panzer 3 est en cours.
A suivre…
Les allemands disposent aussi des excellents PzKw 35(t) et PzKw 38(t) saisis en nombre important en Tchecoslovaquie.
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