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lundi 3 février 2014

Histoire et fondements de l'art opératif russo-soviétique.(1/2)





Comme convenu, nous étudions maintenant l'art opératif russo-soviétique qui, nous le verrons, n'est pas uniquement le fruit de la pensée d'une poignée d'officiers des années 1930 (comme Toukhatchevski) mais le résultat d'une longue maturation de la pensée sur l'art de la guerre, la manœuvre et son interaction avec le facteur espace-temps.
Tout d'abord, si l'on revient à la définition, l'opératique peut être considéré comme l'art d'atteindre des objectifs stratégiques avec des moyens militaires sur un théâtre d'opérations donné. Il s'agit également de la notion de campagne, c'est-à-dire d'une série d'opérations conduites pour vaincre un adversaire dont on réduit progressivement la capacité à manœuvrer, au rythme de batailles simultanées ou successives. Dès lors, l'art opératif nécessite la prise en compte de la logistique (du fait des élongations et des distances importantes), de la coopération interarmées, des actions non-conventionnelles mais aussi des procédés de guerre psychologique.

Les Russes ne sont pas les seuls à envisager cette échelon intermédiaire entre tactique et stratégie, comme le souligne l'auteur américain Arthur Wagner qui, dès 1918, distingue, en analysant le premier conflit mondial, une tactique de manœuvre et une tactique de combat. L'instruction française relative aux opérations des grandes unités de 1917 évoque également une combinaison interarmes afin de percer des défenses en profondeur, une protection des flancs et une exploitation de l'avantage  et ceci, grâce à des échelons de commandement du niveau de l'armée voire du groupe d'armées.
En Russie, après la victoire prussienne de 1870, le ministre de la défense Miliutin cherche à adopter l'opératique allemande avec la vision de Moltke dont le crédo : "marcher séparément et combattre ensemble" semble prometteur la victoire par encerclement successifs. Néanmoins, cette pensée semble se scléroser à l'aune des effectifs de plus en plus considérables qui se constituent avant 1914. Après la guerre, en 1917, certains officiers cherchent, quant à eux, à tirer des enseignements des échecs ou succès de l'armée tsariste et prennent en exemple le plan du maréchal Broussilov dont l'offensive de 1916 et sa percée sur plusieurs dizaines de km ( avec près de 300 000 austro-allemands prisonniers en quelques semaines) demeure l'ébauche de la percée réussie avec des troupes de choc (mais aussi une préparation d'artillerie courte, puissante et précise) suivie d'une attaque des arrières ennemies sur de grandes distances avec des forces très mobiles. En outre, d'autres penseurs ou praticiens émettent à leur tour de nouvelles hypothèses, notamment du fait de leur culture historique, e la guerre civile ou de l'influence de la manœuvre napoléonienne encore très présente dans les esprits (sans compter l'héritage de Jomini et de Calusewitz). Ainsi, Svetchin mais aussi Leyer restent fidèles aux principes issus du XIXème siècle pour aborder la guerre.
A suivre...

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