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samedi 6 juin 2015

6 juin 1944 - la petite histoire derrière la grande.

En ce jour de commémoration du débarquement en Normandie qui préfigurera la bataille de France et la Libération, il s'agit bien sûr de rendre hommage à ces soldats, marins et aviateurs alliés qui se sont battus lors de cette confrontation cruciale face aux troupes de l'Axe. Mais cette formidable opération "Overlord" n'aurait pas pu être pleine et entière sans l'apport de la France Libre (FFL et FFI) qui s'est engagée pleinement dans ces combats. Ces soldats de l'ombre, irréguliers ou conventionnels ont ainsi contribué à l'application des principes mis en œuvre pour mener au succès : surprise, liberté d'action, déception et économie des moyens.

En effet, dès l'aube du 6 juin 1944, les instructions sont appliquées par les maquisards et résistants en Normandie et en Bretagne. Plus loin encore, certains groupes comme celui du colonel Gaspard alias Coulaudon, au Mont Mouchet en Auvergne, ont commencé la lutte depuis le 2 juin pour harceler les unités allemandes qui montent du sud. Dans la campagne normande, les abattis se multiplient, les téléphones sont coupés ou encombrés, les locomotives sabotées et les casernes allemandes ou vichystes attaquées. En 24 heures, 600 déraillements ont lieu et des centaines de trains sont bloqués sur les voies en rase campagne ainsi vulnérables aux attaques aériennes.
En revanche, l'approche du débarquement produit une effervescence chez les jeunes français qui sont nombreux, trop nombreux, à rejoindre les maquis comme en Bretagne où 7000 hommes s'engagent mais également 6500 autres en Loire intérieure. Pour le général Koenig ces effectifs exponentiels ne sont pas une bonne nouvelle car ces concentrations d'hommes sont des cibles de choix pour l'ennemi et les armes manquent pour équiper ces nouvelles recrues. De Gaulle devra freiner ces initiatives pour ne pas risquer de lourdes pertes (comme dans les Glières par exemple).
Dans la journée du 6 juin, le chef de l'Organisation de Résistance de l'Armée, le général Revers constate de lui-même, en prenant le train, les effets du plan Vert, ce chef d'œuvre de la bataille du rail. Par exemple, dans le quadrilatère formé par Lons le Saulnier, Chalon, Dijon et Besançon aucun convoi ferroviaire ne peut circuler au sein de cette région qui relie la vallée du Rhône à l'Allemagne.  Les trains de renforts allemands quittant Paris pour la Normandie mettront jusqu'à trois jours pour arriver.
Même si certains responsables américains et britanniques étaient sceptiques, ils finiront par reconnaître l'apport de la Résistance française dans la protection de la fragile tête de pont alliée. En effet, des unités allemandes venant du sud-ouest sont ralenties, comme la tristement célèbre division blindée Das Reich qui mettra 12 jours pour parcourir 700 km et perdra 4000 hommes. L'un de ses régiments nazi sera tenu en échec près de Souillac par 28 FFI dont 15 seront tués. Rommel attend cet apport en troupes mécanisées pour lancer sa contre-offensive et tenter de rejeter les Alliés à la mer. Il ne le verra jamais arriver. Même le colonel Berger alias André Malraux, le célèbre écrivain et philosophe, installé avec son groupe de partisans à Cressensac, participe au combat sur les arrières ennemies.
Dans le même temps, aux côtés ou en complément des FFI, les FFL participent aux opérations pour intoxiquer le commandement de la Wehrmacht sur les intentions alliées. Les parachutistes du 2ème régiment de parachutistes sont largués en Bretagne pour contacter les résistants et leurrer les Allemands. En Normandie, les 177 hommes du commando Kieffer débarquent à Ouistreham et posent ainsi le drapeau français sur une terre libérée. La bataille de France ne fait que commencer mais, au-delà de la formidable armada américano-britannique, n'oublions pas l'action de ces hommes et de ces femmes qui avaient, depuis 4 ans, refusé la défaite et préparé puis soutenu ce débarquement historique et la victoire. Hommage à eux, à leur courage et à leur sacrifice...
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