Nous
poursuivons et terminons sur l’épopée de la 1ère armée française du
général De lattre de 1944 à 1945.
En
effet, avec l’automne, c’est « l’amalgame » qui doit se construire,
processus jugé par le général « fort complexe et délicat ». En effet,
il considère que « A aucun prix, nous ne devons décevoir ces hommes et
laisser s’éteindre cette flamme admirable qui s’est allumée. Par conséquent,
tout de suite ces garçons des FFI
peuvent former des unités supplétives venant au combat avec notre armée
régulière. J’insiste sur ce fait que ce ne peut être une intégration dans l’avenir,
mais une synthèse où ils garderont leur particularisme et leur autonomie ».
A côté de ces bataillons plus ou moins
importants d’ailleurs réunis en demi-brigades, sont constitués des unités mieux encadrées comme
celles des Alpes, de l’Ain, de la Drôme et de l’Ardèche (20 000 hommes). L’objectif
est de faire une armée à l’image de toute la France. Finalement ce sont 137 000
FFI qui rejoignent l’Armée. Malheureusement, le haut commandement allié n’avait
pas prévu l’équipement et le soutien de tels effectifs supplémentaires et n’accorde
en octobre que l’approvisionnement de 52 000 hommes de plus. La
problématique la plus délicate repose sur le manque d’armement imposant des
matériels disparates, parfois pris à l’ennemi.
Au
départ, pour cet apport d’irréguliers au sein des grandes unités débarquées en
Provence, « quelques tâtonnements furent inévitables avant d’aboutir aux
jumelages judicieux. Finalement, le résultat fut fonction de l’effort et de la
bonne volonté du commandement. Il fut surtout satisfaisant à la 5ème
DB et plus encore dans les régiments blindés de réserve générale. Par contre, dans
l’infanterie, la greffe ne prit généralement pas. Les bataillons rattachés se
sentaient malheureux, un peu parents pauvres de nos régiments qu’ils
déséquilibraient. Seuls s’avérèrent solides la constitution de trois
groupements de choc ». Puis il fut nécessaire avec le rude hiver de l’est
de la France de « blanchir » la DFL et la 9ème DIC afin de
remplacer les soldats d’origine africaine trop sensibles au froid.
La
bataille des Vosges commence, très difficilement avec des Allemands qui tiennent cette
ligne avec 55 000 hommes, des chars, des canons automoteur en nombre et
plus de 25 groupes d’artillerie. Il faudra toute la manœuvrabilité des
divisions blindées françaises et le courage des fantassins pour « surprendre »
l’adversaire et franchir l’obstacle. Pour ensuite s’emparer de l’Alsace, le général
De Lattre, aux côtés de troupes américaines joue de la « déception »
en annonçant le 12 novembre une phase de permissions, faisant croire à l’ennemi
que les Alliés attendront le printemps pour partir à l’assaut. Parallèlement, le
chef de la 1ère armée doit se battre pour garder ses unités que le
SHAEF veut lui prendre, pour partie (notamment la 1ère DB) pour
renforcer les troupes qui se battent dans les poches de l’ouest de la France. A force de persévérance , il a gain de cause et lance son action de rupture le 14 novembre
dans une météo hivernale dantesque (le général Bethouart commandant le 1er
corps lui ayant demandé de suspendre l’offensive).
Puis c’est Belfort du 18 au 21 novembre (action décisive des commandos d’Afrique),
le Rhin le 19 novembre, Mulhouse les 20 et 21 et enfin la manœuvre d’encerclement
de Burnhaupt du 22 au 28 novembre.
« Efforts immenses et difficiles à exprimer. Vingt jours de batailles ininterrompues contre un ennemi dont l’opiniâtreté n’a pas connu une heure de défaillance et dont les réactions rageuses ne nous ont laissé aucun répit. Vingt jours de pluie, de froid, de boue (…) Des morts : 1300 au total (…) mais aussi 4500 blessés, 140 disparus, 1691 évacués pour gelure, 2824 pour maladies. Des pertes en matériel sérieuses : 55 Sherman, 12 chars légers, 15 Tank Destroyer et près de 50 Half Tracks jalonnent notre marche de leurs carcasses souvent dressés en face de l’un ou l’autre des 60 JagdPanther et autres Panzers calcinés (…) mais efforts couronnés de magnifiques résultats ». En fait, la 1ère armée a libéré une grande partie de l’Alsace, tué 10 000 Allemands, pris 120 canons et fait 17 000 prisonniers. Mais en décembre, les Français soutiennent les Américains (et la 2ème DB) pour réduire la poche de Colmar (qui n’interviendra qu’après de longues luttes en février 1945) puis pour sauver Strasbourg face à l’offensive des Ardennes de Von Rundstedt. Dans la foulée, du 15 au 27 mars, après une courte pause opérationnelle et une 1ère Armée réorganisée, c’est la conquête des créneaux sur le Rhin, en particulier avec l’apport remarquable des sapeurs français. Ensuite, ce sont des manœuvres d’une rare mobilité et d’une grande intrépidité qui permettent la conquête d’une partie du territoire allemand, Karlsruhe le 4 avril, Freudenstadt du 11 avril au 7 mai, la prise de Stuttgart le 21 avril et l’enveloppement de la forêt noire le 27 (anéantissement du 64ème corps et du 18ème corps SS ennemis). A la fin du conflit, De Lattre atteindra l’Autriche et le Lac de Constance parachevant la victoire gagnée de haute lutte. Ces combats, de la Provence à l’Allemagne, auront fait 13 874 tués et 42 256 blessés français mais ils auront surtout forgé l’esprit « Rhin et Danube », symbole du renouveau de la France et de son armée. L’ordre du jour N°8 du général De Lattre résume, à lui seul, la valeur de ces combattants dont l’action souvent méconnue a contribué à la libération de la France et à la victoire contre les troupes nazies. Ces hommes ont ainsi fait montre de qualités tactiques exceptionnelles, s’adaptant à l’adversaire, au terrain, au climat et aux contraintes logistiques d’une telle campagne. Ils représentent la faculté d’adaptation des militaires français encore pleine et entière aujourd’hui.
« Efforts immenses et difficiles à exprimer. Vingt jours de batailles ininterrompues contre un ennemi dont l’opiniâtreté n’a pas connu une heure de défaillance et dont les réactions rageuses ne nous ont laissé aucun répit. Vingt jours de pluie, de froid, de boue (…) Des morts : 1300 au total (…) mais aussi 4500 blessés, 140 disparus, 1691 évacués pour gelure, 2824 pour maladies. Des pertes en matériel sérieuses : 55 Sherman, 12 chars légers, 15 Tank Destroyer et près de 50 Half Tracks jalonnent notre marche de leurs carcasses souvent dressés en face de l’un ou l’autre des 60 JagdPanther et autres Panzers calcinés (…) mais efforts couronnés de magnifiques résultats ». En fait, la 1ère armée a libéré une grande partie de l’Alsace, tué 10 000 Allemands, pris 120 canons et fait 17 000 prisonniers. Mais en décembre, les Français soutiennent les Américains (et la 2ème DB) pour réduire la poche de Colmar (qui n’interviendra qu’après de longues luttes en février 1945) puis pour sauver Strasbourg face à l’offensive des Ardennes de Von Rundstedt. Dans la foulée, du 15 au 27 mars, après une courte pause opérationnelle et une 1ère Armée réorganisée, c’est la conquête des créneaux sur le Rhin, en particulier avec l’apport remarquable des sapeurs français. Ensuite, ce sont des manœuvres d’une rare mobilité et d’une grande intrépidité qui permettent la conquête d’une partie du territoire allemand, Karlsruhe le 4 avril, Freudenstadt du 11 avril au 7 mai, la prise de Stuttgart le 21 avril et l’enveloppement de la forêt noire le 27 (anéantissement du 64ème corps et du 18ème corps SS ennemis). A la fin du conflit, De Lattre atteindra l’Autriche et le Lac de Constance parachevant la victoire gagnée de haute lutte. Ces combats, de la Provence à l’Allemagne, auront fait 13 874 tués et 42 256 blessés français mais ils auront surtout forgé l’esprit « Rhin et Danube », symbole du renouveau de la France et de son armée. L’ordre du jour N°8 du général De Lattre résume, à lui seul, la valeur de ces combattants dont l’action souvent méconnue a contribué à la libération de la France et à la victoire contre les troupes nazies. Ces hommes ont ainsi fait montre de qualités tactiques exceptionnelles, s’adaptant à l’adversaire, au terrain, au climat et aux contraintes logistiques d’une telle campagne. Ils représentent la faculté d’adaptation des militaires français encore pleine et entière aujourd’hui.
Ordre du jour n°8
Officiers, Sous-officiers, Caporaux et Soldats de la Première Armée Française
Le jour de la Victoire est arrivé.
A Berlin, j’ai la fierté de signer au nom de la France, en votre nom, l’acte solennel de la capitulation de l’Allemagne.
Dignes de la confiance de notre Chef Suprême, le Général de Gaulle, libérateur de notre Pays, vous avez, par vos efforts, votre ferveur, votre héroïsme, rendu à la Patrie son rang et sa grandeur.
Fraternellement unis aux soldats de la Résistance, côte à côte avec nos camarades alliés, vous avez taillé en pièces l’ennemi, partout où vous l’avez rencontré.
Vos drapeaux flottent au coeur de l’Allemagne.
Vos victoires marquent les étapes de la Résurrection Française.
De toute mon âme, je vous dis ma gratitude. Vous avez droit à la fierté de vous-même comme à celle de vos exploits.
Gardons pieusement la mémoire de nos morts. Généreux compagnons tombés au champ d’honneur, ils ont rejoint dans le sacrifice et la gloire, pour la Rédemption de la France, nos fusillés et nos martyrs.
Célébrons votre victoire : victoire de Mai, victoire radieuse de printemps qui redonne à la France la Jeunesse, la force et l’Espoir.
Soldats vainqueurs, vos enfants apprendront la nouvelle épopée que vous doit la Patrie.
Berlin, le 9 mai 1945
Le Général d’Armée de LATTRE de TASSIGNY
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