Si on connaît bien le déroulement de la Libération de Paris
en elle-même, dont on vient de commémorer le 72ème anniversaire, on oublie
souvent que les éléments de la 2ème DB ont poursuivi le combat au nord de la
capitale et ce, du 26 au 28 août 1944, face à de puissantes contre-attaques
allemandes dont certaines unités, initialement prévues pour participer à la
reprise de la ville, sont installées sur une ligne défensive face aux troupes
alliées.
Voici donc un rappel de cette « seconde bataille » de Paris
où la célèbre division du général Leclerc subira des pertes sévères pour
protéger les Parisiens tout juste libérés.
Déjà le 26 août, après le bombardement meurtrier de la
Luftwaffe sur Paris, deux détachements du RBFM (régiment blindé de fusiliers
marins) avaient reconnu et trouvé des résistances en direction de Montmorency
et du Bourget. Il y a bien une division allemande qui se déploie dans cette
zone. En fait, il s’agit de la 47ème division d’infanterie du général Walhe qui
installe un rideau défensif avec 3
régiments de grenadiers sur une ligne allant de Montmagny à Sevran.
Fort de ces renseignements sur des mouvements allemands près
de Saint-Denis, La Courneuve, Le Bourget et la Porte de la Chapelle, le général
Leclerc installe son poste de commandement tactique avancé dans le 18ème
arrondissement de Paris.
Le 27 août, il envoie le groupement tactique Dio, vers
l'aérodrome du Bourget et le groupement tactique Langlade vers Stains et
Montmagny. Ce dernier fonce sur Groslay et Enghien, où les chasseurs de chars
du RBFM frappent avec succès les positions allemandes.
Le colonel Dio, quant à lui, déploie alors le
sous-groupement Farret vers Dugny, le sous-groupement Noiret au Bourget et le
sous-groupement Rouvillois au Blanc Mesnil pour, d’abord, stopper les poussées
allemandes, puis tenter d’envelopper le terrain d'aviation avant de s'en
emparer.
Le sous-groupement Farret se bat jusqu'à 18h00 au prix de
pertes élevées et subit une violente contre-attaque dans la nuit.
L'enseigne de vaisseau de Gaulle, le fils du général, chef
du 1er peloton du 3ème escadron de combat du R.B.F.M, est de la bataille. Le
lieutenant Humbert Van der Cruis de Wazier, de la 1ère compagnie du 1er R.M.T
(et cousin du général Leclerc), est tué. Le sous-groupement Noiret se heurte,
de son côté, à des éléments allemands sur le terrain d'aviation. Très bien
enterrés et camouflés, disposant d’un terrain valorisé, les fantassins
allemands opposent une résistance farouche et meurtrière. Le combat, mené
principalement par le 12ème régiment de cuirassiers, cesse à 19h30 et les
pertes sont très importantes du côté français, mais bien plus encore du côté
allemand.
Le sous-groupement Rouvillois, sur son axe, s'empare du
Blanc-Mesnil et empêche un régiment ennemi de soutenir la poche de résistance
du Bourget. De nombreux F.F.I locaux participent à la bataille avec le
sous-groupement Rouvillois au Vieux Blanc-Mesnil, apportant leur combativité
mais surtout leur connaissance indispensable du terrain. En outre, les pièces
d’artillerie (M7 Priest) des I/40ème RANA et du 3ème RAC apportent un appui feu
puissant et intense aux actions des unités de mêlée en particulier grâce à de
fortes consommations d’obus dans la région du Bourget. Les cibles traitées par
l’artillerie sont principalement des blindés et des canons antichars.
Le 28 août, afin d’exploiter l’avantage acquis et de
disposer d’une zone tampon protégeant la capitale, les unités françaises
poussent vers le nord et atteignent Ermont, Piscop, Sarcelles, Gonesse et
Roissy en France.
Les pertes sont nombreuses, les engagements sont souvent
allés jusqu’au corps à corps. La 2ème DB perd 40 tués et 60 blessés. Chez
l’ennemi il y a plus de 500 morts et 950 prisonniers.
Cette action de la 2ème DB est cruciale car l’ennemi aurait
pu, à partir de la ligne de débouchée conquise au nord de Paris, mener des
incursions violentes, des coups de main, voire des raids dans la capitale,
fragilisant encore un peu plus la situation sanitaire (ravitaillement) et
sécuritaire de Paris dans un environnement ZURB plus délicat à contrôler. Cette
manœuvre aurait peut-être permis aux Allemands de stopper la progression des
Alliés vers le nord, de faciliter le repli d’unités allemandes vers l’est ou de
concentrer des unités blindées (9ème division de Panzer par exemple) capables
de contre-attaquer en direction des têtes de pont sur la Seine.
Extrait du JMO du sous-groupement Farret :
27 août 1944
Le Sous/Groupement FARRET composé de la C.A, une Compagnie du Génie, 1 escadron de T.D (tank destroyers), 1 peloton d’Auto-Mitrailleuses, 1 batterie du 3ème R.A.C (3ème régiment d’artillerie coloniale)quitte le jardin du Luxembourg et se porte en direction du Nord. À 10 h 30 au carrefour de Saint-Lucien (Nord de PARIS) et lui est adjoint la 3ème Compagnie, et il reçoit l’ordre de nettoyer la zone, en direction de Dugny et d’occuper le village. Engagement à partir du pont de Dugny.
La Section de Reconnaissance et la Cie du Génie sont engagées entre la route et la rivière «LAVEILLE MÈRE». Engagements assez durs. Les Autos Mitrailleuses et la 3ème Compagnie attaquent Dugny et l’occupent.
Après le village, une partie de la 3ème Compagnie attaque les hangars d’aviation bordant le terrain d’aviation du Bourget à l’ouest accrochage sérieux. Le commandant CORLU est gravement blessé, Le capitaine SANMARCELLI blessé également, ainsi que le lieutenant KIRCH.
À 18 heures DUGNY est complètement nettoyé.
À 23 h 30 violente contre-attaque allemande conte le point d’appui Nord-est (lieutenant FERRANO) menée par la 3ème Compagnie du 47ème Bataillon de Grenadiers. L’ennemi est repoussé avec de très grosses pertes, dues à la fois au tir des mitrailleuses du P.A (point d’appui), des mortiers de la C.A (compagnie d’appui)et de l’artillerie.
28, 29 août 1944
Le Bataillon s’installe au Bourget aux environs du terrain d’aviation effectuant quelques points de patrouille, en particulier vers GONESSE.
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