Avant de mettre un terme à cette série de « posts » consacrée au jeu « Mémoire 44 », et afin de répondre au dernier commentaire publié par un lecteur concernant la formalisation voire l’illustration des principes de la guerre ou de la tactique au travers du Wargame, je souhaitais évoquer une récente publication.
Cette dernière, réalisée par un auteur de nombreux manuels de référence dans le monde des jeux, Alexis Beuve, est mise à l’honneur par les concepteurs du jeu « Mémoire 44 ». Il s’agit du « Guide tactique et stratégique » pour « Mémoire 44 ».
Cet ouvrage, remarquablement illustré par des parties et des scénarios empruntés à l’histoire militaire de la seconde guerre mondiale, concrétise, selon moi, le trait d’union, le lien ténu entre l’apprentissage de la tactique et l’approche ludique du jeu.
En effet, en introduction, l’auteur définit son approche de la tactique comme étant « l’optimisation des opérations sur le champ de bataille, la manœuvre et l’utilisation des armes à bon escient » (c'est-à-dire le propre du chef et de la science militaire) et celle de l’échelle stratégique comme « le meilleur moyen de gérer le score, la victoire à tout prix, la prise de risque ou la prise en compte du temps » (c'est-à-dire l’essence du joueur mais aussi l’art ou le style du général).
A. Beuve, comme s’il mettait en place une méthode d’élaboration de décision opérationnelle, décrit de quelle façon lire la carte et le terrain (couloirs de pénétration appelés « zones d’influence », obstacles, zones urbaines…), comment analyser le dispositif ennemi, ses forces et ses faiblesses mais aussi rechercher un mode d’action le plus efficace possible avec les moyens dont on dispose. En déroulant des parties comme la percée de Sedan, l’assaut d’Iwo Jima ou le débarquement de Sword Beach, l’auteur montre l’importance, en conduite, des appréciations de situation à chaque tour et des choix du joueur, décisions qui conditionneront l’issue d’un combat ou la prise d’un objectif plus tard dans le jeu. Il en va de même des cartes « action » de chaque joueur qui sont autant d’opportunités ou de risques à prendre.
Le bilan des parties demeure en outre un outil précieux car il est comparé systématiquement avec les faits réels de chaque bataille afin d’en tirer des enseignements.
Enfin, il est surprenant de constater que l’auteur choisit une structure « asiatique » pour enseigner les principes à respecter ou à connaître. Ils sont nommés « proverbes pour mieux jouer » et sont autant de maximes qui évoquent les écrits de Sun Tsu ou encore le recueil des 36 stratagèmes chinois. On voit donc apparaitre des phrases comme « Il faut garder l’esprit troupier » pour inciter le joueur à utiliser son infanterie, ou également « les blindés sonnent toujours deux fois » pour rappeler que les unités de chars ont la capacité d’exploiter dans la profondeur voire, pour finir, « attaquez l’artillerie adverse avant les assauts d’infanterie ou jamais » pour souligner la force d’attrition des appuis en amont de l’action.
Cet article clôt ainsi, pour le moment, la série de « posts » relatifs à « Mémoire 44 » mais je pourrai bien sûr répondre à vos commentaires sur le sujet tout comme aux développements futurs que vous souhaiteriez mettre en ligne.