Le 2 décembre demeure, pour les passionnés d'histoire militaire, l'anniversaire de l'éclatante victoire de Napoléon à Austerlitz en 1805. Cette bataille est un chef d'œuvre tactique de l'Empereur face aux armées austro-russes dans laquelle il distille les ingrédients de son art de la guerre : le choix du terrain, la surprise, la mobilité, la ruse, la maîtrise du temps mais aussi la force morale face à un ennemi numériquement supérieur tout comme la capacité à concentrer les efforts au bon moment (comme nous l'évoquions dans notre article paru il y a de cela un an pour saluer cet évènement http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr/2011/12/histoire-bataille-petit-clin-dil.html#more). Mais le 2 décembre est aussi célébré par les saint-cyriens à l'occasion du "2S" car c'est au cours des combats d'Austerlitz qu'ils perdirent le premier d'entre eux, formé au sein d'une école créée 3 ans plus tôt par le consul Bonaparte et ce, afin de préparer et d'instruire les jeunes cadres de son armée. Aussi, chaque année, les jeunes élèves officiers reconstituent la bataille dans la lande bretonne et les officiers issus de Saint-Cyr honorent la mémoire de Napoléon et de leurs anciens au moment du lever de soleil de cette journée si particulière.
Ils relisent ainsi des extraits des bulletins de la Grande Armée qui servirent d'armes de propagande certes mais surtout de journal de marche pour des soldats qui couvrirent de gloire leurs drapeaux et laissèrent leurs campagnes à la postérité. Voici donc quelques lignes de ces proclamations devenues célèbres.
Au bivouac, le 1er décembre 1805, l'Empereur détaille déjà sa manœuvre : "Soldats, l'armée russe se présente devant nous pour venger l'armée autrichienne d'Ulm. Ce sont les mêmes bataillons que vous avez battus à Hollabrün, et que depuis vous avez poursuivis constamment jusqu'ici. Les positions que nous occupons sont formidables, et pendant qu'ils marcheront pour tourner ma droite, ils me présenteront le flanc".
Le 3 décembre, la victoire acquise, Napoléon salue la valeur de ses hommes : "Soldats, je suis content de vous ; vous avez, à la journée d'Austerlitz, justifié tout ce que j'attendais de votre intrépidité. Vous avez décoré vos aigles d'une immortelle gloire. Une armée de 100 000 hommes, commandée par les Empereurs de Russie et d'Autriche, a été, en moins de quatre heures ou coupée ou dispersée. Ce qui a échappé à votre fer s'est noyé dans les lacs ; quarante drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, 120 pièces de canon, 20 généraux, plus de 30 000 prisonniers, sont le résultat de cette journée à jamais célèbre."
L'épopée napoléonienne continue aujourd'hui de bercer la mémoire des militaires français mais aussi celle d'un pays qui puise son identité dans sa riche histoire et la grandeur de son passé. Il suffit d'ailleurs de regarder le dôme doré des Invalides, celui-là même qui protège le tombeau de l'Empereur pour percevoir l'influence de Napoléon et cet attachement si particulier. Ce dernier est parfois source de débat ou de critiques, certains reprochant à ce grand général d'avoir sacrifié ses soldats dans des campagnes meurtrières. Dès lors, l'historien Jean-Claude Damamme, dans son livre "Les soldats de la Grande armée", nous donne peut-être une clé de compréhension sur cette relation ambivalente : "Pourquoi ces centaines de milliers d'hommes ont-ils souffert tant de maux, enduré tant de privations, consenti tant de sacrifices dont le sacrifice suprême ? Et si c'était simplement, avance le capitaine Paulin (officier français de l'époque), parce que l'Empereur avait tellement grandi le nom français. (...) Ces centaines de milliers d'hommes, Napoléon les a fait souffrir, comme aucun autre souverain, avant lui, n'avait osé le faire. Il a usé, abusé de leur patience, de leur abnégation. Il les a conduit au feu, au fer, en enfer. Mais il en a fait des vainqueurs. Est-ce suffisant pour justifier un attachement qui ne s'est jamais vraiment démenti et une fascination qui, aujourd'hui encore, nous étreint malgré nous ? En 1816, dans son château de Lubbenau en Saxe, la comtesse de Kielmansegge écrivit une phrase simple et belle qui, mieux que ne le ferait une longue et prétentieuse exégèse, répond à toute interrogation : "quand je compare les années écoulées au présent, il me semble voir une chambre vide où achèvent de se consumer les dernières bougies qu'on y a laissées".
Profitez donc ce matin du soleil d'Austerlitz et du souvenir des vieux "Grognards"...
Source image : blog "le Ruban rouge".
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