Après l’opération Overlord en Normandie déclenchée le 6 juin 1944, les
Alliés ont exploité leurs premiers succés vers l’Ouest et libéré une partie du Nord-Est de la France et de la Belgique. Pendant
les mois de juillet et août 1944, les forces Allemandes se replient vers leur
frontière. Le général Eisenhower décide alors de poursuivre l’offensive vers
l’Allemagne avec comme objectif principal la Ruhr , poumon industriel du IIIème
Reich. Pour entrer en Allemagne, 2 options s'offrent à lui : une approche directe vers la
ligne Siegfried par le Sud, une approche indirecte au Nord via les Pays-Bas.
L’objectif secondaire est de s’emparer d’un port pour raccourcir les délais
d’approvisionnement des Alliés dont les lignes de communication s’étirent à
partir de la Normandie. Le
général Eisenhower choisit finalement le plan Nord défendu par le général britannique Montgomery qui demande la priorité pour planifier, préparer et concentrer les moyens nécessaires à cette action tactique. Celle-ci appraît certes
risquée mais qui offre une opportunité d’atteindre rapidement les 2 objectifs même si le général américain Patton montre dans sa zone d'action une fulgurance et une manouvrabilité plus concrète.
Déroulement de la bataille :
Le
dispositif défensif Allemand est constitué principalement du 2ème SS
Panzerkorps du Général Bittrich. Suite à de lourdes pertes, cette unité est en cours
de réarticulation dans la zone entre Nimegue et Arnhem. L’offensive alliée comprend
une opération aéroportée (MARKET) et une
offensive blindée (GARDEN).
- Opération MARKET : Cette opération
aéroportée de 35.000 hommes a pour but de s’emparer des ponts situés sur la
route Eindhoven, Nimegue, Arnhem au profit des blindés. Seront principalement
engagées les 101ème et 82ème divisions aéroportées
américaines et la 1ère division aéroportée britannique (à Arnhem).
- Opération GARDEN : L’offensive terrestre
blindée est menée principalement par le XXXème Corps, flanc-gardé
par les VIIIème et XIIème Corps. Il a pour objectif Eindhoven
le 1er jour, Nimegue le 2ème et Arnhem au plus tard le 4ème
jour.
Temps 1 : 17
septembre 1944
L’opération débute dans de bonnes conditions pour les 101ème et 82ème
divisions. En revanche la 1ère division est dispersée et ne dispose
que du quart de ses effectifs pour s’emparer du pont d’Arnhem. La résistance
allemande y est solide et la reconnaissance comme 2 assauts successifs sont repoussés. Le 2ème
bataillon du lieutenant-colonel britannique Frost s’installe en défensive à proximité du pont d’Arnhem. Faute
de moyens de transmissions en état (ou adpatés), la division doit communiquer
par signaux visuels avec la RAF ,
ce qui limite fortement l’appui aérien.
Du
côté Allemand, les intentions alliées sont vite perçues et un bataillon de
reconnaissance est envoyé à Nimegue pour renforcer la défense du pont. La
surprise n’a pas fonctionné.
Temps 2 : 18 et
19 septembre 1944
La
101ème division est installée dans la région d’Eindhoven et y
installe un pont Bailey pour franchir le canal de Wilhelmine. La 82ème
division, malgré les contre-attaques allemandes, contrôle la zone de Nimegue en
début d’après-midi. La 1ère division britannique avance vers Arnhem avec 2
bataillons de parachutistes qui sont arrêtés par les Allemands en périphérie de la ville. Il ne leur
reste en fin de journée que 20% de leur effectif initial. La 4ème
brigade parachutiste est larguée sur position avec tous ses effectifs pour tenter de renverser le rapport de force localement.
Le lendemain, la 101ème division à Eindhoven subit une contre-attaque allemande dans la matinée. Les chars britanniques
du XXXème corps la repousse. Pour la 82ème division à Nimegue, la
tentative de saisi du pont échoue.
Quant à la 1ère division à Arnhem,
les 1er
et 3ème bataillons tentent la jonction avec le 2ème
bataillon du lieutenant-colonel Frost qui tient ses positions. L’offensive échoue et les
bataillons sont contraints à la retraite. L’attaque de la 4ème
brigade à partir du Nord d’Oosterbeek est également un échec et celle-ci
établit une tête de pont sur la rive Nord du Rhin. La 1ère brigade
indépendante polonaise est larguée à son tour pour tenter un dernier sursaut mais la défense allemande
neutralise une partie de l’effectif.
Temps 3 : 20 au
25 septembre 1944
La 101ème division à Eindhoven voit les
Allemands contre-attaquer mais sont contenues par les chars du XXXème
Corps blindé britannique. La 82ème division à Nimegue parvient
à s’emparer du pont après avoir fait franchir des unités d’infanterie sur
canots. L’opération a été très coûteuse en vies humaines et a surtout été trop lente pour tenir le tempo imposé par la planification initiale.
Pour la 1ère
division à Arnhem, le 2ème bataillon de Frost tient encore
le pont d’Arnhem mais ne peut pas être rejoint par le XXXème Corps
blindé britannique. Le bataillon est à cours de ravitaillement (munitions,
vivres, eau). Les Polonais ont été rapidement capturés ou massacrés aux abords d’Arnhem.
Afin d’éviter la destruction totale de la 1ère
division, la général Urquhart ordonne le repli vers les lignes tenues par les
Américains plus au Sud. Dans la nuit du 24 au 25 septembre, 2000 survivants sur
les 10 000 parachutistes d’Arnhem repassent le Rhin, large de 400 mètres .
BILAN :
Les pertes alliées
s’élèvent à 16 800 tués, blessés ou prisonniers. Les Allemands déplorent environ
8000 pertes.
Enseignements de la bataille :
Au niveau
tactique :
L’opération MARKET-GARDEN est un semi-échec. Malgré
le coup porté aux Allemands, les Alliés ont été trop ambitieux et ont perdu 12.000 parachutistes en les projetant
« un pont trop loin[1] ».
Le fait de dépendre uniquement
de la 3ème dimension pour les renforts ou l’approvisionnement a été
particulièrement néfaste aux divisions parachutistes n’ayant ni l’effectif ni
l’autonomie suffisante pour tenir compte tenu du retard du XXXème
corps blindé britannique. De plus, ils ne disposaient pas de moyens anti-chars suffisant ou appropriés face aux Panzers allemands.
La simplicité de la
manœuvre qui ne possédait pas de
diversion n’a pas permis aux Alliés de prendre l’ascendant sur les
Allemands qui ont identifié rapidement l’intention des attaquants et ont donc rapidement mis sur pieds une parade et une manoeuvre de contre-attaque (ou de freinage face au XXXème corps blindé britannique .
Au niveau opératif :
La coordination entre les unités terrestres et
la RAF a été
rendue particulièrement difficile à cause de problèmes matériels (compatibilité
des fréquences, destructions).
L’entêtement des Alliés sur la zone EINDHOVEN-NIMEGUE-ARNHEM les a détourné de l’objectif secondaire qui
était la prise d’un port pour ne plus avoir à faire parvenir
l’approvisionnement des troupes par la Normandie. Le port d’Anvers ne sera pris que le
28 novembre 1944, après de rudes combats contre un ennemi qui avait eu le temps de
se reconstituer et de valoriser ses défenses. Les lignes de communications s’étirèrent donc encore entre le
1er échelon et les côtes conquises par Overlord, provoquant ainsi une crise logistique qui verra ses conséquences à l'hiver dans la région des Ardennes.
[1] « Un pont trop
loin » : Film de 1977 réalisé par Richard Attenborough relatant la
bataille d’ARNHEM.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire