En 1946, un officier tchèque, le lieutenant-colonel MIKSCHE, qui a rejoint la France Libre pendant le second conflit mondial, participe au renouveau de la pensée militaire française. S'appuyant sur l'histoire militaire, il rédigera de nombreux ouvrages et articles pour alimenter la réflexion opérationnelle et donner aux jeunes officiers les bases ou paradigmes propre à la réflexion sur les conflits à venir. C'est dans ce cadre que paraît "Paratroupes", une étude passionnante sur l'histoire, l'organisation et l'emploi tactique des forces aéroportées (au sens large). Au travers de ces écrits, on devine les engagements à venir (Indochine, Suez) mais aussi les déploiements depuis les airs plus contemporains. En revanche, certaines idées méritent d'être aujourd'hui revisitées pour redonner à "l'enveloppement vertical" une nouvelle dynamique.
Le lieutenant-colonel MIKSCHE fait donc, dans un premier temps, un rappel sur la naissance des forces aéroportées, citant notamment le réglement de l'armée allemande sur le commandement : "La guerre est en constante évolution. De nouvelles armes créent de nouvelles formes de combat. Prévoir avec exactitude cette évolution technique, évaluer l'effet d'une arme nouvelle sur le déroulement de la bataille et devancer l'adversaire dans son emploi sont les conditions essentielles du succès". Il revient sur l'idée que le fondement de toute opération militaire se trouve dans le mouvement, c'est-à-dire la combinaison du temps et de l'espace avec des critères de succès majeurs que représentent la vitesse d'exécution et la surprise.
Il explique que le développement des parachutistes militaires débute dans les années 1930 en Russie avec un premier exercice réel engageant un officier et 8 hommes qui réalisent un coup de main sur un poste de commandement de corps d'armée. Un corps aéroporté de l'Armée Rouge, alimenté par les stagiaires de l'Ossoviakhim, sera ensuite créé mais sera peu utilisé pendant le second conflit mondial. Les Britanniques, en revanche font un effort sur la 3ème dimension, dès 1940 et ce, jusqu'aux manoeuvres du débarquement en 1944 et les combats en Hollande (Market Garden). L'exemple de l'action dans les lignes arrières japonaises en 1943, en Birmanie, est vu également comme une illustration parfaite de l'emploi des "Paratroupes".
L'autre référence initiatrice présentée est le cas allemand dont les forces armées testent le concept aéroporté pendant la guerre d'Espagne en 1936 sous les ordres de la légion aérienne Condor. En parrallèle, un pont aérien inédit est déployé par les Allemands pour transporter les contingents marocains de Franco (8 899 soldats, 44 canons, 90 mitrailleuses et 137 tonnes de munitions et de matériel) entre Tétouan et Tablada (près de Séville) avec un groupe aérien de 42 pilotes sur Junkers 52.
S'en suivit des engagements plus ou moins réussis et ceci, que l'on pense à l'attaque sur l'Autriche, la prise d'Oslo ou l'échec des largages sur Dombos et Narvik en Norvège (pertes importantes pour le 1er régiment de Stendal et les hommes de Dietl).
L'auteur fait ensuite un focus sur les opérations aéroportées de Hollande en 1940 mais aussi en 1944 pour mettre en évidence la nécessaire coordination avec l'action terrestre en cours, soit directement au contact, soit dans la saisie de points de franchissement. La catastrophe d'Arnhem démontre ainsi les limites d'une action trop ambitieuse, décorrélée de la manoeuvre aéroterrestre amie ainsi que des limites de l'appui aérien dans la profondeur.
De la même façon, l'opération allemande en Grèce (prise de Corinthe par des unités du 11ème corps aérien du général Student), pour couper la retraite britannique, puis en Crète (25 à 30 000 hommes) demeure un exemple caractéristique de l'emploi de la capacité aéroportée dans toutes ses configurations. Dans cette campagne, grâce à ces paras ou troupes aérotransportées (troupes de montagne en particulier), "le Haut-Commandement allemand allait appliquer les principes tactiques qu'il avait déjà expérimentés maintes fois dans les passages de rivière : prendre d'abord par surprise de petites têtes de pont, puis étendre ces gains territoriaux jusqu'à disposer autour d'un aérodrome d'une base d'opération suffisante".Un ordre de bataille fut préparé avec le 11ème corps aéroporté et deux divisions de Montagne, l'ensemble appuyé par le 8ème corps aérien du général von Richthofen et 12 à 14 escdrilles de transport (650 à 700 avions). Devant l'évolution des combats et les succès obtenus à l'ouest de l'île, le plan initial (3 sites d'atterrissage d'égal facture) fut transformé pour permettre la rupture à l'ouest : " tout ceci s'accorde fort bien avec la tactique allemande des changements de points d'application". L'utilisation de planeurs désorienta les défenseurs, ces derniers s'attendant à des nuées de parachutistes. Malgré tout, les Allemands connurent aussi, à cette occasion, des difficultés opérationnelles avec, notamment, de lourdes pertes sur Malème. Un des facteurs de supériorité des "Paratroupes" demeura toutefois la proximité des aérodromes grecs, permettant à la Luftwaffe d'appuyer, en permanence, les troupes au sol et de maintenir la supériorité aérienne au-dessus de l'espace de bataille.
L'auteur part en suite de ces queqlues exemples historiques pour conceptualiser l'emploi tactique des forces aéroportées mais selon sa propre analyse.
A suivre...
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