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« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

dimanche 9 octobre 2011

Les méthodes extrêmes des sud-Coréens pour s’assurer de l’ardeur au combat de la population ?

Nous publions aujourd’hui une réflexion très intéressante du commandant Yann Couderc qui s’interroge sur l’équipement a priori paradoxal de l’armée sud-coréenne avec, en filigrane, les principes de Sun Tsu.
Un aspect de l’armée sud-coréenne m’intrigue, et je ne suis pas sûr d’avoir la bonne explication :
En Corée du Sud, la majorité des divisions d’infanterie ne disposent pas de moyens de locomotion autonomes (hors unités d'appui et de soutien). L'essentiel des unités se déplacent donc à pied ou sont statiques. Lorsqu’une unité doit absolument être bougée, des éléments de transport organiques au corps d’armée sont alors ponctuellement utilisés. La doctrine d’emploi, fournie par les Américains, est pourtant celle d’une guerre mobile. Officiellement, les militaires sud-coréens expliquent que cette situation paradoxale est due au manque d’argent. Cette réponse me paraît cependant surprenante pour une armée aussi moderne et pourvue de moyens…
Ne pourrait-on alors pas envisager que les dirigeants politiques et militaires, craignant que le moral des troupes actuelles soit sujet à caution en cas d’attaque du Nord -à l’instar de ce qu’il fut lors de la Guerre de Corée- pourraient ainsi estimer plus « productif » d’obliger les troupes à tenir le terrain en évitant de leur donner les moyens de freiner un peu trop dans la profondeur ?...
Comme le disait Sun Tzu :
« On jette [ses hommes] dans une situation sans issue, de sorte que, ne pouvant trouver le salut dans la fuite, il leur faut défendre chèrement leur vie. […] Quand [le général] mène ses hommes au combat, c’est comme s’il leur retirait l’échelle sous les pieds après les avoir fait grimper en haut d’un mur. »
Yann COUDERC

2 commentaires:

  1. Cela me fait penser au colonel Kurtz, celui de Coppola et non celui de Conrad, qui estimait qu'avec une division d'hommes aguerris comme l'étaient les combattants nord-vietnamiens, il gagnerait la guerre.

    C'est sans compter à mon sens sur trois facteurs déterminants dans le comportement et la ténacité du soldat:
    - l'appartenance culturelle;
    - les habitus moraux de son milieu social;
    - l'éloignement territorial (engagements en terre étrangère);

    Ces trois facteurs entraveront ou motiveront l'action et le comportement du soldat:
    - isolé dans une culture qui lui est étrangère;
    - confronté à des codes qu'il doit intégrer sans en comprendre la logique;
    - détaché d'un soutien national ou d'un patriotisme territorial.

    VS

    - camouflé dans un contexte culturel maternel (comme la langue);
    - expert dans le décryptage des habitus qui l'entourent (altérité reconnue);
    - enhardi par un sentiment de proximité.

    Nous oublions qu'outre l'augmentation de conflits extérieurs, nous imposons à nos soldats de lutter pour des causes globales qu'ils ne sont parfois pas plus à même de comprendre que la population dont ils sont issus.

    L'aguerrissement est une chose. l'identité sociale en est une autre.

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  2. Certes, Sun Tzu est lu, enseigné et parfois appris par coeur depuis des générations dans cette région, aussi le côté révoltant de cynisme de cette citation échappe probablement aux Coréens.
    Surtout, un coup d’œil rapide au terrain est instructif :
    - une capitale d'au moins 22 millions d'habitants en développement rapide vers la zone démilitarisée, déjà située à moins de 60 km... Freiner dans la profondeur signifierait la fin immédiate de la guerre avec la prise par l'ennemi de presque la moitié de la population du pays.

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