La période coloniale du XIVème siècle et de la première partie du XXème
siècle.
A l’été 1830, l’armée française du
général de Bourmont s’empare d’Alger et voit se former, face à elle, la
résistance de divers groupuscules soutenus par des religieux locaux qui
appellent, dès le 26 juillet, la population au « Jihad » contre l’envahisseur. En 1832, ces insurgés
s’organisent avec, d’un côté le Bey du Constantinois, et de l’autre un marabout
mystique qui se fait nommer émir par des tribus du Mascara, Abdel Kader. Ce
dernier négocie d’abord avec les chefs militaires français mais l’accroissement
de son pouvoir ainsi que le soutien de puissances européennes (Prusse) en font
rapidement un adversaire dangereux pour l’expansion coloniale française. A ce
titre, il fait l’objet de campagnes militaires et de raids (dont la saisie de
sa « Smala » assurant la
logistique de ses combattants) d’autant qu’il tend, en 1835, une embuscade
sanglante contre un détachement français du général Trezel au milieu des marais
proches de la rivière Macta. Traqué, il faudra l’intervention successive des
généraux Bugeaud et Sillègue tout comme le déploiement de près de 100 000
hommes pour défaire la guérilla d’Adbel Kader et ce, afin que celui-ci finisse
par se rendre au duc d’Aumale en 1847.
La France devra ensuite pacifier le reste de l’Algérie face aux insurrections kabyles, à celles du Sahara comme à celles d’El-Mokrani dans le centre du pays (dont les combattants sont exhortés par les discours du dévot Cheik Haddad). Si les unités conventionnelles maintiennent l’ordre parallèlement aux efforts pour diviser les tribus et affaiblir l’insurrection, cette dernière remporte régulièrement des succès tactiques face à des modes d’action inadaptés ou face à des officiers interprétant mal les coutumes locales. C’est le cas par exemple de la mission Flatters qui devait relier l’Algérie au Soudan mais sera massacrée par des Touaregs au puits d’Amgi en 1881.
La France devra ensuite pacifier le reste de l’Algérie face aux insurrections kabyles, à celles du Sahara comme à celles d’El-Mokrani dans le centre du pays (dont les combattants sont exhortés par les discours du dévot Cheik Haddad). Si les unités conventionnelles maintiennent l’ordre parallèlement aux efforts pour diviser les tribus et affaiblir l’insurrection, cette dernière remporte régulièrement des succès tactiques face à des modes d’action inadaptés ou face à des officiers interprétant mal les coutumes locales. C’est le cas par exemple de la mission Flatters qui devait relier l’Algérie au Soudan mais sera massacrée par des Touaregs au puits d’Amgi en 1881.
Néanmoins, le contrôle du pays est réalisé
au travers du nouveau maillage militaro-administratif des « Bureaux arabes ». Ces derniers sont
au contact de la population et des notables locaux tout en symbolisant l’Etat
français aux confins de l’Algérie. Cette méthode, alliant répression brutale et
contact avec les peuples indigènes, est utilisée sur divers théâtres coloniaux
par les généraux Lyautey et Gallieni : au Maroc, en Indochine comme en
Afrique noire (conquête de l’Afrique occidentale) ou à Madagascar. A chaque
fois, les combats ayant pris fin, les troupes françaises facilitent le retour
aux administrations, construisent des écoles, favorisent l’agriculture et le commerce
(marchés) ou bâtissent des infrastructures de transports (chemins de fer,
ponts, routes) pour désenclaver les régions pacifiées. Ces actions
civilo-militaires, pour utiliser un terme contemporain, sont ainsi sensées
permettre la normalisation de la situation et l’acceptation des nouveaux
colons.
Pour tous les autres pays occidentaux,
comme le décrit Charles Calwell dans son livre « Petites guerres », l’adaptation militaire à ces combats
irréguliers est difficile. Que ce soient les Britanniques au Soudan face aux
derviches du Mahdi, en Afrique du Sud contre les Zoulous ou les Boers mais aussi
les Russes opposés aux Tatares,
la puissance de feu ne suffit plus pour vaincre. Comme en feront l'expérience les Français au Mexique en 1863, la bataille décisive, si
chère à Clausewitz, n’est que rarement permise aux belligérants. Une nécessaire
adaptation à ces menaces asymétriques est alors menée par les forces conventionnelles européennes pour protéger sur ces théâtres "exotiques" les acquis
territoriaux, les unités (fortifications, camps retranchés) ou tout simplement les lignes de communication nécessaire à une logistique efficace. Aussi,
voit-on apparaître des unités spécialisées comme les « Camel Corps » anglais chargés de
tenir les points d’eau soudanais, les colonnes mobiles du colonel Du Pin au Mexique,
la mise en place de postes militaires pour quadriller les régions voire le
massacre des troupeaux et des cultures des insurgés pour les priver de leur
logistique (troupes tsaristes au Turkestan). La mobilité opérative (à l’image
des cavaliers boers qui pallie l’infériorité des effectifs par l’ubiquité des
attaques et le harcèlement sur de larges espaces) tout comme les tactiques en
rideaux (dans la profondeur) influencent les principes et la doctrine
européenne, comme en témoignent les débats à l’Ecole supérieure de guerre
française à la fin du XIXème siècle.
Malgré les hécatombes des tranchées et
le retour à la guerre totale, le premier conflit mondial voit dans sa
périphérie l’utilisation de la guérilla. C’est le cas dans la péninsule
arabique et en Palestine où un officier britannique, Lawrence d’Arabie, organise
le soulèvement militaire arabe contre les armées ottomanes. Ces dernières,
confrontées aux attaques rebelles sur leurs voies d’approvisionnement ou les
carrefours régionaux ne peuvent consentir suffisamment d’hommes à la
contre-insurrection. Harcelés et affaiblis, les Turcs cèdent devant les
guerriers arabes. Après 1918, les colonies sont de nouveau secouées par des
soulèvements et des insurrections. Néanmoins, la France semble avoir fait la
synthèse des modes d’action de contre-rébellion pour pacifier le Maroc dans les
années 1930 face aux tribus fidèles à Abdel Krim. Aussi, de 1931 à 1934, le
général Huré et son corps colonial vont vaincre tous les nids de résistance
dans des terrains pourtant difficiles (vallées profondes, crêtes hautes et boisées)
dans le grand Atlas. En utilisant des moyens interarmes, des automitrailleuses,
des avions (appui au sol, ravitaillement, renseignement), de l’artillerie mais
aussi des troupes supplétives locales, le général français réussit à vaincre
ses ennemis, avec peu de pertes, sur de longues distances (15 km de profondeur
et 100 km de large). Il déploie ses forces en interdisant les « razzias » mais en privilégiant la
surprise (attaques de nuit ou par conditions météo défavorables), la flanc
garde, la mobilité (utilisation de camions), la prise des points hauts, l’encerclement
et la coupure des lignes de communication adverses. La France développe son
réseau de postes « non morts »
(patrouilles, nomadisation, opérations), construit des pistes et des lignes
téléphoniques. Les bureaux des affaires indigènes distribuent des vivres, des
semences, des arbres fruitiers tout en augmentant le soutien médical des
populations. Celles-ci, même vaincues,
sont respectées dans la reddition. Pour Huré, l’effet final recherché n’est
plus la destruction de l’adversaire mais sa soumission et sa collaboration. Il
affirme déjà que « l’action militaire
est inséparable de l’action politique ».
La deuxième guerre mondiale, quant à
elle, verra l’action forte des maquis et des unités irrégulières (souvent
soutenues par les forces spéciales alliées) derrière les lignes allemandes ou japonaises.
Ces forces paramilitaires demeureront des épées de Damoclès au-dessus de la
tête des occupants que l’on pense à l’action des guérillas philippines entre
1941 et 1945, aux combattants russes sur le front de l’est ou aux maquisards français.
D’ailleurs, le général Eisenhower confiera que les sabotages et autres actions
de ces groupes de résistants aura eu l’effet de plusieurs divisions en 1944, à
l’occasion du débarquement en Normandie. Néanmoins, ces combattants
irréguliers, mal équipés ou privés de leur clandestinité (recherche du combat
conventionnel) seront parfois mis à rude épreuve à l’instar de l’insurrection
parisienne ou du maquis du Vercors.
Pourtant, l’insurrection deviendra une
forme de guerre théorisée et mise en œuvre de manière systématique à partir de
1945 et ce, avec l’émergence des guerres de décolonisation.
A suivre…
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