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samedi 3 août 2013

Tactique soviétique en 1966 : un combat interarmes maîtrisé (2).


Nous poursuivons la réflexion sur la doctrine d'attaque soviétique dans les années 1960 et sa formalisation dans les procédés tactiques.

2- Les différentes formations des unités de mêlée

Pour mener ces actions offensives, l’armée rouge a pris le parti de distinguer 3 formations principales, elles-mêmes découpées en 3 ou 4 dispositifs élémentaires. Ces évolutions simples permettent aux unités de s’entraîner facilement puis de bénéficier d’automatismes rôdés. Ces derniers sont la condition sine qua non pour assurer une manœuvre rapide et continue telle qu’elle est préconisée par la doctrine.

Il s’agit d’abord de la « formation de marche » définie comme une articulation des moyens en colonnes. Celles-ci doivent permettre la vitesse de progression, rendre possible l’exécution des manœuvres et déploiements pour le combat, diminuer la vulnérabilité aux tirs indirects adverses, permettre le principe d’économie des forces et ainsi faciliter le commandement des troupes.
Il y a ensuite la « formation d’approche » (ou formation préparatoire pour le combat) décrite comme un dispositif de moyens étalés frontalement et dans la profondeur. Ceci apporte une protection contre les effets de l’artillerie ou de l’aviation ennemie, rend possible le déploiement rapide en formation de combat et assure un franchissement efficient des zones contaminées ou des zones dites de destruction.
Le passage de la formation de marche à la formation d’approche se traduit, quant à lui, par des fractionnements successifs des colonnes de bataillons en colonnes de compagnies puis en colonnes de sections et ce, à partir de lignes fixées à l’avance par le commandant de l’unité en mouvement.
Enfin, il existe la « formation de combat » qui est une articulation de moyens en ordre déployé. Elle correspond, pour chaque type d’unité au plus grand déploiement qu’il soit possible de réaliser sur le terrain.
Les lignes de coordination sont, comme nous l’avons vu plus haut, les points de repère permettant une manœuvre et un « ballet » tactique fluides, de la ligne de déploiement à la ligne de départ (ou ligne de déploiement en bataille) jusqu’à la ligne de débouché.
Au niveau de ces formations, 4 dispositifs sont distingués que ce soient pour les unités d’infanterie, les chars de combat ou les divers groupements interarmes.
Le dispositif en bataille est employé en terrain découvert afin d’opérer frontalement, selon une ligne plus ou moins régulière, tout en étant relativement bien protégé contre l’action de l’artillerie. C’est le dispositif normal pour l’attaque.
Le dispositif en triangle pointe en avant, utilisé généralement au cours des actions dans la profondeur du dispositif ennemi, ou lorsque la situation, présente une certaine confusion.
Le dispositif en triangle base en avant est mis en œuvre en cours d’action dans les phases défensives où il permet une bonne organisation des feux, voire dans l’attaque de positions ennemies préparées à l’avance.
Le dispositif en échelon débordant vers la gauche ou vers la droite facilitant l’utilisation de tous les moyens de feu tout en se couvrant sur l’un des flancs du déploiement.

3- L’action des feux et du génie
 
Pour appuyer les fantassins et les cavaliers, les armes d’appui sont d’emblée intégrées dans la conception de la manœuvre qui, rappelons-le, demeure la combinaison du feu et du mouvement.
Concernant les différents moyens d’appui feu, ils sont mis en place 1h30 à 2h00 avant l’attaque avec de nombreuses reconnaissances. La préparation de feux débute 30 minutes avant l’engagement avec des moyens conventionnels, chimiques et même nucléaires (2 à 3 Kt de puissance). L’artillerie frappe dans une profondeur de 3 à 5 km, allant même jusqu’à prendre sous son contrôle le tir de certains chars et n’hésitant pas à effectuer des tirs a priori.
Les missions génie sont menées, de leur côté, par des unités spécialisées ou toutes armes (les compagnies de chars comptent par exemple des soldats entraînés à ces actions de sapeurs et mettent en œuvre, en organique, 3 blindés démineurs, une travure et un « dozer »).
Les missions dévolues au génie sont :
- l’équipement de la zone d’attente ;
- le fléchage et l’aménagement des itinéraires ;
- la reconnaissance du terrain et des obstacles de la zone d’action ;
- l’aménagement des brèches ;
- l’appui au mouvement ;
- la pose d’obstacles face aux contre-attaques ennemies.

 
Pour conclure, il apparaît que les différentes formes d’attaque soviétiques détaillées présentent un certain nombre de caractères communs.
Elles laissent au feu la place prépondérante, permettent d’utiliser au maximum les possibilités des moyens blindés et sont basées, à tous les échelons, sur la coopération interarmes.
Même si les procédés tactiques de détail paraissent simplifiés, ils sont parfaitement adaptés à une doctrine recherchant la rapidité, la profondeur et le choc. Facilement assimilables par les unités, ces modes d’action, alors qu’ils datent de 1966, montrent une réelle pertinence à l’heure du combat lacunaire, du retour de l’art opératif et du travail interarmes.
D’autres missions, comme le franchissement ou la marche à l’ennemi nécessiteront donc une étude appliquée des techniques de l’armée Rouge.

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