Au détour de ma visite du musée consacré à Alésia, en Bourgogne (voir votre rubrique "Mémoire et évènements"), site qui est remarquablement bien pensé et conçu, j'ai voulu revenir sur ce conflit entre tribus gauloises et légions romaines. Cette guerre aura été tantôt asymétrique (embuscades, methode de la terre brûlée, prises d'otages,...) tantôt disymétrique voire symétrique (batailles de Gergovie, d'Avaricum, siège d'Uxellodunum...). Dans les lignes qui suivent, je m'attarderai ainsi uniquement sur le général de Rome qu'était César et sur ses légionnaires afin de savoir si ces derniers disposaient vraiment d'une supériorité tactique ou technique sur les armées gauloises et si cette confrontation ne pouvait qu'aboutir à une victoire militaire de Rome.
César le général.
Comme ses contemporains, César n'a pas été formé dans une école d'officier mais il dispose d'une solide culture militaire acquise dans sa jeunesse ou par ses lectures. Il a probablement lu le traité d'art militaire de Caton, les mémoires de Sylla et de Catulle ou des ouvrages grecs comme "L'Hypparque" de Xénophon. Il a de la même façon participé à de nombreuses campagnes avant d'attaquer la Gaule et ce, du fait de ses fonctions en Asie ou en Espagne. Frontin, qui rédigea "Les Stratagèmes", considère d'ailleurs César comme un exemple de ce que doit être un bon stratège et illustre l'attitude et les compétences d'un chef de guerre efficace au travers des combats de sa "muse" stratégique. En synthèse, le commandant d'une armée doit synthétiser : "la prévoyance, l'avantage obtenu, la grandeur d'âme et la fermeté".
Plus en détail, les qualités romaines et les savoir-faire d'un bon général sont donc, selon ce théoricien :
Avant la bataille.
-Cacher ses desseins à l'ennemi.
-Epier les desseins de l'ennemi.
-Déterminer une manière de faire la guerre.
-Faire traverser à son armée des lieux infestés d'ennemis.
-S'échapper des lieux les plus désavantageux.
-Les embuscades dressées dans les marches.
-Comment donner l'impression de disposer ce dont on manque ou comment y suppléer.
-Fractionner les forces ennemies.
-Arrêter les séditions dans l'armée.
-Comment mettre un terme à une demande inopportune de combattre.
-Comment on doit exciter l'armée à la bataille.
-Dissiper les craintes inspirées aux soldats par de mauvais présages.
Pendant le combat
-Choisir le moment pour combattre.
-Choisir le lieu pour combattre.
-L'ordre de bataille.
-Troubler l'ordonnancement ennemi.
-Les embuscades.
-Laisser fuir l'ennemi pour éviter, qu'acculé, il ne se rétablisse, mû par l'énergie du désespoir.
-Cacher les revers et les mauvaises nouvelles.
-Rétablir la ligne de bataille par un acte de fermeté.
Après la bataille
-Mener la guerre à sa fin après avoir connu le succès.
-Remédier aux revers qu'après avoir connu l'échec.
-Maintenir dans le devoir ceux à la fidélité douteuse.
-Ce qui doit être fait pour défendre le camp quand on n'a pas confiance en ses forces.
-Faire retraite.
Pour attaquer une place forte
-Les attaques soudaines.
-Tromper les assiégés.
-Inciter à la trahison.
-Réduire l'ennemi par la disette.
-Faire croire que l'on continuera un siège.
-Fractionner les garnisons ennemies.
-Détourner les fleuves et corrompre les eaux.
-Jeter l'épouvante parmi les assiégés.
-Attaquer d'un côté ou personne ne vous attend.
-Dresser des pièges qui attirent les adversaires hors des murs.
-Les retraites simulées.
On le voit, César, a, tout au long de sa guerre des Gaules, mais aussi de sa lutte, pour le pouvoir face à Pompée, mis en pratique ces principes afin de remporter la victoire. Qu'il l'ait fait par instinct, expérience ou réflexion, César n'en demeure pas moins un chef tactique et opératif brillant, sachant adapter ses choix à ses moyens (problèmes logistiques, engagement de mercenaires germains) comme à ses adversaires (légions ou combattants gaulois de Vercingétorix) ou au terrain (oppidums, rivages, rase campagne). Cet atout semble déjà lui donner un avantage sur ses adversaires celtes.
A suivre...
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