Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

jeudi 27 août 2015

La première guerre mondiale au jour le jour : août- septembre 1915.


Le lieutenant-colonel Rousset nous fait partager, comme à l'accoutumée, son analyse des combats du premier conflit mondial qu'il suit au fil des communiqués et des informations qu'il glane auprès de ses camarades des états-majors. Depuis plusieurs semaines, son propos se fait plus hésitant devant les rapports des différentes batailles dont les bilans sont mitigés et à l'image de la violence mais aussi de l'immobilisme de la guerre de position. De la même façon, alors qu'il comptait, comme las Britanniques et les Français sur la puissante armée russe, il découvre les faiblesses de celle-ci dans le domaine de la logistique, de l'artillerie et de l'équipement en général et ce, malgré un courage au feu indéniable. En effet, les troupes du Tzar n'ont de cesse de reculer et de perdre le terrain conquis au début de la guerre face aux coups de boutoir allemand et austro-hongrois.

Dans un autre registre, mi-août 1915, il admet être en accord avec le commandement français qui a décidé de réformer le corps  des officiers d'état-major accusé d'être à la source des échecs tactiques récents. A tel point que certains militent pour supprimer les officiers brevetés de l'Ecole supérieur de guerre (dont le lieutenant-colonel Rousset a été un professeur de tactique), alors que selon notre contemporain :"les officiers brevetés constituent, tant en raison de leurs études antérieures que de leurs acquis et, disons le mot, de leur sélection, une véritable élite. Mais jamais - je dis jamais parce que je parle aussi bien du temps de paix que du temps de guerre - on n'a pas su se servir d'eux. On les a noyé dans la paperasse, submergés sous des flots d'encre qui les empoisonnaient. Et l'on continue, ce qui est plus fâcheux". Il s'agit d'un point de vue intéressant sur l'emploi de cette ressource en officiers sensés trouver les ressorts d'un déblocage du front.
Aussi, il a été décidé de mettre en place un roulement entre les officiers des grands états-majors et ceux des corps de troupe afin que chacun est conscience des conditions d'engagement, des contraintes et des impératifs des uns comme des autres. Pour notre témoin : " je crois bien que son avantage le plus clair et le plus immédiat sera de montrer que ce qui est vraiment à réformer dans les quartiers généraux, ce n'est pas le choix des hommes, mais les méthodes invétérées et routinières qui paralysent tous les essors et toutes les bonnes volontés".
A l'inverse, il semble que du côté allemand, les officiers sont tout entier tournés vers la conception des opérations (même si les résultats ne sont guère plus efficients...). De plus, certains journaux se font l'écho de l'opinion publique davantage critique sur les choix tactiques.
Sur le terrain, les études et les essais se multiplient pour employer les "chiens de guerre" (dont les unités cynophiles sont les héritiers) sur le champs de bataille pour transporter des mitrailleuses, porter des messages ou du ravitaillement.
Le 17 août, les forces françaises relancent leur offensive dans les Vosges (en particulier dans la région de Linge). Les préparatifs dans cette région montagneuse a toute son importance car il faut assurer les lignes de communication avec l'arrière. Dans ce cadre, une route de 12km est construite, une préparation d'artillerie de 10 heures est menée avant un assaut en règle des chasseurs alpins (qui doivent franchir des coupures verticales sous le feu adverse).
Pendant ce temps, les Allemands écrasent une fois de plus les Russes à Kovno (Niémen) sous une pluie de projectiles ouvrant la porte à de nombreuses vallées contiguës. Même constat le 19 août avec l'effondrement de Novo-Georgiewsk au confluent du Bug et de la Vistule. Le lieutenant-colonel Rousset paraît vraiment inquiet sur l'issue de ces revers russes.
Dans les Dardanelles, l'aviation française ne se contente pas de faire des vols de reconnaissances mais bombarde aussi la baie d'Achbachi-Sliman où débarquent les renforts et le ravitaillement turc.
Une bataille navale se déroule dans la baie de Riga que les Allemands cherchent à contrôler mais où ils subissent de lourdes pertes, le 21 août, avec 2 croiseurs, 1 dreadnought et 8 torpilleurs qui sont coulés. Face au littoral belge, le 23 du mois, une escadre anglaise forte de 40 navires bombarde la côte d'Ostende à Blankenberghe et de Zeebruge à Knocke. Les dégâts sur l'artillerie et les infrastructures des forces allemandes sont conséquents. Dans les airs, les 25 et 26, des attaques d'envergure sont lancées par les franco-britanniques comme les 60 appareils engagés entre Ypres et Dixmude. Quant au front de l'est, les armées du Tzar sont contraintes d'évacuer le 26 août Brest-Litovsk.
Le 31 août, un des premiers "as" de l'aviation française, le sous-lieutenant Pégoud est abattu. Alors qu'au sol la sauvagerie est sans limite, un aviateur allemand largue une couronne le 6 septembre sur les lignes françaises avec un message rendant honneur à son adversaire.
Début septembre, sur le front ouest, ce n'est que duels d'artillerie et petites opérations sans envergure. Quant aux Dardanelles, la situation est maintenant figée malgré les efforts de contingents canadiens par exemple. Cela tranche avec la guerre de mouvement en Russie (Hindenburg continue de progresser), la guerre des airs et les batailles décisives sur les mers. Le conflit semble étrangement se dérouler selon des tempos fort différents qui laissent présager une continuation des hostilités pendant plusieurs mois voire années encore.
A suivre,...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire