Alors que la France vient de traverser une année 2015 tragique avec des
attentats sur son sol et
alors que les armées, en particulier les forces terrestres, interviennent de
nouveau massivement sur le territoire national en appui des forces de sécurité
intérieures, un élan patriotique semble émerger, notamment chez les plus
jeunes. Ces derniers, souvent les premières victimes de la propagande
islamiste, demeurent néanmoins une des clés pour lutter contre le terrorisme et
pour contribuer à moyen, comme à long terme, au continuum Défense -Sécurité
français.
En
outre, la jeunesse est un des ressorts du lien armée-Nation qui doit être
entretenu à l’heure où les militaires sont engagés dans une défense de l’avant,
loin de nos frontières, au Levant, en Afrique ou dans le Golfe Persique, mais
aussi, dans le quotidien de chaque Français au travers de l’opération
Sentinelle.
Aussi,
l’histoire militaire, souvent le parent pauvre des sciences historiques, a
longtemps été mise de côté dans l’enseignement comme dans la mise en
perspective de la conflictualité en dehors des écoles militaires. Pourtant, de
nombreuses structures comme la DMPA (et en son sein le SHD par exemple),
l’ECPAD mais également les musées, des publications, des médias (télévision,
blogs, radio) offrent aujourd’hui l’opportunité de renouer le lien entre la
jeunesse et son histoire militaire, riche d’enseignements, de valeurs et de
sens face à toute forme d’adversité.
Dans
le passé déjà, l’histoire militaire a été un vecteur d’esprit national, de
patriotisme, même si parfois, cette posture a été prise de manière exagérée. Ce
fut le cas après 1870 où elle fut un des outils pour préparer la France à la
revanche de 1914 à l’image des dessins de Hansi. Les grandes batailles de
Napoléon ont ainsi irrigué l’esprit de « l’offensive à outrance » qui
portera les conscrits au début de la première guerre mondiale, entraînant des
pertes énormes. Néanmoins, ces références, ce sentiment d’unité nationale au
travers d’une histoire commune ou d’un savoir-vivre ensemble a contribué à
donner la force aux soldats de combattre dans des conditions terribles.
Dès
lors, il s’agirait aujourd’hui de renouer avec l’histoire, toute entière, et en
particulier l’histoire militaire. Celle-ci porte en elle tout le génie de notre
pays, au travers des hommes et femmes qui l’ont écrite, ces grands chefs comme
Charlemagne, Du Guesclin, Jeanne d’Arc, Turenne, le Grand Condé, Bureau, Moreau,
Napoléon, Lannes, Gouraud, Foch, Lyautey, Lanrezac, Gallieni, Leclerc, De
Gaulle, De Lattre de Tassigny, Juin, et bien d’autres. Il y a aussi les anonymes,
ces hommes et ces femmes d’exception, professionnels de la guerre ou personnalités
révélées par les évènements dont les destins montrent à chacun ou à chacune, quelque
soient sa condition, son origine, ses croyances comme ses idées, qu’il y a de
la grandeur en chacun d’entre nous dès lors que l’on devient acteur des
circonstances au nom des valeurs de la France.
Mais il y a aussi les progrès
technologiques au service de nos armées et de notre sécurité qui sont portés
par ces Français, de Gribeauval à Yves Rocard père de la bombe atomique
française (notre dissuasion) en passant par Chappe, Deport (canon de 75mm) et Estienne
(chars de bataille). Ces ingénieurs, ces visionnaires démontrent que, malgré le
déterminisme social ou académique qui subsiste parfois, seul le mérite permet d’accomplir
de grandes choses et qu’en France, chacun peut atteindre le succès par son
travail pour participer au rôle de son pays.
Enfin,
il ne faut pas oublier les batailles et les grandes dates militaires de l’histoire
de France, les victoires comme les défaites et ce, sans préjuger d’un régime
politique ou d’une époque. Ces soldats ont écrit, avec leur sang, leur courage
et « leurs pieds » (pour reprendre une expression napoléonienne)
une certaine idée de la France qui fait qu’aujourd’hui on la respecte, parfois
on la craint, souvent on l’écoute. Bouvines, Orléans, Crécy, Marignan, Rocroi,
Fontenoy, Fleurus, Arcole, Austerlitz, Waterloo, Madagascar, La Marne, Verdun,
Sedan, Monte Cassino, Bir Hakeim, Na San, Dien Bien Phu, Alger, Kolweizi,
Sarajevo, Beyrouth ou Tombouctou sont des exemples riches en enseignements que
nous devons remettre en avant au profit des jeunes générations. Celles-ci y
puiseront dans ces combats difficiles et parfois meurtriers un peu de la « résilience »
dont on parle si souvent sans sombrer dans le bellicisme ou les références « va-t’en
guerre ».
En effet, comme le disait Romain Gary « le nationalisme, c’est
la haine des autres, le patriotisme c’est l’amour des siens ». Quoi de
plus fort donc que la fraternité d’armes des Français engagés sur les champs de
bataille de notre histoire pour protéger leurs camarades, leur drapeau, leurs
familles, leurs valeurs, leur culture, leur terre et leurs villages.
En
relisant les campagnes d’hier et les récits des vieux soldats, on donnera à la
jeunesse des points de repère, un sentiment de fierté pour ce qui a été
accompli, des exemples de bravoure et de destins, de l’espoir brandi au milieu des
heures les plus sombres, une liberté défendue jusqu’au sacrifice ultime, l’égalité
devant la violence de la guerre, une fraternité dans la défense de belles
valeurs et des autres.
Renouons
donc aujourd’hui avec l’enseignement de l’histoire militaire qui, loin d’être
une ode à la violence, rappelle que la paix doit se gagner dans l’effort, l’unité
et l’amour de sa patrie, de son pays et de tous ceux qui le composent. Peut-être
que le contexte du moment permettra à l’école comme aux initiatives de service
civique de saisir cette opportunité.
Excellent tout à fait d'accord !...
RépondreSupprimer"2aj"
Bonjour,
RépondreSupprimerEn premier lieu, je tiens à vous remercier pour la tenue de ce blog. Votre travail est très intéressant et d'une richesse indéniable.
Je partage une grande partie de vos propos. Je précise, mais vous devez le savoir, que les programmes d'histoire et d'Enseignement moral et civique permettent à qui le souhaite, d'étudier un document (ou plus) directement en lien avec l'histoire militaire. Je ne manque pas de travailler avec mes élèves sur les batailles de Bouvines, de Valmy et de Verdun mais aussi sur la 2ème DB, les troupes coloniales...
Il est possible également dans les dispositifs du type I.D.D (bientôt E.P.I) d'aborder certaines thématiques. Par exemple, une collègue de Lettres et moi-même avons travaillé sur la Guerre au Moyen-âge.
Les initiatives de ce type sont nombreuses.
Enfin, car je ne veux pas être trop long, chaque établissement du secondaire doit avoir un personnel relais défense dans les cadre des trinômes académiques.
Les efforts entrepris par les ministères (Education, Défense, Culture), les musées et d'autres institutions sont indéniables Il est vrai que de ce point de vue, j'ai la chance de travailler en région parisienne.
Ne croyez pas que je suis un soutien aveugle à la politique ministérielle (je fulmine face à la réforme du collège) mais je tenais à apporter quelques éclairages.
Merci encore pour votre travail
Veuillez recevoir, monsieur, mes salutations dévouées.