Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

dimanche 17 janvier 2016

Plaidoyer pour un enseignement de l’histoire militaire à la jeunesse, à l’école comme dans le cadre d’un service civique rénové.


Alors que la France vient de traverser une année 2015 tragique avec des attentats sur son sol et alors que les armées, en particulier les forces terrestres, interviennent de nouveau massivement sur le territoire national en appui des forces de sécurité intérieures, un élan patriotique semble émerger, notamment chez les plus jeunes. Ces derniers, souvent les premières victimes de la propagande islamiste, demeurent néanmoins une des clés pour lutter contre le terrorisme et pour contribuer à moyen, comme à long terme, au continuum Défense -Sécurité français.

En outre, la jeunesse est un des ressorts du lien armée-Nation qui doit être entretenu à l’heure où les militaires sont engagés dans une défense de l’avant, loin de nos frontières, au Levant, en Afrique ou dans le Golfe Persique, mais aussi, dans le quotidien de chaque Français au travers de l’opération Sentinelle.

Aussi, l’histoire militaire, souvent le parent pauvre des sciences historiques, a longtemps été mise de côté dans l’enseignement comme dans la mise en perspective de la conflictualité en dehors des écoles militaires. Pourtant, de nombreuses structures comme la DMPA (et en son sein le SHD par exemple), l’ECPAD mais également les musées, des publications, des médias (télévision, blogs, radio) offrent aujourd’hui l’opportunité de renouer le lien entre la jeunesse et son histoire militaire, riche d’enseignements, de valeurs et de sens face à toute forme d’adversité.


Dans le passé déjà, l’histoire militaire a été un vecteur d’esprit national, de patriotisme, même si parfois, cette posture a été prise de manière exagérée. Ce fut le cas après 1870 où elle fut un des outils pour préparer la France à la revanche de 1914 à l’image des dessins de Hansi. Les grandes batailles de Napoléon ont ainsi irrigué l’esprit de « l’offensive à outrance » qui portera les conscrits au début de la première guerre mondiale, entraînant des pertes énormes. Néanmoins, ces références, ce sentiment d’unité nationale au travers d’une histoire commune ou d’un savoir-vivre ensemble a contribué à donner la force aux soldats de combattre dans des conditions terribles.

Dès lors, il s’agirait aujourd’hui de renouer avec l’histoire, toute entière, et en particulier l’histoire militaire. Celle-ci porte en elle tout le génie de notre pays, au travers des hommes et femmes qui l’ont écrite, ces grands chefs comme Charlemagne, Du Guesclin, Jeanne d’Arc, Turenne, le Grand Condé, Bureau, Moreau, Napoléon, Lannes, Gouraud, Foch, Lyautey, Lanrezac, Gallieni, Leclerc, De Gaulle, De Lattre de Tassigny, Juin, et bien d’autres. Il y a aussi les anonymes, ces hommes et ces femmes d’exception, professionnels de la guerre ou personnalités révélées par les évènements dont les destins montrent à chacun ou à chacune, quelque soient sa condition, son origine, ses croyances comme ses idées, qu’il y a de la grandeur en chacun d’entre nous dès lors que l’on devient acteur des circonstances au nom des valeurs de la France.
Mais il y a aussi les progrès technologiques au service de nos armées et de notre sécurité qui sont portés par ces Français, de Gribeauval à Yves Rocard père de la bombe atomique française (notre dissuasion) en passant par Chappe, Deport (canon de 75mm) et Estienne (chars de bataille). Ces ingénieurs, ces visionnaires démontrent que, malgré le déterminisme social ou académique qui subsiste parfois, seul le mérite permet d’accomplir de grandes choses et qu’en France, chacun peut atteindre le succès par son travail pour participer au rôle de son pays.

Enfin, il ne faut pas oublier les batailles et les grandes dates militaires de l’histoire de France, les victoires comme les défaites et ce, sans préjuger d’un régime politique ou d’une époque. Ces soldats ont écrit, avec leur sang, leur courage et « leurs pieds » (pour reprendre une expression napoléonienne) une certaine idée de la France qui fait qu’aujourd’hui on la respecte, parfois on la craint, souvent on l’écoute. Bouvines, Orléans, Crécy, Marignan, Rocroi, Fontenoy, Fleurus, Arcole, Austerlitz, Waterloo, Madagascar, La Marne, Verdun, Sedan, Monte Cassino, Bir Hakeim, Na San, Dien Bien Phu, Alger, Kolweizi, Sarajevo, Beyrouth ou Tombouctou sont des exemples riches en enseignements que nous devons remettre en avant au profit des jeunes générations. Celles-ci y puiseront dans ces combats difficiles et parfois meurtriers un peu de la « résilience » dont on parle si souvent sans sombrer dans le bellicisme ou les références « va-t’en guerre ».
En effet, comme le disait Romain Gary « le nationalisme, c’est la haine des autres, le patriotisme c’est l’amour des siens ». Quoi de plus fort donc que la fraternité d’armes des Français engagés sur les champs de bataille de notre histoire pour protéger leurs camarades, leur drapeau, leurs familles, leurs valeurs, leur culture, leur terre et leurs villages.
En relisant les campagnes d’hier et les récits des vieux soldats, on donnera à la jeunesse des points de repère, un sentiment de fierté pour ce qui a été accompli, des exemples de bravoure et de destins, de l’espoir brandi au milieu des heures les plus sombres, une liberté défendue jusqu’au sacrifice ultime, l’égalité devant la violence de la guerre, une fraternité dans la défense de belles valeurs et des autres.

Renouons donc aujourd’hui avec l’enseignement de l’histoire militaire qui, loin d’être une ode à la violence, rappelle que la paix doit se gagner dans l’effort, l’unité et l’amour de sa patrie, de son pays et de tous ceux qui le composent. Peut-être que le contexte du moment permettra à l’école comme aux initiatives de service civique de saisir cette opportunité.

2 commentaires:

  1. Excellent tout à fait d'accord !...
    "2aj"

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  2. Bonjour,

    En premier lieu, je tiens à vous remercier pour la tenue de ce blog. Votre travail est très intéressant et d'une richesse indéniable.

    Je partage une grande partie de vos propos. Je précise, mais vous devez le savoir, que les programmes d'histoire et d'Enseignement moral et civique permettent à qui le souhaite, d'étudier un document (ou plus) directement en lien avec l'histoire militaire. Je ne manque pas de travailler avec mes élèves sur les batailles de Bouvines, de Valmy et de Verdun mais aussi sur la 2ème DB, les troupes coloniales...

    Il est possible également dans les dispositifs du type I.D.D (bientôt E.P.I) d'aborder certaines thématiques. Par exemple, une collègue de Lettres et moi-même avons travaillé sur la Guerre au Moyen-âge.
    Les initiatives de ce type sont nombreuses.
    Enfin, car je ne veux pas être trop long, chaque établissement du secondaire doit avoir un personnel relais défense dans les cadre des trinômes académiques.
    Les efforts entrepris par les ministères (Education, Défense, Culture), les musées et d'autres institutions sont indéniables Il est vrai que de ce point de vue, j'ai la chance de travailler en région parisienne.

    Ne croyez pas que je suis un soutien aveugle à la politique ministérielle (je fulmine face à la réforme du collège) mais je tenais à apporter quelques éclairages.

    Merci encore pour votre travail

    Veuillez recevoir, monsieur, mes salutations dévouées.

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