La logistique est bien souvent le "parent pauvre" de la réflexion tactique car nombre de praticiens considèrent, souvent à tort, que la victoire ne sera que le fait d'une bonne combinaison des fonctions opérationnelles de mêlée (infanterie et cavalerie) et d'appui (génie et artillerie). Pourtant, l'histoire militaire ainsi que de nombreuses campagnes prouvent que le soutien d'une force, qu'il soit bien ou mal mené, conditionne les succès ou les échecs sur le champ de bataille. En effet, comme nous le verrons, la logistique contribue aux trois principes majeurs de la guerre en influencant et en déterminant la liberté d'action (transport stratégique, carburant, régulation des axes...), la concentration des efforts (munitions, mobilité...) et l'économie des moyens (maintenance, soutien sanitaire...).
Aussi, après avoir rappelé les fondements de la pensée logistique militaire, nous détaillerons les 9 principes qui doivent orienter la planification, l'emploi et le développement des unités comme des moyens spécifiques propres au soutien d'une force.
1- La pensée logistique.
Même si elle n'a pas toujours été formalisée par les penseurs militaires, la logistique appparaît régulièrement dans les textes théoriques ou les récits de combat. Le chinois Se-Ma (IVème siècle avant JC) relate déjà le besoin de créer des centres de ravitaillement et écrit "mettez une partie de vos soins à empêcher que l'armée ennemie ne puisse recevoir de vivres".
Que ce soit dans l'"Anabase" de Xenophon ou la "Guerre des Gaules" de César, les auteurs mettent également l'accent sur la nécessité de disposer des ressources nécessaires à l'entretien d'une armée et ce, pour réaliser les 132 étapes des 2500 km de l'épopée des "10 000" grecs ou pour vaincre les provinces gauloises en révolte. A l'époque, même si l'hoplite ou le légionnaire transporte son équipement et ses vivres (30 à 40 kg), il existe de nombreux bagages transportés dans des chariots (eau, fourrage, outillage), des navires empruntant les voies fluviales et des armes de siège (balistes, catapultes...) qui suivent les unités et s'arrêtent dans des gîtes d'étape aménagés (mutatio positionnés tous les 12 km et mansio tous les 24 km). César est d'ailleurs obnublié par la sécurisation de ses lignes de communication, n'hésitant pas à consacrer une légion à la vallée du Rhône. De l'Antiquité au XVIIIème les armées vivent souvent sur le pays qu'elles traversent, pillant les villes et les villages, lançant des soldats à la recherche de troupeaux, de gibiers et de bois de chauffe (c'est ce que l'on appelle "fourrager"). Il faut attendre Napoléon pour voir apparaître les prémices d'une organisation logistique formelle avec la création en 1806 des compagnies du train des équipages mais aussi la mise en place de commissaires à l'intendance. Pour le service de santé, Larrey crée les divisions et les dépôts d'ambulance pendant que Percy invente les "caissons de Wutrz" (chariot avec le matériel et le personnel soignant nécessaire au traitement de 1200 blessés). Clausewitz, dans "De la guerre" insiste, pour sa part, sur le rôle de la logistique qui agit sur 4 des 7 causes indispensables à une armée pour obtenir la supériorité sur son adversaire : il s'agit du taux de perte, des pertes en matériels, de la perte en approvisionnements et de l'utilisation des ressources ennemies. Jomini approfondira, comme l'Empereur, les problématiques de bases et de lignes d'opération pour assurer à la troupe sa liberté de manoeuvre.
Que ce soit dans l'"Anabase" de Xenophon ou la "Guerre des Gaules" de César, les auteurs mettent également l'accent sur la nécessité de disposer des ressources nécessaires à l'entretien d'une armée et ce, pour réaliser les 132 étapes des 2500 km de l'épopée des "10 000" grecs ou pour vaincre les provinces gauloises en révolte. A l'époque, même si l'hoplite ou le légionnaire transporte son équipement et ses vivres (30 à 40 kg), il existe de nombreux bagages transportés dans des chariots (eau, fourrage, outillage), des navires empruntant les voies fluviales et des armes de siège (balistes, catapultes...) qui suivent les unités et s'arrêtent dans des gîtes d'étape aménagés (mutatio positionnés tous les 12 km et mansio tous les 24 km). César est d'ailleurs obnublié par la sécurisation de ses lignes de communication, n'hésitant pas à consacrer une légion à la vallée du Rhône. De l'Antiquité au XVIIIème les armées vivent souvent sur le pays qu'elles traversent, pillant les villes et les villages, lançant des soldats à la recherche de troupeaux, de gibiers et de bois de chauffe (c'est ce que l'on appelle "fourrager"). Il faut attendre Napoléon pour voir apparaître les prémices d'une organisation logistique formelle avec la création en 1806 des compagnies du train des équipages mais aussi la mise en place de commissaires à l'intendance. Pour le service de santé, Larrey crée les divisions et les dépôts d'ambulance pendant que Percy invente les "caissons de Wutrz" (chariot avec le matériel et le personnel soignant nécessaire au traitement de 1200 blessés). Clausewitz, dans "De la guerre" insiste, pour sa part, sur le rôle de la logistique qui agit sur 4 des 7 causes indispensables à une armée pour obtenir la supériorité sur son adversaire : il s'agit du taux de perte, des pertes en matériels, de la perte en approvisionnements et de l'utilisation des ressources ennemies. Jomini approfondira, comme l'Empereur, les problématiques de bases et de lignes d'opération pour assurer à la troupe sa liberté de manoeuvre.
Mais les vrais penseurs de la logistique militaire naissent au début du XXème siècle à l'instar de l'amiral Henry E. Eccles qui développe le concept de "military economics" (flexibilité des moyens), de Van Creveld (libération de l'Europe en 1944-45 décrite comme une "supplying war"). Les guerres modernes ont donc nécessité une rationalisation du soutien pour durer, permettre la mécanisation des forces, entretenir des armées de masse, disposer des munitions nécessaires à une artillerie de plus en plus puissante ou favoriser des élongations extraordinaires en temps contraint. De Pétain créant la "Voie sacrée" pour ravitailler Verdun en 1916 à l'expédition britannique des Malouines au milieu de l'Atlantique en passant par la guerre dans le Pacifique, de nombreux chefs militaires ont dû penser la logistique ou frapper celle de l'ennemi pour être victorieux.
A suivre...
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