L'étude des batailles du premier conflit mondial met souvent en avant les terribles assauts meurtriers, le combattant englué au fond de tranchées, le fracas et la puissance du feu d'artillerie qui annihile toute manœuvre. Néanmoins, certains auteurs ont démontré qu'en 1918, l'armée française s'était remarquablement adaptée pour renouer avec la guerre de mouvement avec une doctrine interarmes associant des fantassins mieux équipés, des appui feux coordonnés, des chars d'assaut ou une aviation maîtrisant le ciel. Il apparaît donc intéressant de se pencher sur l'héritage tactique, ou sa perception, voire son interprétation à la fin des années 1920. Pour cela, j'ai pu consulter un ouvrage rédigé par le commandant Bouchacourt (qui terminera sa carrière comme général commandant la 42ème division d'infanterie), en 1927, et édité aux éditions Lavauzelle. L'auteur y traite presque exclusivement de l'infanterie, dans l'attaque et la défense et cherche à théoriser l'emploi de cette arme pour les combats à venir en s'appuyant exclusivement sur les enseignements des combats de la Grande guerre et sur les textes réglementaires en vigueur au moment de l'écriture de son traité. Nous verrons que cette démarche le conduit, de fait, à faire preuve à la fois d'une belle clairvoyance sur certains principes fondateurs (surprise, audace, réserves,...) mais aussi d'une pensée quelque peu sclérosée dans les schémas proposés notamment pour les missions défensives, carcan que l'on retrouvera en 1940 lors de la campagne de France.
1-L'attaque
Elle fait l'objet d'un "règlement de manœuvre d'infanterie" qui détaille 4 phases distinctes : l'approche, la prise de contact, l'assaut, la conservation du terrain conquis ou l'exploitation du succès. Cette analyse paraît judicieuse au premier abord mais elle est adossée à un exemple particulier, celui de l'attaque des armées alliées le 8 août 1918 face à des forces allemandes épuisées.
L'auteur décrit alors, en guise d'illustration, le secteur d'une division française avant l'assaut, unité qui dispose sur 1 200 mètres de front de 2 régiments d'infanterie, 2 régiments de chasseurs, 7 groupes de canons de 75mm (120 pièces), 3 groupes de 155mm et 4 groupes de 220mm. Il y a clairement une puissance de feu qui doit permettre la rupture des défenses adverses, ce qui fait dire au commandant Bouchacourt avec une réelle justesse tactique mais aussi une certaine certitude qu' "à vouloir tout prévoir dans trop de détails, on s'expose à ne pas tenir assez compte de l'imprévu du combat et à mettre les exécutants très rapidement, au cours de l'action, en face d'un bouleversement complet des dispositions arrêtées d'une façon trop précise". Dans les faits, l'attaque menée a été préparée minutieusement, minute par minute (points de passage, itinéraires, déploiement, place des mitrailleuses) derrière un barrage roulant que les fantassins suivent au plus près.
S'ensuit une étude fine du dispositif de défense allemand avec, en point d'orgue, la nécessité de neutraliser les "sonnettes" ou P.P (Widerstandnester), groupes de 6 à 8 hommes commandés par un sous-officier, placés dans des trous organisés en avant de la ligne de résistance mais également armés d'une mitrailleuse légère pour tenir sur place et perturber l'attaque des assaillants. L'étape suivante est qualifiée d'irruption dans la position ennemie et de sa traversée dans la profondeur.
A suivre...
Image ECPAD.
S'ensuit une étude fine du dispositif de défense allemand avec, en point d'orgue, la nécessité de neutraliser les "sonnettes" ou P.P (Widerstandnester), groupes de 6 à 8 hommes commandés par un sous-officier, placés dans des trous organisés en avant de la ligne de résistance mais également armés d'une mitrailleuse légère pour tenir sur place et perturber l'attaque des assaillants. L'étape suivante est qualifiée d'irruption dans la position ennemie et de sa traversée dans la profondeur.
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