Nous poursuivons notre réflexion initiée sur la victoire.
Les fondements de la
victoire
La victoire, nous l’avons vu
au travers de l’histoire, repose sur des fondements et des invariables quelle
que soit l’époque ou l’influence culturelle. Elle joue un rôle dans la vie de
la Cité au sens large, dans l’institution militaire mais aussi dans la
perception de l’ennemi ou de la conflictualité.
En effet, être victorieux, c’est :
- Protéger
Une population, des
ressources ou des frontières et au-delà, c’est préserver la souveraineté d’un
Etat, son indépendance, ses idées, ses valeurs ou un patrimoine, physique ou immatériel.
- Neutraliser
Une menace, un adversaire qui
cherche à détruire, conquérir, asservir ou encore à terroriser. La violence
doit être neutralisée par un usage de la force mesuré mais déterminé. C’est également
triompher sur le champ de bataille comme dans les domaines économiques, dans la
recherche ou sur le plan de l’innovation (scientifique, technologique,
sociétal).
- Gagner
Des ressources, des
territoires qui auraient été occupés par un adversaire. Mais c’est aussi gagner
ou regagner une légitimité, la paix, la sécurité ou la fin d’une crise. Il s’agit
de revenir à un nouvel équilibre et in
fine de gagner en stabilité et en prospérité.
- Transcender
Des clivages politiques ou
sociaux pour s’unir et faire front face à un ennemi ou une agression. C’est
développer les liens d’une armée, d’un peuple, de plusieurs pays pour faire
triompher des idées, une certaine vision politique ou le respect du droit.
- Bâtir
L’histoire, des références
communes, un sentiment partagé du vivre ensemble, un héritage culturel et
émotionnel. La victoire contribue à la cohésion sociale au-delà des
communautarismes car elle s’appuie sur des moments de gloire partagés, des
héros (combattants, résistants, généraux, responsables politiques, artistes,
scientifiques,…), des figures ou symboles (monuments, œuvres, bannières, chants…),
reconnus de tous comme porteurs d’un message commun et de valeurs.
- Eduquer
Les citoyens au sens de l’intérêt
général tout en capitalisant sur les victoires pour être plus résilients à l’heure
de la défaite, de l’agression, de la tragédie, d’une menace nouvelle. La
victoire resserre les liens intergénérationnels en permettant l’échange entre l’expérience
des plus vieux, l’audace des plus jeunes et l’engagement de tous.
- Respecter
Le sacrifice de ceux qui nous
ont précédés et se sont battus avant nous. C’est aussi le respect de valeurs, celui
de l’ennemi (malgré sa violence parfois totale) pour donner la légitimité au
combat. Chacun peut être ainsi fier de ce qui est entrepris, accepter de faire
usage de la force pour un état final recherché qui a du sens.
- Espérer
Cet espoir bâti sur la
victoire permet d’éclairer l’avenir, de tourner les énergies vers des
lendemains meilleurs, d’ouvrir de nouvelles voies sur les ruines des champs de
bataille et des guerres, tout en donnant un sens au sacrifice de ceux qui sont
tombés ou ont voué leur vie pour le succès (militaire mais pas seulement).
Renouer avec la victoire
aujourd’hui
Comme nous le suggérions en
introduction, le terme de victoire peine à être employé dans nos sociétés.
Pourtant, plus que jamais le sentiment d’être victorieux devrait nous permettre
d’appréhender les défis de ce début de siècle.
Alors que nos soldats sont
engagés souvent loin des frontières nationales, comment ne pas admettre que
leur action (et le sacrifice de certains d’entre eux, blessés ou tués en
opérations) n’a pas été vain. D’Ex-Yougoslavie au Mali, sans compter le Liban,
l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire ou la Centre-Afrique, la victoire a été, ou est
encore, au rendez-vous. Elle est tactique, bien évidemment, dans les succès du
quotidien, les combats remportés dans des vallées ou des massifs aux confins du
monde, mais elle est aussi politique pour permettre des progrès (parfois
timides certes) au profit des populations déchirées par la violence. Elle est
surtout humaine car il faut parfois chercher à imposer à ceux qui terrorisent,
pillent, massacrent, les principes du droit et ceux de l’humanité et le retour
au respect de la vie. Alors que certains pays prennent leurs responsabilités
face à une situation de crise, il faut savoir apprécier les avancées positives
et accepter que la victoire s’inscrive sur le long terme sans attendre la
bataille décisive (impossible bien souvent contre des menaces de type
asymétriques). La victoire se construit sur le terrain ou au cœur de la Cité,
au travers des médias, du débat démocratique, du devoir de mémoire, des
expériences du passé mises à profit pour le présent. Il est nécessaire de
connaître son histoire, de l’assumer, d’honorer les victoires d’hier, celles
qui vont de Bouvines à Tombouctou en passant par Fontenoy, Valmy, Austerlitz,
Verdun, Strasbourg, Na San et Kolweizi. N’ayons plus peur de fêter la victoire,
de la commémorer, qu’il s’agisse de succès économiques, de rayonnement national
et de missions réussies pour les soldats ou ceux qui, partout dans le monde,
défendent nos valeurs, notre vision du monde et éloignent le danger par leur
action. La victoire reconnue, partagée à nouveau, mise en valeur en images
comme dans les écrits, à l’école, dans la rue ou dans les foyers, nous donnera
la résilience nécessaire pour bousculer les menaces de demain. A défaut, celles-ci
pourraient profiter de nos doutes, de nos remises en question, de cet
empressement à dévaloriser ce qui est accompli, de nos sentiments d’échec comme
de nos hésitations à accepter de s’engager pour vaincre. Alors, n’ayons pas
peur de ce mot « victoire »
car comme le disait le général Marshall : « Se battre ne suffit pas. C'est le courage qu'on met dans le combat qui
en détermine l'issue. C'est le courage qui remporte la victoire ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire