Nous
avions déjà évoqué des biographies du général Patton afin de cerner le caractère de cet officier singulier disparu prématurément
dans un accident automobile le 21 décembre 1945. Néanmoins, l’ouvrage de
Ladislas Farago, écrit en 1963, en particulier à partir des carnets de Patton,
souligne la dimension humaine de Patton, détaille ses états d’âme, ses défauts,
ses relations avec ses chefs, pairs ou subordonnés, ses coups de génie mais
surtout son impétuosité de l’Afrique du nord à l’Allemagne en passant par la
Sicile. De la même façon, au-delà des premières années fondatrices de la
carrière militaire de « Georgie », le livre met en perspective l’action
de ce chef militaire au cœur de la seconde guerre mondiale tout en cherchant à
démontrer les conséquences graves de certains choix stratégiques sur la
conduite de la campagne alliée de 1944-1945 au détriment des commandants
tactiques qui, comme Patton, avaient la capacité de bousculer les armées
allemandes.
Georges
Patton est un solitaire et cultive cette solitude comme les grands capitaines qu’il a lus,
qu’il admire ou qu’il cherche à imiter comme Napoléon ou Wellington. En
revanche, il accorde sa confiance à ses
officiers dont il préserve l’initiative une fois le plan global fixé. Il est
convaincu que la manœuvre ne peut être qu’interarmes alors que d’autres
généraux demeurent convaincus de la prédominance de l’infanterie.
« Patton était toujours extrêmement méticuleux
quand il préparait ses campagnes et distribuait les missions à ses commandants.
Mais une fois le plan achevé et les tâches distribuées, il laissait les
officiers exécuter les ordres comme ils l’entendaient, sans les surveiller. Il
développa ce principe plus tard, en France, quand il nota dans son journal :
je suis parfois atterré par la bêtise humaine. Je suis également écœuré d’entendre
Hodges et Bradley déclarer que toute la valeur de l’humanité dépend de la
connaissance de la tactique de l’infanterie. »
L’arme
blindée, dont il a connu les balbutiements en 1917-1918 à la tête de sa brigade
de chars FT17, garde les faveurs de « Georgie »
car cette fonction opérationnelle correspond à sa fougue, à la vivacité des manœuvres
qu’il imagine pour garder l’initiative sur l’adversaire et imprimer son rythme
à la bataille.
Au
quotidien, l’histoire joue un rôle important dans les choix du général qui n’hésite
pas à innover pour s’adapter aux opportunités tactiques qui se présentent.
« Patton s’adonnait à d’autres activités dont
il n’aimait guère parler, de peur que cela ne nuise à son personnage d’homme d’action.
Il acheta une bibliothèque volumineuse, surtout des livres d’histoire et des
ouvrages sur l’art militaire, et les lut tous d’un bout à l’autre, avec un
esprit ouvert et critique. Il se mit aussi à écrire, et ses articles pour les
revues militaires sont sans doute les meilleurs jamais écrit par un officier d’active. »
Ainsi,
afin de disposer de davantage de renseignement, il crée des groupes de
cavalerie lancés en avant de son armée (jeeps et autos blindées) ou des forces ad hoc pour s’emparer de tel ou tel
objectif. Son instinct guerrier, ses visions prophétiques largement soutenus
par une étude approfondie du terrain, de l’ennemi ou des objectifs stratégiques
des belligérants vont lui permettre de conduire ses opérations avec une grande
faculté d’adaptation voire de prévoir l’impensable comme son article de 1935
concluant à une attaque japonaise sur Pearl Harbour.
Très
proche de ses hommes, Patton, souvent caricaturé par l’affaire des gifles ou
son franc parlé est très sensible au moral de ses soldats, à leurs conditions
de vie mais aussi à leur courage. Il visite
régulièrement les hôpitaux de campagne, décore les plus valeureux, exige d’eux
beaucoup mais sait les récompenser ou améliorer leur quotidien. Ses discours,
comme l’énergie qu’il imprime à la manœuvre, donneront à ses unités un esprit
de corps et une fierté particuliers certes mais salvateurs face aux revers ou
aux conditions difficiles à l’instar de l’hiver 1944-45…
A
suivre…
Image : créalivres.com
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