Nous débutons une série de posts sur l'innovation, la mobilité, la fulgurance et la surprise ainsi que la capacité, pour celui qui en est la cible, de dépasser la sidération induite et, in fine, à s'adapter tant sur le plan tactique qu'en termes de doctrine ou d'équipements.
La bataille de Mohi et la tactique des Mongols apparaît comme un premier exemple d'une manœuvre basée sur la surprise et la vitesse.
La bataille de Mohi se déroule le 11 avril 1241. Cette bataille est le principal affrontement entre les
armées Mongoles, menées par Batû-Khan, petit-fils de Gengis Khan, et les armées
du Royaume de Hongrie pendant l’invasion Mongole de l’Europe.
Subotaï et Batû-Khan,
petits-fils de Gengis Khan, conduisent une puissante armée de près de cent
cinquante mille guerriers. Les premières victimes de cette migration sont les
Bulgares-Kama qui, en 1233, sont soumis au joug Mongol. Quelques années plus
tard, ce sont les principautés Russes qui sont également conquises. En 1240,
les Mongoles ravagent complètement la ville de Kiev. Les
armées Mongoles continuent leur progression vers l'Occident, traversent la petite
Pologne et sa capitale Varsovie puis remontent vers la Silésie où a lieu la
bataille de Liegnitz (ou Legnica), le 9 Avril 1241. Les Polonais et les chevaliers
Teutoniques sont défaits. A la suite de cet affrontement, les armées Mongoles
arrêtent leur progression vers l'Europe Occidentale et se retournent vers le
Royaume de Hongrie.
La rencontre entre les deux armées a lieu à Mohi, village situé sur la
rivière Sajó, affluent de la Tisza. Subotaï
doit battre le plus vite possible Bela IV, roi de Hongrie, avant qu’il n’apprenne
son isolement total et se retire derrière le Danube vers les forteresses
de la Hongrie
occidentale. Si d'aventure cela se produisait, Sübotaï devrait les réduire
une à une au cours de longs sièges qu'il se refuse à mener.
Déroulement de la bataille :
Temps préliminaire :
Dans l'après-midi du 10 avril 1241, le général mongol
Sübotaï arrive en vue du pont de pierre enjambant la rivière Sajó près de
Mohi. Il prend la décision de maintenir le gros de son armée à environ
10 Km . Désirant provoquer un mouvement irréfléchi du roi de Hongrie Bela IV et
espérant une traversée de la rivière par ce dernier, Sübotai laisse un
détachement très faible comme appât.
Bela IV atteint le fleuve plus tard, le même jour et met en place
une tête de pont sur son flanc droit.
Il fait protéger le
pont par son flanc gauche puis établit son camp en occupant une forte position. Sur cette
position, il veut recevoir le choc de l’attaque des Mongols. Le plan de Sübotaï
s'avére donc compromis. Bela IV occupe une position bien aménagée et ne semble
guère vouloir prendre le risque d'avancer vers son adversaire. Sübotaï n'a pas d’autre choix que d’attaquer
mais dans des conditions très risquées.
Temps 1 :
À
l'aube du 11 avril, les Mongols lancent une attaque menée par un millier de
cavaliers, appuyés par une importante artillerie poliorcétique
(vraisemblablement des armes à poudre chinoises et des bombes incendiaires)
et ce, en franchissant le pont de pierre qui enjambe la Sajó. Il s’agit d’une diversion visant à fixer
les Hongrois sur la défense du point de franchissement. Les commandants hongrois, peu habitués aux
méthodes des Mongols, parviennent, malgré tout, à tenir jusqu'à l’arrivée de
renforts : le roi Bela IV doit en effet sortir de son camp retranché pour renforcer
le dispositif.
Temps 2 :
Ayant fait franchir l’essentiel de son armée suffisamment loin des
combats, Subotaï peut surgir par surprise sur les flancs de l’armée hongroise.
Celle-ci, en déroute, se réfugie, dans un premier temps, dans son camp retranché
qui est rapidement débordé après un bombardement massif de naphte brûlant, de
pierres et de flèches enflammées. Les soldats hongrois qui ont cherché le salut
dans la fuite vers l’ouest sont alors rapidement rattrapés par les cavaliers mongols et massacrés.
Bilan :
En quelques
heures, l’armée hongroise a été exterminée, même si le roi Bela IV a réussi à
s’échapper. Les Mongols le poursuivront en ravageant toute la Hongrie , laissant des régions
entières complètement dévastées et dépeuplées.
Enseignements tactiques :
La surprise comme multiplicateur de force :
Grâce à sa manœuvre de
diversion, Subotaï réussit à surgir où Bela IV ne l’attend pas, réduisant
l’avantage défensif de ce dernier.
Analyse du terrain :
Dans un camp retranché
protégé par des coupures humides, les Hongrois se positionnent sur des points
favorables. Seule une analyse terrain minutieuse a permis aux
Mongols de définir une zone de franchissement favorable à une attaque par
surprise avec leur élément principal.
Liberté d’action :
Ayant jeté toutes leurs
forces dans la défense du pont, les Hongrois perdent leur liberté
d’action. Fixés sur la rivière Sajó, ils ne peuvent ni manœuvrer, ni battre
en retraite. N’ayant pas la mobilité de leur ennemi, leur retraite
devient déroute.
Economie des moyens :
Trois fois plus nombreux,
plus mobiles et mieux équipés (poliorcétique à poudre noire), les Mongols
auraient été logiquement victorieux de cet affrontement, quelle que soit sa
forme. Toutefois, Subataï a cherché à concevoir une manœuvre de diversion efficace
afin de pouvoir vaincre rapidement et économiser des forces nécessaires à
l’exploitation ultérieure de la victoire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire