Alors que demain sera le jour anniversaire qui marque le 70ème anniversaire de la libération de la capitale française par une
action conjointe des FFI (forces françaises de l’intérieur), de la 2ème
DB du général Leclerc mais aussi d’éléments de la 4ème division
d’infanterie américaine, nous ne revenons pas sur la chronologie des
évènements mais adoptons une étude plus thématique. En effet, il semble intéressant de s’interroger sur l’articulation
allemande qui fait face aux combattants français et alliés ainsi que sur les
choix tactiques choisis pour défendre une zone urbaine étendue.
Avec
des moyens comptés, le général Von Choltitz va déployer un dispositif en 2
volets attendant le renfort annoncée d’une ou de divisions Panzer et comptant
sur l’appui des aéronefs de la Luftwaffe basés au Bourget. Néanmoins,
l’insurrection parisienne mais aussi la souplesse comme la fulgurance de
l’engagement des groupements tactiques interarmes de la 2ème DB vont
rapidement mettre à mal le rideau défensif allemand.
Le général allemand Von
Choltitz, alors qu' il prend le commandement de Paris le 7 août 1944, remet à plat
son plan de défense et décide de créer la 325ème division de
sécurité renforcée de divers éléments comme une brigade de DCA, mais aussi une
compagnie de chars. Ces derniers sont de valeur variable puisqu’on trouve des
Panthers, quelques Tigres I mais aussi des Somua S35 pris à l’armée française
en 1940. L’état-major allemand prépare alors un dispositif associant une
ceinture défensive extérieure et, dans Paris une série de points d’appui sur
les carrefours importants et appuyés sur les grands jardins (transformés en
hérissons) comme les Tuileries ou le Luxembourg et les casernes (Ecole
militaire par exemple).
Les
régiments d’infanterie disposent de 4 compagnies de combat chacun, les unités
de reconnaissance ont quelques automitrailleuses alors que les moyens
anti-chars (PAK Abteilung) regroupent des canons de 37 et de 88 mm.
Les
moyens de génie (Pioneer Abteilung) sont assez faibles pour assurer la
contre-mobilité et la protection des unités mais sont renforcées par un
bataillon sur ordre d’Hitler, spécifiquement dédié au minage des ouvrages
d’art, des infrastructures industrielles et des monuments de la capitale.
En
fait, afin d’assurer l’efficacité de leur défense externe, tout en recueillant
leurs troupes arrivant de Normandie, les Allemands devaient pouvoir conserver
la liberté d’action de leurs troupes dans la capitale, mais aussi ne pas diluer
ses forces entre Paris et la banlieue.
La ligne de défense tracée (le 16 août) décrit
un arc de cercle d’une centaine de kilomètres. Elle s’appuie sur la Seine à
l’Ouest de Poissy et rejoint la Marne à la hauteur de La Varenne-Saint-Hilaire.
Le gouverneur de Paris sait que le lieutenant-colonel von Aulock, responsable
de cette défense, peut difficilement tenir un front aussi long sans recevoir de
sérieux renforts. Ces renforts, Hitler les avait promis. Il s’agirait de deux
divisions blindées, de quelques unités de la XVème armée (plus au nord) mais
aussi d’un mortier géant (Karl) capable de détruire, à chaque coup, des
quartiers entier. Von Choltitz l’avait d’ailleurs expérimenté sur le front de
l’Est lors du siège de Sébastopol.
En attendant, pour renforcer la ceinture
défensive, von Choltitz fait démanteler (le 16 août) toutes les pièces de D.C.A.
installées dans Paris pour les utiliser comme pièce anti-chars. Pour lui ces
canons ne servent à rien dans la ville « puisque les Alliés ne
bombarderont sûrement pas Paris. » Ainsi sont constitués 20 batteries de
88, 11 batteries de 75 et 21 batteries de 37. (Soit 200 pièces au total).
En outre les Allemands mettent sur pieds
un détachement particulier pour maintenir l’ordre en ville face aux insurgés.
Ils préparent ainsi 36 postes de défense (points d’appui) pour assurer leur liberté
d’action. Enfin, ils créent des unités d’alerte à partir des soldats des
états-majors et des services d’administration pour disposer des éléments
mobiles et d’une réserve d’intervention urbaine.
Von
Choltitz, tant pour des raisons militaires que politiques voire éthiques, se
refusent, contrairement aux ordres reçus, à faire sauter les 45 ponts de Paris
ou à affamer la ville. En effet, il a besoin des ponts pour permettre le repli
ou le mouvement de ses troupes et ne souhaite pas rendre plus violente encore
l’insurrection parisienne avec une population privée d’eau ou de sources de
subsistance.
La 2ème
DB va donc, dans sa progression, se heurter au rideau défensif, en particulier
sur le point dur que constituent les positions de Longjumeau, Massy et Sceaux.
Appuyés par leur artillerie, les groupement tactiques de la 2ème DB
percent et foncent sur Paris avec audace. Aux portes de la capitale, les
soldats français, guidés par les FFI évitent la majeure partie des points
d’appui ou les neutralisent par des mouvements tournants (destruction des chars
allemands à partir des axes de progression). L’objectif rapidement atteint demeure
le centre de gravité allemand, le général Von Choltitz, qui se rend dans son PC
de l’hôtel Meurice.
Des combats
se poursuivent mais la 2ème DB ainsi que la 4ème DI sont
rapidement maîtres de la ville. Dans les jours qui suivent, ils devront malgré
tout tomber en garde sur les lisières nord de la ville pour arrêter une
violente contre-attaque allemande dans la région du Bourget.
Paris est
libérée, cette bataille montre également la difficulté de défendre une zone
urbaine ou de la conquérir, surtout en présence d’une forte population, de
combattants irréguliers qui menacent les lignes de communication et ce, alors
que les forces en présence, contrairement aux combats en URSS ou en Allemagne
par exemple, se refusent à transformer la ville en champ de ruines pour
prolonger le combat.
Rendons
hommage aux combattants de la France Libre et de la Résistance qui ont su
préserver les civils et la capitale et vaincre avec audace l’adversaire.
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