En
1936, le général René Altmayer rédige de longues et très complètes « Etudes de tactique générale » à un
moment où il pressent le retour à un conflit majeur avec l’Allemagne qui réarme
et développe sa propre doctrine. Riche de son expérience de la première guerre
mondiale, mais surtout d’une réflexion personnelle sur les grands principes qui
ont émergé dans l’histoire militaire, il brosse avec exhaustivité les grands domaines tactico-opératifs
que sont l’organisation des unités, les déploiements, la concentration des
efforts, la recherche du renseignement, l’action offensive, la défensive
(statique et mobile) ainsi que l’influence des progrès techniques dans l’art ou
la science de la guerre à l’image des développements liés aux blindés, aux
avions voire aux gaz de combat.
Néanmoins,
son propos perd parfois de son objectivité quand il croit pouvoir faire
coïncider des principes pérennes avec la doctrine militaire française de l’entre-deux-guerres.
En revanche, il analyse finement le travail doctrinal allemand et ses progrès,
menace qu’il prend très au sérieux et qui apparaît parfois comme une vision
prophétique de la défaite de 1940.
Aussi,
verrons-nous dans un premier temps les procédés défendus par le général
Altmayer comme ayant une portée universelle avant d’analyser les éléments qui,
avec le recul, précèdent ou expliquent l’échec de la campagne de France 4 ans
plus tard.
De
la tactique générale :
Malgré
quelques digressions vers le niveau stratégique, le général Altmayer concentre
son propos sur les niveaux du corps d’armée et de la division, estimant que
c’est sur ces échelons que se jouent la complémentarité des moyens et
l’aptitude du chef à basculer son effort et à bâtir une manœuvre d’envergure.
L’état-major d’une grande unité joue un rôle central dans la réussite de la
mission, en particulier dans la circulation ou le partage de l’information mais
aussi dans l’acceptation d’une certaine subsidiarité technique par les échelons
subordonnés qui converge in fine vers
l’effet majeur du chef. Pour lui : « l’intimité intellectuelle et morale qui doit exister entre le
commandement ou l’EM de la division d’une part et le commandement des troupes
d’autre part s’impose avec la même rigueur à l’égard des services. ».
Mais cette direction unique adoptée de tous dans la manœuvre ne doit pas aller
à l’encontre des prescriptions du maréchal Foch qui répétait « que ce n’est pas l’obéissance passive des
forces linéaires des siècles derniers » et plutôt « une discipline intellectuelle, montrant à
tous les esprits le même résultat à obtenir, une discipline intelligente et
active, recherchant la liberté d’agir dans le sens voulu. Là doit se placer la
notion supérieure de l’esprit militaire qui fait appel au caractère bien
entendu mais aussi, comme le dit le mot, à l’esprit et comporte par suite un
acte de pensée, de la réflexion et non l’immobilité de l’esprit ou l’absence de
pensée, le silence du rang… ».
Il
détaille ensuite les 4 éléments de la décision qui doivent permettre
l’application du bon mode d’action à savoir la mission, le terrain, les moyens
et l’ennemi. Le plan doit être donc préparé avec soin même s’il faut savoir,
sans tout remettre en cause, tenir compte des évènements. Quant au dispositif
choisi, il doit suivre le principe de convergence des efforts et de l’économie
considérant que « l’inégale
répartition de forces sur le champ de bataille, en défensive comme en offensive
est le fond même de la manœuvre ». La sûreté suit le propos tout au
long de l’étude car elle donne au chef la liberté d’action nécessaire. Elle
repose d’ailleurs sur le renseignement et sur ce que le général appelle la
sûreté éloignée à terre.
A
suivre…
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