Nous poursuivons la lecture attentive du général
Altmayer qui, en 1936, tente de poser des principes de tactique générale pour
les conflits à venir.
Le général Altamyer considère que le chef est au
cœur de la décision mais également demeure l’artisan de la victoire ou de la
défaite car il est capable de renverser une situation et sa psychologie, avant
comme pendant la bataille, influence ses hommes et, par voie de conséquence, sa
manœuvre. La place des états-majors est prépondérante car « la stabilité du commandement est assurée par
celle des PC. Ceux-ci sont néanmoins poussés franchement à proximité des
éléments que le chef peut actionner ou qui peuvent lui fournir le renseignement.
Le chef est de sa personne là où les circonstances lui commandent de se
trouver, à son poste de commandement quand il s’agit d’organiser, à son poste
d’observation quand il faut voir avant de se décider, auprès des exécutants
quand il convient de redresser ou d’animer l’exécution ».
Quant au mode d’action choisi, le général reconnaît
que, contrairement à 1914 et à son culte de l’offensive à outrance, il faudra
rechercher l’alternance entre les mouvements offensifs et défensifs afin de
réagir aux situations qui se présenteront. La supériorité du feu reste la
condition première du succès mais il faut apprendre, à l’exemple des grands
« maîtres de guerre » à concevoir l’attaque d’aile pour vaincre
l’ennemi. Ainsi, la puissance s’obtient par la supériorité des moyens en vue
d’obtenir celle du feu, à un moment fixé, dans une direction donnée ; elle
découle du principe de la convergence des efforts. Pour ce qui est de la
vitesse, si chère à Napoléon qui se plaisait à la multiplier à la masse, l’auteur
estime qu’elle « est à rechercher
beaucoup moins dans l’accroissement des allures voire dans l’augmentation des
étapes que dans les prévisions faites par la conception, l’exécution et
l’enchaînement des manœuvres successives ». D’autres moyens permettent
la vitesse : la recherche du renseignement, la simplicité de la conception
(« toute complication est interdite
à la guerre »), la décentralisation du commandement, la constitution
de groupements de forces adaptés à la mission et enfin la diminution ou la suppression des objectifs à atteindre
dans certaines phases de l’action. Le chef se doit ensuite de surprendre par un
feu organisé un ennemi qui n’est pas en place. Il recherche la surprise par le
secret, la ruse (fausses nouvelles, fausses attaques,…) et le camouflage
(brumes artificielles, dispersion, couverts, obscurité).
Pour notre officier, les principes peuvent se
résumer en citant une maxime du général Duffour : « adaptation des moyens au but, réunion et
économie des forces, concentration des efforts, secret et surprise, sûreté,
prévision et activité ; ils n’ont rien de spécifiquement militaire, ils
sont le fruit de notre raison et valent pour toutes les entreprises humaines ».
Pour le général Almayer, ces règles, qui sont la base de la culture militaire,
seront étayées par l’expérience, par la connaissance des règlements (doctrine),
par la technicité et enfin par l’étude de l’histoire.
Au final, la guerre se prépare avant son
déclenchement, comme d’ailleurs l’écrivait déjà Frédéric-Charles dans ses
carnets de 1866 : « A mon avis,
nous devons bien plutôt les heureux résultats de nos batailles et de nos
campagnes à notre travail du temps de paix qu’à la chance ou aux inspirations
brillantes de quelque génie ».
2- Des clés de compréhension pour la défaite de
1940.
Le général Altmayer, au travers de son étude poussée
de la tactique générale semble mettre le doigt sur ce qui manquera à l’armée
française lors de la campagne de France près de 4 ans après la parution de son
ouvrage. Il cherche à énoncer des concepts fondamentaux, en particulier dans
l’organisation du commandement ou l’organisation de la défensive, méthodes de
bon sens qui ne seront pas forcément appliquées, en particulier dans le secteur
de Sedan au printemps 1940. Observateur attentif et curieux, il écrit également
un chapitre d’une grande lucidité sur la pensée et les progrès doctrinaux de
l’armée allemande renaissante, potentiel adversaire du moment. Mais là encore,
il semble prêcher dans le désert.
A suivre….
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