Nous achevons notre étude de l'ouvrage du général Altmayer consacré à la tactique et qui demeure symptomatique de la pensée militaire de son époque.
Le
général Altmayer, comme d’autres de ses contemporains, a bien perçu l’influence
grandissante des engins blindés et de qu’il appelle les moteurs mais il ne
considère cela que pour une bataille future donc ne nécessitant pas forcément
une adaptation doctrinale immédiate mais une étude. Néanmoins, son propos
résonnera avec un écho dramatique lors de l’attaque allemande en 1940 puis lors
de l’engagement des unités de cavalerie françaises dans les Ardennes pour une
mission de freinage inefficace : « pour
les blindés, possibilité avant la bataille d’abréger les approches et les
prises de contact, voire de supprimer les engagements, dans la bataille
d’obtenir des effets de rupture importants, d’accélérer le rythme des attaques,
d’élargir les brèches, après la bataille d’exploiter d’une façon
efficace ; par contre insécurité constante tant en offensive qu’en
défensive non seulement des premières lignes mais encore des arrières ;
importance primordiale que prennent en défensive l’obstacle naturel et l’engin
antichars, intérêt particulier qui s’attache de nouveau à la tactique des
embuscades associée à celle du camouflage, nécessité d’étudier dès maintenant
le combat des engins blindés contre d’autres engins blindés par unités
importantes, facilités données aux déplacements stratégiques et aux
ravitaillements ; par contre, difficultés apportées au maniement des
colonnes et à l’organisation des marches par suite de la dualité des transports
automobiles et hippomobiles ».
Il considère donc que si d’autres armées mettent en avant des théories originales, il faut s’y intéresser quitte à les rejeter si elles n’apparaissent pas raisonnables. Il met l’accent sur la bataille défensive qu’il juge importante dans un premier temps avant de construire une contre-attaque d’envergure et ce, afin d’absorber le choc initial ennemi. Tout d’abord, il exprime la nécessité de mener une sûreté éloignée par des actions retardatrices (qui n’auront pas lieu en 1940 sur la vallée de la Semois par exemple, de tirs lointains d’artillerie et de frappes aériennes dans la profondeur. Sur la ligne de résistance il préconise la fin de la linéarité et l’implantation en quinconce de « points d’appui » censés s’appuyer mutuellement et constituer une nasse dans laquelle les blindés viendraient s’enfermer protégeant ainsi les feux indirects (à Sedan, on comptera sur des lignes de postes malgré un plan théorique conforme à ses recommandations) : « on peut se demander si la théorie d’une ligne principale de résistance, tracée à la lisière extérieur de la position, devant non seulement être maintenue mais encore reconquise à tout prix par le commandement des grandes unités au cas où elle serait entamée, correspond toujours aux nécessités actuelles du combat ». Le général insiste sur les actions de déception et le camouflage afin de provoquer chez l’adversaire la surprise, la désorganisation. La force morale est mise en exergue ainsi que le besoin, sur une action de défense de troupes motivées et aguerries. Enfin, les réserves se doivent être à proximité des axes à barrer et, selon lui principalement constituer de blindés (et d’un minimum d’infanterie) alors que le chef doit saisir l’occasion d’aller observer le terrain pour préparer sa manœuvre future (on sait ce qu’il est advenu du général Lafontaine de la 55ème DI, enfermé dans son PC, privé accidentellement de communications). Quant à l’armée allemande de cet entre-deux-guerres, il l’a parfaitement étudié et cite les enseignements du commandant Grandsart (futur chef du Xème corps à Sedan) : « le front ennemi, là où on le suppose n’est pas le but de l’attaque principale. Tant en tactique qu’en stratégie,…, le flanc et les arrières du dispositif adverse constituent l’objectif essentiel. » Les règlements militaires en Allemagne comme le FUG décrivent les tactiques qui seront employées quelques années plus tard : « dans l’exploration lointaine les unités motorisées ou mécanisées forment le premier échelon de découverte qui prend sur terre le contact avec l’ennemi ; elles agissent en liaison étroite avec l’aviation, poussent rapidement jusqu’aux gros de l’adversaire sans rechercher le combat avec sa découverte ; elles progressent de coupure en coupure en marchant en principe de jour ; elles ne détachent isolées que des fractions d’engins blindés et utilisent à plein la TSF ; elles appliquent alors les principes en vigueur pour la cavalerie à cheval et elles font partie de cette arme ; on leur voit un rayon d’action de 200 à 250 km par jour ». Il détaille les unités de réserve constituées de motocyclistes, de pionniers et d’artillerie qui doivent saisir en vitesse les occasions favorables (groupe franc du lieutenant Wackernagel à Wadelincourt par exemple) mais aussi les généraux de division comme leurs PC poussés vers l’avant ainsi que l’esprit d’initiative et la subsidiarité.
Il considère donc que si d’autres armées mettent en avant des théories originales, il faut s’y intéresser quitte à les rejeter si elles n’apparaissent pas raisonnables. Il met l’accent sur la bataille défensive qu’il juge importante dans un premier temps avant de construire une contre-attaque d’envergure et ce, afin d’absorber le choc initial ennemi. Tout d’abord, il exprime la nécessité de mener une sûreté éloignée par des actions retardatrices (qui n’auront pas lieu en 1940 sur la vallée de la Semois par exemple, de tirs lointains d’artillerie et de frappes aériennes dans la profondeur. Sur la ligne de résistance il préconise la fin de la linéarité et l’implantation en quinconce de « points d’appui » censés s’appuyer mutuellement et constituer une nasse dans laquelle les blindés viendraient s’enfermer protégeant ainsi les feux indirects (à Sedan, on comptera sur des lignes de postes malgré un plan théorique conforme à ses recommandations) : « on peut se demander si la théorie d’une ligne principale de résistance, tracée à la lisière extérieur de la position, devant non seulement être maintenue mais encore reconquise à tout prix par le commandement des grandes unités au cas où elle serait entamée, correspond toujours aux nécessités actuelles du combat ». Le général insiste sur les actions de déception et le camouflage afin de provoquer chez l’adversaire la surprise, la désorganisation. La force morale est mise en exergue ainsi que le besoin, sur une action de défense de troupes motivées et aguerries. Enfin, les réserves se doivent être à proximité des axes à barrer et, selon lui principalement constituer de blindés (et d’un minimum d’infanterie) alors que le chef doit saisir l’occasion d’aller observer le terrain pour préparer sa manœuvre future (on sait ce qu’il est advenu du général Lafontaine de la 55ème DI, enfermé dans son PC, privé accidentellement de communications). Quant à l’armée allemande de cet entre-deux-guerres, il l’a parfaitement étudié et cite les enseignements du commandant Grandsart (futur chef du Xème corps à Sedan) : « le front ennemi, là où on le suppose n’est pas le but de l’attaque principale. Tant en tactique qu’en stratégie,…, le flanc et les arrières du dispositif adverse constituent l’objectif essentiel. » Les règlements militaires en Allemagne comme le FUG décrivent les tactiques qui seront employées quelques années plus tard : « dans l’exploration lointaine les unités motorisées ou mécanisées forment le premier échelon de découverte qui prend sur terre le contact avec l’ennemi ; elles agissent en liaison étroite avec l’aviation, poussent rapidement jusqu’aux gros de l’adversaire sans rechercher le combat avec sa découverte ; elles progressent de coupure en coupure en marchant en principe de jour ; elles ne détachent isolées que des fractions d’engins blindés et utilisent à plein la TSF ; elles appliquent alors les principes en vigueur pour la cavalerie à cheval et elles font partie de cette arme ; on leur voit un rayon d’action de 200 à 250 km par jour ». Il détaille les unités de réserve constituées de motocyclistes, de pionniers et d’artillerie qui doivent saisir en vitesse les occasions favorables (groupe franc du lieutenant Wackernagel à Wadelincourt par exemple) mais aussi les généraux de division comme leurs PC poussés vers l’avant ainsi que l’esprit d’initiative et la subsidiarité.
Les
solutions aux problèmes posés aux troupes françaises au début de la seconde
guerre mondiale se cachent donc en partie dans les pages de cet ouvrage.
Pour
conclure, le général Altmayer, malgré le parti pris de son époque et l’héritage
de 1918, parvient à énumérer et à expliciter de grands principes ou des
procédés de tactique général qui font l’unanimité. Il pressent également les
évolutions en cours et la nécessité de penser la guerre autrement même s’il est
conscient que cet effort doit s’inscrire dans le temps et la formation des
cadres.
Aussi,
ce dernier extrait permet de clore cette étude de ce livre passionnant et
suscitera sans doute votre réflexion : « Il est certain comme le disait le général Lanrezac, qu’à la guerre on
ne fait que ce qu’on a appris en temps de paix ; on peut répéter ce
qu’écrivait il y a près de 30 ans le maréchal Foch : la réalité du champ
de bataille est qu’on y étudie pas ; simplement, on fait ce que l’on peut
pour appliquer ce que l’on sait. Dès lors, pour y pouvoir un peu il faut savoir
beaucoup et bien ».
Frédéric
JORDAN
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