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vendredi 8 mai 2015

8 mai 2015 : hommage aux combats français de la seconde guerre mondiale, Monte Cassino 1944.



En ce jour de commémorations des 70 ans de la fin de la seconde guerre mondiale, votre blog revient sur les combats d'Italie où les soldats français deforces françaises libres se sont illustrées par une vision tactique originale et une opiniâtreté au combat. En ce jour de mémoire, rendons hommage à ceux qui ont défendu la liberté, sur terre, sur mer et dans les airs.
 
Contexte général :
 
04 janvier 1944 – 22 mai 1944
 
Les Alliés cherchent à rompre la ligne Gustav qui barrait la péninsule italienne et ainsi à s’ouvrir la route de Rome. La hauteur sur laquelle est érigé le monastère (435 mètres) est la clef du massif du Monte Cassino comme une position naturelle très forte. Pendant trois mois, le général  allemand von Senger und Etterlin avait renforcé ses défenses, et le solide 14ème Panzerkorps, ainsi que des bataillons d’élite de parachutistes et d’infanterie, en font un point d'appui fortifié. 
Les opérations préliminaires contre la ligne Gustav commencent au début de janvier 1944, par une succession de raids de 3000 bombardiers alliés contre les voies de communication allemandes. Le 15 janvier, le 2e corps américain du général Keyes, appuyé par le corps expéditionnaire français, s’empare du Mont Trocchio, un bon poste d’observation face à la ligne défensive ennemie.

Forces en présence :
ALLIES - Général ALEXANDER (15e GA) : 3 Div. Blindées et 13 Div. d’Infanterie: 300 000 hommes
FORCES DE L’AXE - Général Von VIETINGHOFF (Xe Armée) : 1 Div. de Panzergrenadier et 5 Div. d’Infanterie: 80 000 hommes


Déroulement de la bataille :
La conquête du Monte Cassino nécessita quatre batailles.
1ère BATAILLE (17 janvier au 06 février) :
Les attaques du corps expéditionnaire français au Nord et du 10ème corps britannique au Sud furent couronnées de succès malgré les violentes contre-attaques allemandes, tandis que, au centre, l’attaque frontale des deux divisions américaines fut repoussée par l’artillerie et les parachutistes allemands. Simultanément, les troupes qui ont débarqué à Anzio sontt fixées par la XIVe armée allemande.

 
 
2ème BATAILLE (15 au 18 février):
Précédée d’un bombardement aérien massif qui détruit l’abbaye et permet aux Allemands de la transformer en forteresse chaotique, l’attaque terrestre alliée est lancée le 16 février. Les Néo-Zélandais progressent peu, ainsi que les Indiens, attaqués d'ailleurs par erreur par des avions alliés. Deux divisions britanniques se joignent au corps néo-zélandais pour relancer l'action mais une préparation trop hâtive, une mauvaise coordination avec l’aviation et des attaques à trop petite échelle provoquent in fine un deuxième échec.
L’objectif qui était de soulager la tête de pont d’Anzio ne fut pas atteint et les Allemands saisissent l'opportunité donné par l'échec allié et peuvent en retirer la majeure partie de leurs chars pour renforcer la ligne Gustav.

3ème BATAILLE (14 au 22 mars):
Après trois semaines de mauvaises conditions météorologiques, le corps néo-zélandais repart à l’attaque de la ville de Cassino après un intense bombardement. Mais les parachutistes allemands opposent une nouvelle fois une résistance acharnée dans les décombres dans lesquels lesquels les chars ne peuvent progresser. Ils mènent un combat d’usure pendant près de six jours. Les néo-zélandais doivent une fois de plus se replier.
4ème BATAILLE (11 au 22 mai):
Cette batailleest précédée d’intenses préparatifs : redéploiement des troupes, préparation d’artillerie, bombardements pour détruire les postes de commandement adverses. Les Alliés créent enfin la surprise car les Allemands s’attendent à une tentative de percée à Anzio (où ils envoient leurs réserves). En effet, le 13 mai, les Français trouvent la faille dans le dispositif allemand. Ils tiennent le confluent du Liri et du Garigliano et franchissent des obstacles naturels grâce à la remarquable endurance du corps expéditionnaire du général Juin (et l'audace de la manoeuvre). Dans le mouvement, le 15 mai, le 2e corps américain arrive à Spigno, à l’extrême Sud du dispositif ; le 17 mai le 13e corps britannique coupe la route nationale permettant ainsi au 2e corps polonais de s’emparer du monastère par le Nord le 18 mai.
Le 20 mai, les Allemands sont en pleine retraite, leur défaite s’aggravant le 23 mai par la percée des Alliés à Anzio.


 
BILAN :
Les Alliés perdent 115 000 hommes dans la bataille, contre 60 000 chez les Allemands. Du fait de la résistance acharnée des défenseurs du Monte Cassino, il faut quatre mois aux Alliés pour conquérir la région et parvenir à effectuer la jonction avec la tête de pont d’Anzio. La route de Rome est enfin ouverte aux Alliés qui s’en empare le 4 juin. Mais cette victoire estoccultée par le débarquement de Normandie.
Enseignements de la bataille :
Rapport de force :
Les Alliés ont attaqué avec un rapport de force conforme au gabarit d’une offensive (3 contre 1) et disposent d’une totale maîtrise aérienne. Pourtant, ils n’ont pas su profiter de leur supériorité numérique et ce, pour diverses raisons :
§ Ils ont concentré deux armées qui s’étalent initialement sur 250 km de front dans quelques vallées larges de seulement quelques kilomètres, facilitant ainsi la tâche des défenseurs qui canalisent l'assaillant.
§ Les forces blindées ne peuvent pas être déterminantes dans les combats rapprochés se déroulant dans les vallées et dans les ruines où leur mobilité est réduite. Cet atout allié est alors inopérant.
 
Approche indirecte :
La volonté de passer en force en menant des attaques frontales lors des trois premières batailles a conduit à l’échec. Seule l’approche indirecte, en coupant les voies de communication au sud (action des Français) a permis de s’emparer d'un verrou puis de surprendre les Allemands.
Qualité des chefs :
Les généraux Alexander et Clark ont montré un réel entêtement à vouloir conquérir l’abbaye de manière frontale et n’ont accepté le plan du général Juin qu’à la 4ème bataille. L’absence d’Eisenhower et de Montgomery qui préparaient le débarquement de Normandie a certainement été déterminante dans cette difficulté à percer le front allemand.

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