Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mercredi 26 décembre 2012

Quelques suggestions en cette fin d'année.

 
Avant de poursuivre notre étude des grands principes tactiques français et leur illustration au travers de nombreux exemples d'histoire-bataille, j'ai souhaité mettre à jour des rubriques de votre blog, mais aussi vous faire quelques suggestions de lectures. Mes pensées vont tout d'abord aux militaires français qui servent à l'extérieur de nos frontières, aux quatre coins du monde, avec désintéressement comme professionnalisme dans les différentes missions qui leur sont confiées, cherchant sans cesse à s'adapter aux nouvelles menaces.

dimanche 23 décembre 2012

Le principe de liberté d'action (2).


Prévoir et anticiper pour sauvegarder sa liberté d'action, Lord Chelmsford, qui commande les troupes britanniques en Afrique du Sud, a oublié de mettre en application ce principe lors de la bataille d'Isandhlwana.
En effet, ce général divise ses forces en trois colonnes malgré les contraintes logistiques d'un terrain sans routes ni ponts et surtout sans jamais savoir où se trouvent les troupes zoulou. Sous-estimant son adversaire et persuadé d'être capable de le contraindre à la bataille sur un lieu choisi, Chelmsford va commettre une série d'imprudences jusqu'à la tragédie.

mardi 18 décembre 2012

Le principe de liberté d'action (1).

 
Nous entamons donc notre revue des principes tactiques mis en oeuvre par l'armée de terre française. Dans ce cadre, nous allons développer les procédés d'application en lien avec la liberté d'action, la concentration des efforts et l'économie des moyens. Nous verrons également, en conclusion, que la surprise et l'incertitude sont privilégiées dans chacun des modes d'action inspirés par ces fondements doctrinaux.
 
Pour commencer, il s'agit de rappeler la définition de la liberté d'action : c'est la possibilité pour un chef de mettre en oeuvre ses moyens à tout moment et d'agir malgré l'adversaire et les contraintes imposées par le milieu et les circonstances en vue d'atteindre le but assigné. Il est donc essentiel, pour une force, de garder l'initiative sur l'ennemi, d'anticiper les frictions et d'éclaircir ce que l'on nomme le brouillard de la guerre, tout en se préservant la faculté de réagir face à l'imprévu.

lundi 17 décembre 2012

Mise à jour du blog et introduction aux principes tactiques et logistiques.

 

Avant de débuter une nouvelle série d'articles sur les principes tactiques et logistiques retenus par l'armée de terre française, ainsi que leur illustration par des exemples d'histoire-bataille, il me semble opportun de mettre à jour les rubriques de votre blog. Tout d'abord avec le dossier "Mémoire et évènements" et un lien vers le nouveau site du Musée de l'armée aux Invalides. Plus ergonomique et mieux illustré, il vous permet en effet d'accéder à l'actualité de ce lieu de mémoire et d'histoire militaire, tout en proposant des éclairages sur la recherche ou sur la biographie de personnalités célèbres.
Dans la rubrique "A lire", je vous propose l'ouvrage de l'historien suisse Dimitry Queloz "De la manoeuvre napoléonnienne à l'offensive à outrance 1871-1914" aux éditions Economica (2009). Ce livre étudie avec de nombreux détails l'évolution de la pensée tactique française après le désastre de 1870, réflexion tiraillée entre l'héritage impérial, la volonté de revanche tout comme les progrès techniques et leur influence sur la manoeuvre.
Enfin, dans "Paroles de chef", nous évoquons un des fondateurs de l'Ecole supérieure de guerre, le général Lewal, qui milite clairement pour la prépondérance du feu sur le choc et ce, à une époque où la force morale est érigée en principe.
Ces trois onglets m'offrent ainsi l'opportunité d'introduire une étude commentée des principes généraux ainsi que des fondements tactiques et logistiques français contemporains. Dès lors, si on prend la définition doctrinale de ces principes (document TTA106), ces derniers permettent "de cerner une posture intellectuelle, une attitude, une façon d'être. De l'ordre de la substance, de l'essence, du fondamental, ils doivent reposer sur du structurel. Enracinés dans l'absolu, ils sont permanents". Comme nous l'avons vu dans des articles antérieurs, l'Antiquité avait déjà mis à jour comme éléments structurants le principe d'économie des moyens et la surprise, le XVIIème siècle avec Montecuccoli puis avec de Guibert prônaient la liberté d'action alors que Napoléon, plus tard, appliquait empiriquement l'initiative et la concentration. Finalement, le maréchal Foch, dans ses écrits, innovait en défendant la sûreté et l'emploi des réserves. Parallèlement à ses théories, le principe de concentration des efforts était illustré par les feux d'artillerie meurtiers de la première guerre mondiale. De cet héritage, l'armée française finit par adopter aujourd'hui 3 principes tactiques (déclinés en 12 procédés d'exécution) et 9 principes logistiques. Dès demain, nous détaillerons donc ce socle de la pensée militaire du champ de bataille.

A suivre...

mardi 11 décembre 2012

Les étapes du développement de la tactique : déploiements et modes d'action (2).

4-La Renaissance jusqu'au XIVème siècle : le feu et la manoeuvre.
 
Le XVème siècle est un tournant dans l'engagement des forces sur le champ de bataille. En effet, les armes à feu se développent tout comme l'artillerie et ce, à l'instar de Charles VIII qui emmène, en Italie, 140 canons et 126 pièces légères servis par 200 maîtres d'artillerie et 300 canonniers, sans compter les nombreux chevaux (7 animaux pour une pièce). En 1540, François Ier dispose, quant à lui, de 12 000 arquebuses et de 140 bouches à feu. A Marignan d'ailleurs, il anéantit, par une concentration de boulets, les rangs des mercenaires suisses qui l'attaquent.

jeudi 6 décembre 2012

Sainte Barbe 2012 : hommage aux artilleurs.

 
Cette semaine, les artilleurs, comme les sapeurs, fêtent Sainte-Barbe, leur sainte patronne, celle qui usa du feu pour punir ses tortionnaires. A cette occasion, les Invalides accueilleront, dans la cour du Musée de l'Armée les 8 et 9 décembre 2012, des matériels d'hier et d'aujourd'hui (canons, drones, chevaux, forge, soldats en uniformes d'époque) au profit du public avec, en particulier cette année, une évocation de la bataille de Valmy ou l'artillerie française fît sauter les réserves de poudre de son adversaire, provoquant l'effondrement moral des troupes prussiennes de Brunswick.
 
 
C'est l'occasion de rendre hommage à cette arme qui naquît au XIVème siècle pour se développer tout au long de l'histoire militaire, bénéficiant des progrés scientifiques (canons Gribeauval ou de 75) et des actions des plus célèbres artilleurs, de Napoléon à Brunbrouck en passant par Foch. Cette fonction opérationnelle a ainsi contribué à de nombreuses victoires sur les champs de bataille, comme à Wagram ou encore pendant la première guerre mondiale. Aujourd'hui, les appuis feux représentent toujours, pour le chef interarmes, une assurance vie garante de sa liberté d'action car ils apportent la force de frappe (avec différents lanceurs : canons, LRU, mortiers), le renseignement (drones, observateurs d'artillerie, radars de surveillance du champ de bataille) et la protection (défense sol-air). Les détachements de liason, d'observation et de liaison au contact peuvent également guider et employer les moyens feux aériens, hélicoptères ou navals. Ce panel de capacités favorise le traitement des cibles avec différents effets adaptés aux situations, à la menace comme aux exigences de précision des théâtres d'opérations actuels. Ainsi, l'artilleur peut neutraliser, détruire, aveugler, illuminer la zone d'action et dissuader (obus de semonce). Autant de raisons donc pour évoquer la Sainte-Barbe aujourd'hui dans notre rubrique "Mémoire et évènements" et de vous proposer, dans notre onglet "A lire" l'excellent ouvrage de Brancion sur l'artillerie française engagée  de 1943 à 1944 en Italie dans le corps expéditionnaire du général Juin. Au cours de cette campagne, les artilleurs, dans un terrain difficile, firent preuve d'un sens aigu de l'innovation et de l'adaptation afin d'appuyer les fantassins dans la difficile conquête des points d'appui ou des lignes de résistance de l'armée allemande. Leur action fut décisive tant dans l'application des feux que dans la recherche du renseignement. Bonne lecture.   

samedi 1 décembre 2012

Les étapes du développement de la tactique : déploiements et modes d’action (1).


 
Après avoir traité de l’évolution de la pensée tactique au travers des âges, de ses conséquences dans les choix doctrinaux voire dans l’acquisition ou l’abandon de tel ou tel armement, je vous propose de revenir sur cette perspective historique afin d’étudier la mise en œuvre concrète sur les champs de bataille des concepts de chaque grande période de l’histoire militaire. Nous verrons que si l’évolution a été longue et très progressive de 3000 avant JC jusqu’au XVIème siècle, elle a connu une nette accélération de la Renaissance à nos jours. Cette étude démontrera également que les armées ont régulièrement penché successivement vers le choc ou vers le feu avant d’introduire formellement la notion de manœuvre et finalement d’adapter la tactique au terrain comme à l’ennemi. Il s’agira donc d’évoquer les différents modes d’action, déploiements ou emplois des fonctions opérationnelles en prenant des exemples concrets et illustratifs de choix réalisés par les forces en présence.