Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

samedi 30 janvier 2016

1911 – 1916, avec Joffre, le récit du colonel Alexandre. (1/2)


 
En 1932, le colonel Alexandre, qui a servi de 1911 à 1916 comme officier d’état-major aux côtés du maréchal Joffre, livre son récit sur les décisions de son chef pour préparer, puis conduire le premier conflit mondial. Il revient sur l’impréparation de l’armée française, ses qualités et ses défauts ainsi que les tensions dans les choix tactiques et opératifs du côté des alliés.
Après avoir brossé un portrait bien peu objectif de son chef, en particulier par une succession de qualités tant intellectuelles que militaires, l’auteur considère que le général en chef avait anticipé les difficultés à venir et qu’il fît le maximum pour combler les lacunes des forces armées sous son commandement avant le choc avec les Allemands.

mardi 26 janvier 2016

Pour une imagination opérationnelle fondée sur l’histoire, les principes et non sur l’illusion technologique. (2/2)


Suite de notre article consacré à l'imagination opérationnelle.
 
Il a donc fallu dépoussiérer certains enseignements du passé et réintroduire des doctrines comme la contre-insurrection en relisant des écrivains militaires (parfois diabolisés) de la génération des Trinquier ou Galula mais aussi en rédigeant des manuels de contre-rébellion (FT13). La seconde guerre d’Irak et l’intervention en Afghanistan ont initié à l’OTAN ainsi que chez nos alliés américains et britanniques de grandes évolutions doctrinales et de nombreux documents attestant des diverses expérimentations opérationnelles opérées par des généraux comme Petraus et Mac Chrystal.

Même au niveau politique, certains échecs ou revers ont incité les Etats à faire leur propre introspection quant à la capacité de leurs soldats à faire face aux conflits dits asymétriques. Ce fut le cas en Israël avec la commission Winograd en 2007, en France après l’embuscade d’Uzbeen en 2008 ou la projection d’un Surge américain en Irak.

Le retour d’expérience (RETEX) et la recherche opérationnelle ont fait de nouvelles émules avec la multiplication de publications et autres colloques revenant sur les combats du Vietnam dans les années 1970, les troupes auxiliaires des montagnes d’Indochine, la pensée de Lyautey ou l’intervention britannique en Malaisie de 1952 à 1954… Un vocabulaire ignoré pendant la Guerre froide a refait surface avec les notions de villages stratégiques, de guerre psychologique, d’assistance militaire opérationnelle, de forces partenaires, d’approche globale et de règles d’engagement.

Forts de ces constats, les corps expéditionnaires ont fait évoluer leur entraînement, leurs structures et leurs engagements afin d’être les plus efficaces possibles sur une période de plus en plus contrainte et avec des agendas politiques pas toujours synchronisés avec le tempo de conflits s’inscrivant toujours sur le temps long.

samedi 23 janvier 2016

Pour une imagination opérationnelle fondée sur l’histoire, les principes et non sur l’illusion technologique (1/2).


 
Aujourd’hui, les forces conventionnelles occidentales rencontrent des difficultés face aux adversaires asymétriques ou hybrides, ceux-là même qui sont combattus sur les divers théâtres d’opérations du monde entier, des groupes armés terroristes du Sahel aux milices séparatistes russes en Ukraine, en passant par Daech, le Hezbollah libanais ou les Shebabs somaliens. Pourtant, les armements, les moyens d’acquisition, les systèmes dits de commandement et de contrôle (C2) n’ont jamais été aussi performants et ce, à l’aune des progrès scientifiques extraordinaires de ces dernières années, que l’on pense aux drones MALE[1], aux missiles de haute précision, aux hélicoptères d’attaque et même à l’équipement individuel du combattant.

Malgré cette supériorité technologique, mais également les succès non négligeables comme le déploiement Serval en 2013 au Mali, une analyse plus objective montre que nous demeurons lisibles et prévisibles pour nos ennemis potentiels, ces derniers s’étant adaptés à notre pensée tactique, à notre cadre d’engagement légal comme éthique, à nos modes d’action et à notre confiance aveugle dans l’efficacité, sur le long terme, de certaines fonctions opérationnelles comme les frappes aériennes, l’emploi des forces spéciales ou les dogmes de la contre-insurrection.

Force est donc de constater que nous ne surprenons plus, que nous ne sidérons plus le camp adverse qui garde souvent un temps d’avance, anticipant nos réactions et guettant nos vulnérabilités. Certes nous cherchons, à juste titre, à revenir aux fondamentaux, à employer avec efficacité le combat interarmes et interarmées mais il manque ce « zest » de non conformisme qui doit permettre de transcender l’orthodoxie tactique, opérative, voire stratégique, et de garder l’ascendant. Bref nous avons rompu un équilibre ancien pour privilégier la guerre comme une science au détriment de l’art.

dimanche 17 janvier 2016

Plaidoyer pour un enseignement de l’histoire militaire à la jeunesse, à l’école comme dans le cadre d’un service civique rénové.


Alors que la France vient de traverser une année 2015 tragique avec des attentats sur son sol et alors que les armées, en particulier les forces terrestres, interviennent de nouveau massivement sur le territoire national en appui des forces de sécurité intérieures, un élan patriotique semble émerger, notamment chez les plus jeunes. Ces derniers, souvent les premières victimes de la propagande islamiste, demeurent néanmoins une des clés pour lutter contre le terrorisme et pour contribuer à moyen, comme à long terme, au continuum Défense -Sécurité français.

En outre, la jeunesse est un des ressorts du lien armée-Nation qui doit être entretenu à l’heure où les militaires sont engagés dans une défense de l’avant, loin de nos frontières, au Levant, en Afrique ou dans le Golfe Persique, mais aussi, dans le quotidien de chaque Français au travers de l’opération Sentinelle.

Aussi, l’histoire militaire, souvent le parent pauvre des sciences historiques, a longtemps été mise de côté dans l’enseignement comme dans la mise en perspective de la conflictualité en dehors des écoles militaires. Pourtant, de nombreuses structures comme la DMPA (et en son sein le SHD par exemple), l’ECPAD mais également les musées, des publications, des médias (télévision, blogs, radio) offrent aujourd’hui l’opportunité de renouer le lien entre la jeunesse et son histoire militaire, riche d’enseignements, de valeurs et de sens face à toute forme d’adversité.

lundi 11 janvier 2016

Exposition "1916 : l'hyperbataille de Verdun".

 
Alors que dans quelques semaines nous commémorerons le centenaire de la bataille de Verdun, le Musée de l'Armée propose, à compter du 26 janvier 2016, dans la Cour des Invalides, une exposition composée de peintures, de cartes et de photographies d'époque sur cette confrontation terrible :"Mais Verdun n’est pas seulement l’une des plus importantes batailles de la Grande Guerre par son ampleur. C’est aussi, dès son commencement, le symbole de la détermination de la France et de ses combattants à «  tenir » et à incarner l’unité nationale. Elle devient donc très vite, à la faveur d’une construction mémorielle collective, un événement qui, pour beaucoup, résume à lui seul un conflit de quatre ans ou, du moins, délivre une large part de son sens.

samedi 2 janvier 2016

Comprendre l'art de la guerre napoléonien : Bonaparte en Italie.


L'album illustré, et largement commenté, de Stéphane Bertaud, que j'ai déniché lors de ces fêtes dans la boutique des Invalides, est un ouvrage de très grande qualité et d'une vraie valeur pédagogique et ce, afin de mieux comprendre le génie de Napoléon. En effet, en tournant les pages de ce "Bonaparte en Italie, naissance d'un stratège, 1796-1797", aux éditions Bernard Giovanangeli, on appréhende avec facilité les principes, la stratégie et les manœuvres de l'Empereur, comprenant, au travers de cette campagne italienne du jeune général Bonaparte, l'essence même de ce que seront ses victoires quelques années plus tard.
Le récit des différentes étapes, des marches, contremarches comme des batailles de l'armée d'Italie, de Nice jusqu'à Vienne, est éclairant dans ce livre, d'autant que les nombreuses cartes qui illustrent le propos, le font avec justesse.