Dans un post précédent, j’avais soumis à vos commentaires la citation de Baltasar Gracian sur la nécessité de surprendre un adversaire en alternant de nombreux modes d’action et en créant, chez lui, l’incertitude, ce temps de retard dans sa prise de décision qui nous permettra, in fine, de garder l’initiative et de faire en sorte de gagner « cette dialectique des volontés » qu’est la guerre. Merci donc aux lecteurs qui ont alimenté le débat et initié ma réflexion.
En outre, comme annoncé, je vous fais part de mon opinion à ce sujet ainsi que de mes suggestions dans ce domaine. En effet, force est de constater que la surprise, dans la doctrine française, repose principalement sur des actions de diversion, toujours mises en avant (voir en particulier le document FT 02[1]) mais sans jamais être décrites précisément, dans leur forme, leurs modalités, leurs actions, leur durée, … La déception, quelle qu’elle soit, est un serpent de mer que l’on évoque dans des cours théoriques, en histoire militaire ou à l’occasion d’exercices dans lesquels cette action demeure un artifice esthétique pour le MA[2] choisi, voire une manière de se rassurer sur l’effet qu’elle pourrait produire sur l’ennemi (si tenté que ce dernier y croit). On estime également qu’elle doit dépasser le niveau tactique en s’appuyant sur les opérations d’information. Aussi, riche de nombreuses lectures, je pense qu’il serait nécessaire de formaliser, dans l’armée de Terre, un apprentissage d’une « Maskirovka » tactique à la française sans que ce procédé ne reste l’apanage de l’ennemi générique « Glaise » issu du TTA 808[3].
La déception, si on prend sa définition officielle est perçue comme : l’effet résultant de mesures visant à tromper l’adversaire en l’amenant à une fausse interprétation des attitudes amies en vue de l’inciter à réagir d’une manière préjudiciable à ses propres intérêts et de réduire ses capacités de riposte[4]. Elle repose sur la dissimulation, la déception et l’intoxication. Certes, mais qu’est-ce que cela donne concrètement ? Faisons un constat pour les forces françaises.