Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

vendredi 30 décembre 2011

Revenons sur l’intervention soviétique en Afghanistan : le livre de Mériadec Raffray.


Dans la continuité des réflexions consacrées aux conflits asymétriques, nous vous proposons, cette semaine, dans la rubrique « A lire » l’ouvrage de Meriadec Raffray « Afghanistan, les victoires oubliées de l’Armée rouge ».
Ce livre, fort bien documenté, revient sur les opérations soviétiques du théâtre afghan entre 1979 et 1989 et démontre qu’il faut sortir de la vision stéréotypée d’une Armée rouge vaincue, voire humiliée par la guérilla des Moudjahidines.

En effet, alors que les soldats soviétiques avaient débuté la campagne selon une doctrine et une planification propres aux combats conventionnels, la 40ème Armée[1] a rapidement fait preuve d’une remarquable faculté d’adaptation tant dans ses modes d’action que dans ses équipements ou dans l’entraînement. Ainsi, des unités aéromobiles ont été créées avec succès pour faire face à la menace insurrectionnelle dans un milieu difficile et montagneux mais aussi peu pourvu en lignes de communication terrestres. De même, l’action des forces spéciales le long de la frontière pakistanaise, dans le but de tarir le flux de ravitaillement logistique des rebelles, a bien failli mettre un terme à l’action des insurgés. A noter également, la mise en place de postes avancés, le long des axes,  qui  a permis de sécuriser les routes principales même si certaines régions (vallée du Panshir) sont restées aux mains de groupes armés et des sanctuaires inviolés. Dans un autre registre, la formation de l’armée de la république populaire d’Afghanistan est une réussite et elle tiendra tête encore plusieurs années aux différentes factions combattantes. Mériadec Raffray met donc en avant les enseignements des forces soviétiques leçons que tireront également deux décennies plus tard les forces de l’OTAN même si le contexte international et régional ainsi que l’adversaire ont évolué ou se sont transformés.
L’Armée rouge avait donc réussi à faire vaciller l’insurrection tout en mettant en place une planification des opérations permettant l’atteinte de l’effet final recherché politico-stratégique : un retrait tactique progressif des troupes soviétiques qui n’aura jamais été, sur le terrain, la déroute dépeinte à l’époque par les médias. Un livre à ne pas manquer.

Source image : Larousse.fr


[1] 40ème Armée soviétique en charge du théâtre afghan.



mardi 27 décembre 2011

Histoire bataille et mise à jour des rubriques du blog : adapter les armées à la menace asymétrique.


Poursuivant notre série de posts sur les problématiques liées aux conflits asymétriques, nous mettons à jour les rubriques « Paroles de chef » et « Batailles et enseignements » de votre blog. La citation proposée est issue d’un retour d’expérience de l’Armée rouge après son retrait d’Afghanistan en 1989. Elle démontre, s’il en était encore besoin, que les armées modernes, ne sont pas toujours préparées d’emblée à mener des opérations de contre-insurrection face à des combattants qui ne respectent pas toujours les canons stratégiques, tactiques voire éthiques des forces conventionnelles. Dès lors, il y a nécessité de s’adapter tant par l’équipement que par les modes d’action ou les manœuvres choisis. Quant à la bataille présentée, l’embuscade de la forêt de Teutoburg, elle illustre parfaitement l’échec d’une doctrine romaine éprouvée mais prévisible (pourtant victorieuse face à d’autres adversaires) face à une rébellion germaine maîtrisant le terrain, prenant l’initiative de l’engagement et faisant preuve d’une mobilité supérieure.


Ces deux réflexions et constats, pourtant séparés par presque 2000 ans d’histoire, me font dire qu’il est possible de mettre en exergue des enseignements pérennes. Ces derniers sont néanmoins souvent oubliés après des conflits conventionnels ou de longues périodes de paix mais aussi des phases de domination stratégique par des armées considérées comme les plus puissantes du moment.

Aussi est-il intéressant de rappeler qu’après les légions romaines bousculées par les invasions barbares, les Huns si redoutés sont vaincus aux champs Catalauniques, les troupes anglaises longtemps tenues en échec par les révoltes écossaises, Napoléon surpris par la guérilla espagnole, l’Empire britannique blessé par la pugnacité des peuples zoulou ou afghan, les Français peinant à soumettre Abd el Krim au Maroc et enfin les Américains épuisés par le Viêt-Cong en Asie du sud-est. Autant d’exemples historiques marquant les difficultés rencontrées par une force régulière face à des insurrections aux multiples visages, dans des milieux géographiques ou culturels différents, des contextes stratégiques variés et avec des armements en perpétuelle évolution.

Aujourd’hui, après les débats doctrinaires et les écrits produits en réaction aux engagements afghans et irakiens, sans compter le retour aux leçons, plus ou moins dévoyées, des conflits indochinois ou algériens, il m’apparaît nécessaire de trouver quelques lignes directrices pour préparer les guerres de demain qui seront peut être des conflits asymétriques (encore que cette affirmation reste sujette à caution).

Bien sûr, ces propositions ne sont en rien d’exhaustives et attendent d’être enrichies par vos commentaires. Pour préserver la faculté d’adaptation de nos armées, face à ce que l’on nomme les surprises stratégiques ou les menaces potentielle de demain, il faut, selon moi, combattre les partisans du tout technologique (drones, capteurs, armement en stand off, numérisation à outrance,…) qui estiment pouvoir remplacer les effectifs sur le terrain par une maîtrise de l’information ou un armement supérieur. Certes, ce progrès technique apporte une réelle plus-value aux unités déployées pour éclaircir le brouillard de la guerre ou limiter l’action des frictions sur la manœuvre, mais elles ne peuvent remplacer l’initiative du combattant ou du chef, le coup de génie, la surprise tactique voire l’opportunité saisie face au terrain et aux circonstances. Pour réussir cela, l’effort doit être porté sur la formation des cadres et l’entraînement du combattant et ce, en prenant appui sur la pratique de la planification, l’art opératif, les principes tactiques, l’histoire militaire ou la prospective stratégique. Aussi, faut-il s’opposer à la tendance qui semble s’imposer, à savoir le remplacement de l’enseignement des RI[1], de la manœuvre[2] et de l’histoire militaire (par l’intermédiaire de staff ride[3], d’études tactico-historiques, de connaissances sur de grands penseurs,…) par l’étude privilégiée des problématiques organiques (financières, managériales, techniques,…) qui s’inscrivent dans un contexte économique difficile et une transformation profonde (et nécessaire) des outils militaires occidentaux. Mais, cette nécessaire gestion budgétaire et organisationnelle ne suffira pas à gagner les guerres ou à remplir les objectifs sur des théâtres futurs.

En effet, l’apprentissage des méthodes de planification ou de réflexion opérationnelles est incontournable et ne prend son sens que s’il est enrichi au travers l’étude dess situations antérieures (dont on a tiré un retour d’expérience) mais aussi grâce à la réflexion sur les contextes d’engagement à venir dont il faut maîtriser les enjeux (à l’instar des opérations récentes en Libye, des menaces de type AQMI,…). Concernant l’entraînement, l’effort doit être maintenu malgré les retraits progressifs de certains théâtres afin de faire évoluer l’équipement, la doctrine, l’intégration interarmes et interarmées, l’aguerrissement de troupes professionnelles. Celles-ci doivent impérativement conduire l’instruction sur le terrain et non pas uniquement par le biais de la simulation (comme certaines armées occidentales l’envisage pour faire des économies financières et favoriser le recrutement à l’horizon 2030).

Le challenge est de taille si l’on veut éviter de connaître le destin des forces françaises décrit par Marc Bloch dans son «étrange défaite » ou subir un complexe de supériorité aveuglant qui favorisera l’ennemi de demain et nous privera de l’initiative pour vaincre. J’attends vos réactions.



[1] Relations internationales.
[2] Tactique ou opérative.
[3] Etude de batailles sur le terrain.

samedi 24 décembre 2011

L'écho du champ de bataille vous souhaite de bonnes fêtes.

Après un peu moins de trois mois d'existence, vous êtes nombreux à suivre "l'écho du champ de bataille". Merci de votre fidélité.
En cette veille de Noël, je vous souhaite, ainsi qu'à vos proches, de belles fêtes de fin d'année. Une pensée particulière pour les militaires français déployés en opérations extérieures, en missions de courte durée et sur le territoire national.

A l’ère de la technique et des conflits asymétriques, reste-t-il de la place pour la manœuvre ? (2/2)


Voici la seconde partie de cet article consacré à la manoeuvre dans un contexte de contre-insurrection. Bonne lecture.

La manœuvre utilisant la technologie pour gagner les conflits d’aujourd’hui.

La manœuvre « a souvent été l’apanage des grands chefs »[1] car elle exige une bonne maîtrise des principes de liberté d’action et de concentration des forces. A ce titre, le renseignement est incontournable afin de déterminer les faiblesses de l’adversaire puis pour définir les points décisifs à atteindre. C’est dans ce cadre que la technologie peut aujourd’hui, dans les conflits de type asymétriques être un instrument privilégié de la manœuvre. Grâce aux systèmes de surveillance du champ de bataille (guerre électronique, drones, recherche humaine,…) le stratège peut ainsi surprendre l’ennemi qui se regroupe ou cherche à mettre en place sa logistique. En effet, le combattant irrégulier ne peut s’affranchir des lignes de communication pour préparer ses opérations, il a besoin d’approvisionnements (armes, explosifs), coordonne son action entre groupes isolés avec des moyens de transmissions et cherche à trouver des zones refuge pour se réorganiser. Dès lors, la manœuvre doit permettre de déstabiliser les insurgés dans ces phases qui sont, pour lui, des moments de vulnérabilité. Pour cela, les armées modernes doivent disposer de capacités et d’unités réactives comme des hélicoptères, des drones armés, des forces spéciales capables de prendre l’initiative à chaque phase du processus stratégique, de la conception à la victoire en passant par la rupture stratégique et à l’exploitation. La manœuvre doit imposer à l’adversaire le lieu de l’affrontement afin d’éviter que les guérillas ne réussissent à s’insérer au sein des populations, créant ainsi le risque, pour les armées conventionnelles, de perdre toute liberté d’action ou de commettre des dommages collatéraux. Malheureusement, pour permettre de redonner à la manœuvre tout son sens, les militaires occidentaux doivent dépasser des freins doctrinaux ou sociologiques.

jeudi 22 décembre 2011

A l’ère de la technique et des conflits asymétriques, reste-t-il de la place pour la manœuvre ? (1/2)


Pour commencer un cycle sur les problématiques liées à la contre-insurrection et les guérillas voici la première partie d'une réflexion sur la manoeuvre sous le prisme des conflits asymétriques. Bonne lecture et à vos commentaires.

Après avoir écouté une conférence du professeur COUTAU-BEGARIE, un des plus célèbre stratégistes français, j’ai souhaité faire part de mon point de vue sur l’un des aspects les plus prégnants de la tactique, à savoir la manœuvre.
En effet, JOMINI, en son temps, rappelait déjà aux militaires que « la supériorité dans l’armement peut accroître les chances de succès à la guerre ; en elle-même, elle ne gagne pas les batailles. »
En outre, les champs d’affrontement contemporains, avec l’apparition d’adversaires qualifiés d’asymétriques et définis par le professeur COUTAU-BEGARIE de « persistance des guérillas traditionnelles sans encadrement idéologique moderne », pose la question de la pérennité des outils de la stratégie. Ceci, d’autant que cette menace s’appuie généralement sur des milieux contraignants et se développe au cœur des populations.
Aussi, s’agit-il de s’interroger sur le rôle, pour les armées modernes, de la manœuvre, modalité stratégique qui, à base de mouvement cherche à agir sur les points faibles de l’ennemi.
Plus que jamais, il apparaît que la manœuvre, tout en s’appuyant sur la supériorité technologique, doit retrouver un rôle central dans la conduite des stratégies menées dans les opérations actuelles.
Dès lors, même si ce début de XXIème siècle semble consacrer le primat de la technologie et la victoire du combattant irrégulier, l’histoire démontre que la manœuvre a toujours permis d’effacer le progrès technique ou les effets militaires des guérillas mais aussi qu’elle demeure essentielle dans la résolution des conflits asymétriques.

mardi 20 décembre 2011

L'uchronie : une autre façon d'étudier l'histoire militaire.


Cette semaine, dans la rubrique "A lire", nous vous proposons un coup de coeur littéraire. Il s'agit du livre réalisé par plusieurs historiens, Jacques Sapir, Loic Mahé et Franck Stora qui nous invitent à revisiter la campagne de France de 1940. Ils ont ainsi écrit une uchronie (1) de grande qualité à travers une intéressante interprétation des évènements ainsi que des instants ou décisions clefs qui auraient pu changer les enjeux de la seconde guerre mondiale. Cet essai réussi me conforte dans l'idée, qu'étudier l'histoire militaire, voire la tactique, par l'intermédiaire de récits "uchroniques", demeure un outil riche en enseignements. Mais ces auteurs ne sont pas les seuls à avoir initié ce mouvement, ils ont été précédés par des écrivains tels Christophe Lambert et ses ouvrages comme "La brèche" ou "Souviens toi d'Alamo" mais également Robert Harris avec son "Fatherland". Certes l'aspect romanesque prédomine mais il y a de nombreuses allusions à des équipements, des modes d'action, des choix tactiques ou encore des références à la psychologie des chefs en situation.
Aussi, ce livre sur 1940 permet-il de réhabiliter les unités françaises de l'époque quant à leur capacité à tenir tête aux troupes allemandes dont les succès initiaux étaient principalement le résultat de la sidération française face à la percée blindée des Ardennes mais surtout aux prises de risque de généraux allemands. Dans ce récit, l'armée d'Afrique du Nord prend l'initiative face aux Italiens en imaginant une manoeuvre motorisée audacieuse. Seul l'épisode d'un débarquement amphibie en Sardaigne paraît d'un optimisme prononcé, même si les problématiques des opérations de ce type (logistique, appui aérien,...) sont évoquées avec justesse. Un seul conseil, plongez vous dans la lecture de ce livre !

(1) L'uchronie est une évocation imaginaire dans le temps. « Uchronie » est un néologisme du XIXe siècle fondé sur le modèle d’utopie, avec un « u », négatif et « chronos » (temps) : étymologiquement, le mot désigne donc un « non-temps », un temps qui n’existe pas.
L’auteur d’une uchronie prend comme point de départ une situation historique existante et en modifie l’issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. À partir d’un événement modifié, l’auteur crée un effet domino (terme anglo-saxon couramment utilisé : effet papillon) qui influe sur le cours de l’Histoire. Cette volonté de changer le cours de l’histoire pour imaginer ce qu’elle aurait pu être rappelle la phrase de Blaise Pascal : « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » (Pensées, 90).

vendredi 16 décembre 2011

Peut-on encore gagner une guerre rapidement ? L'exemple de l'opération "Just Cause" au Panama


Aujourd’hui, de nombreux chroniqueurs soulignent les réticences des pays occidentaux à déployer des troupes au sol contre certaines dictatures ou armées prétoriennes tout en déplorant la longueur des opérations, ces dernières ne semblant ne pouvoir s’inscrire que dans la durée pour obtenir les effets escomptés. Aussi, fort de ce constat, voici un coup de projecteur sur l’opération d’envergure menée par les forces américaines au Panama entre le 20 décembre 1989 et le 31 janvier 1990. Elle démontre, s’il en était encore besoin, que l’on peut planifier avec succès une action amphibie et aéroportée « éclair » avec des effectifs importants, sur un terrain difficile, contre une force adverse conséquente dont le centre de gravité majeur a été identifié comme étant un chef politico-militaire et/ou une chaîne de commandement.
Aussi revenons sur cette opération américaine où près de 27 000 soldats US furent déployés face aux 16 000 membres des forces armées panaméennes (FDP) sur un territoire de 75 517 kilomètres carré et peuplé de 3,5 millions d’habitants. En quelques jours, malgré quelques dommages collatéraux (pertes civiles), l’effet final recherché est atteint, Noriega est arrêté, une force de « stabilisation » est en place pour participer à la transition démocratique du pays.

mercredi 14 décembre 2011

Mise à jour de la rubrique "A lire" : les soldats de la grande armée.


Cette semaine nous vous proposons le livre de Jean-Claude Damamme "Les soldats de la grande armée" paru en 2008 aux éditions Perrin. Il aborde les campagnes napoléonniennes à travers le regard du combattant ou du chef tactique, vision parcellaire certes, mais propre à illustrer la complexité du combat, les frictions et le brouillard de la guerre.
L’auteur s’appuie ainsi sur les carnets de route des officiers et des soldats de la grande armée qui ont suivi l'empereur de 1805 à 1815. L’ouvrage décrit et commente les confidences de ces militaires, détaillant ou commentant leur quotidien, leurs missions, les champs de bataille, les modes opératoires, le sort des prisonniers, le service de santé ou encore la lutte contre la guérilla espagnole. Ce dernier aspect apporte d'ailleurs un autre éclairage sur la contre insurrection telle qu'elle fut menée à l'époque, et de manière remarquable, par le maréchal Suchet et les troupes impériales pour pacifier un pays en proie à la guerre civile et aux attaques d'un corps expéditionnaire britannique. Bonne lecture.

lundi 12 décembre 2011

De l’étonnant détournement de Sun Tzu.


Nous retrouvons notre série d'articles sur Sun Tzu grâce à une nouvelle contribution de Yann Couderc, notre spécialiste de ce stratège chinois. Cette fois, il s'interroge sur le contexte d'application des enseignements de Sun Tzu dans les conflits contemporains. Bonne lecture.

Toute étude de texte se voulant un tant soit peu poussée passe nécessairement par l’examen de l’environnement de son écriture : quelles étaient les idées en vigueur à l’époque ? L’auteur écrivait-il alors de façon convenue ou se présentait-il comme un rebelle ? Quels étaient les concepts considérés aujourd’hui comme fondamentaux mais inconnus à cette période ? etc.. Sun Tzu n’échappe pas à la règle, et l’étude du contexte de son écriture devrait théoriquement nous permettre d’éclairer certains aspects de la structure de son traité.
Sauf que nous assistons au phénomène exactement inverse : aujourd’hui, le champ d’application de L’art de la guerre s’avère en totale opposition avec celui envisagé lors de sa composition ! Voyons pourquoi.
 

samedi 10 décembre 2011

De la pertinence de l’apprentissage des actions défensives pour les opérations contemporaines (3/3)

Voici la troisième et dernière partie consacrée à l’art de la défensive avec une réflexion sur la mise en œuvre de ce mode d’action à l’aune des conflits et des zones d’operation dans lesquels sont deployées les forces armées occidentales aujourd’hui. Bonne lecture. J’attends vos réactions et commentaires pour initier le debat.

La défensive dans les engagements d’aujourd’hui et de demain

Clausewitz nous rappelle déjà que « la détermination de l’espace incombe à la défense tandis que celle du temps incombe à l’attaque. » Aussi, alors que les opérations de stabilisation deviennent le cœur de l’engagement des forces terrestres, les modes d’action défensifs contribuent à la maîtrise du milieu et à la sécurisation. Certains y voient même un retour à la fortification rendu nécessaire par les contraintes de la « Force protection » et par le quadrillage adopté pour la contre-rébellion. De la même façon, l’avènement des espaces lacunaires dans la bataille et la disparition de moyens de défense passifs[1] exigent aujourd’hui de repenser et de refonder la manœuvre défensive[2].

jeudi 8 décembre 2011

De la pertinence de l’apprentissage des actions défensives pour les opérations contemporaines (2/3)

Voici la seconde partie de la réflexion sur l’apprentissage de la défensive avec une analyse des avantages et inconvénients au travers d un prisme historique de ce mode d’action, Bonne lecture.

La défensive dans sa perspective historique

En première approche, les modes d’action défensifs semblent être boudés par les plus grands stratèges qui, à l’instar de Napoléon, déclare « que la meilleure défense reste l’attaque ». Aussi, constate-t-on que le rempart, comme le mur d’Hadrien, la Grande Muraille de Chine, la ligne Maginot ou, plus récemment, la ligne Bar Lev israélienne sur le canal de Suez, ont montré leurs limites. Dans le domaine opérationnel, nombreuses sont les manœuvres défensives qui ont échoué. Il faut ainsi se souvenir, au Moyen Age, de la prise de Château-Gaillard réputé pourtant imprenable. Plus tard, il ne faut pas ignorer les défenses désespérées japonaises à Guadalcanal ou Iwo Jima et enfin, l’échec du camp retranché de Dien Bien Phu.

mercredi 7 décembre 2011

Histoire bataille et nouveauté dans la rubrique « Batailles et enseignements » : la bataille de Guadalcanal.

Cette semaine nous vous proposons de revenir sur cette opération amphibie de la guerre du Pacifique en 1942 et 1943, riche en enseignements, tant en termes de coopération interarmes que de manœuvres défensives sur un terrain difficile et ce, avec des belligérants pugnaces mais aussi aux référentiels moraux et stratégiques différents. Dans cette synthèse illustrée par des cartes, de nombreux aspects tactiques et opératifs sont étudiés, de la conception des opérations à la logistique, en passant par la coordination des moyens pour percer un dispositif ou les appuis feux navals et aériens. Bonne lecture.

mardi 6 décembre 2011

De la pertinence de l’apprentissage des actions défensives pour les opérations contemporaines (1/3)

En lien avec  le thème de la rubrique « Paroles de chef », nous vous proposons la première partie d’un article sur la défensive, thème qui demeure peu traité à l’heure de la contre insurrection ou du combat conventionnel hyper technologique. Ce dernier permettrait, semble-t-il, de saisir l’initiative par des actions offensives et fulgurantes contre un adversaire contraint uniquement à subire la volonté de l’assaillant. Néanmoins, cette réflexion sur les modes d’action défensifs devrait susciter le débat et vos réactions. Bonne lecture.


« Si la recherche d’équilibre demeure l’objectif stratégique, l’entraînement doit couvrir l’ensemble du spectre des savoir-faire opérationnels, c’est-à-dire l’offensive, la défensive et la stabilisation ». Cette affirmation, extraite de la directive 2009-2011 du général W.Casey, chief of Staff of the Army, pour la préparation opérationnelle des unités, démontre, s’il en était besoin, que malgré leur supériorité conventionnelle, les Etats-Unis n’excluent pas de préparer leurs forces à des postures opérationnelles défensives. Pourtant, force est de constater que s’exprimer sur la « défensive » dans les armées occidentales et, en particulier, dans l’armée française, ne fait pas l’unanimité aujourd’hui. En effet, une approche des opérations sous l’angle de la défense est considérée comme l’illustration d’un déficit d’audace voire le symptôme d’une prudence excessive et d’un manque de confiance dans nos équipements. Il s’agit donc de remettre en question ces certitudes héritées de la RMA[1] post guerre froide, en réaffirmant, dans un premier temps, que la défensive complète toujours l’action offensive, mais aussi en soulignant,  dans un second temps, que son apprentissage historique et contemporain permet de réhabiliter son emploi, mais aussi de mieux appréhender sa mise en œuvre par un ennemi potentiel.

lundi 5 décembre 2011

Nouvelle citation pour initier une série d’articles sur l’art de la défensive…

Cette semaine dans la rubrique "Paroles de chef", nous vous proposons une citation de Napoléon sur les places fortes, ce qui nous permettra, dès demain, dinitier une série darticles sur ce mode d'action souvent peu étudié,  notamment au sein des armées occidentales qui y voient peut-être  une situation de faiblesse ou une négation des capacitiés offensives offertes par les équipements modernes. Il y a  aussi un héritage de lhistoire militaire dont des défaites ont été le fait de situations défensives fragiles à l’instar de la Grande guerre, de la ligne Maginot ou des batailles comme Stalingrad,  Dien Bien Phu voire encore Iwo Jima et Tobrouk.
Je profite de ce post qui fait référence à Napoléon pour répondre, en partie, à linterrogation dun lecteur sur le plan de manoeuvre de lEmpereur à Austerlitz. Je vais poursuivre mes recherches mais, dores et déjà, sur l’opportunité saisie par les Français à Pratzen, Liddell Hart, dans son livre  "Les généraux allemands parlent", considère que Napoléon a utilisé une tactique héritée de sa connaissance des grandes batailles et de ses lectures. En effet, il naurait fait quadopter la ligne oblique mise en oeuvre par les Grecs de lAntiquité ou par Frédéric II à Leuthen. Je suis  à l’écoute de vos suggestions.

vendredi 2 décembre 2011

Histoire bataille : petit clin d’œil à Austerlitz.

Aujourd’hui, 2 décembre 2011, à l’occasion de l’anniversaire de la bataille d’Austerlitz, nous revenons en quelques lignes sur cette victoire de Napoléon qui consacre son génie militaire et ce, après déjà des batailles remarquables en Italie ou en Egypte ainsi que des faits d’armes à venir qui deviendront, eux aussi, des cas d’école comme la campagne de France de 1814 ou Wagram en 1809.
Austerlitz est en effet riche en enseignements tactiques. Sous estimation de l’armée française par les troupes austro russes, utilisation du terrain pour masquer l’effort, friction engendré par le brouillard qui recouvre le champ de bataille, action de choc de la cavalerie de Murat, effet psychologique de l’artillerie, initiative des petits échelons ou encore capacité à exploiter une opportunité (prise du plateau de Pratzen par le corps de Soult) sont autant d’illustrations des principes de la guerre ou des leçons à tirer.

Pour ceux qui souhaiteraient revenir sur cette bataille vous trouverez ci-après une carte et une synthèse des évènements. Bonne lecture.

jeudi 1 décembre 2011

Vous reprendrez bien un peu de Sun Tzu ? ou un bel exemple du scepticisme à avoir vis-à-vis d’Internet.

Notre spécialiste de Sun Tzu, Yann Couderc, nous fait part d'une observation iconoclaste sur les principes de ce grand stratège et surtout leur utilisation, y compris fallacieuse. Merci pour sa contribution à L'écho du champ de bataille et bonne lecture...

Je viens tout juste d’assister à une conférence où l’intervenant, pour illustrer son propos, mettait en exergue cette citation de Sun Tzu : « L'affaiblissement ou l'élimination d'un adversaire est possible grâce à un usage habile d'une rumeur ponctuelle ou répétitive savamment diffusée. »
Cet apophtegme issu de L’art de la guerre servait alors à illustrer comment il était possible de mettre à terre un concurrent par le seul usage de la désinformation; assertion aujourd’hui évidente. Cette citation est régulièrement utilisée : référencée sur de nombreux sites Internet et dans au moins un ouvrage ayant trait à la thématique de la guerre informationnelle [1], elle figure même au sein d’une publication officielle de la Défense, « Les cahiers du CESAT » (numéro de septembre 2005). Cette citation venue du fond des âges s’avère donc indubitablement visionnaire et particulièrement contemporaine. Bref : du grand Sun Tzu !
Sauf que… Sun Tzu n’a jamais tenu ce propos.

mardi 29 novembre 2011

Retour sur l’intervention alliée en Russie de 1918 à 1920 : l’échec d’une coalition au cœur de la guerre civile.


En relisant divers documents, ouvrages ou sites internet, j’ai redécouvert l’ampleur de l’intervention alliée sur le territoire russe pendant la guerre civile entre « Blancs »[1] et « Bolchéviks » de 1918 à 1920. J’ai pu mesurer combien cet épisode, occulté par la victoire de la Grande guerre, avait été un échec cuisant de la diplomatie et des forces armées du commandement interallié. Ce constat s’appuie en particulier par une planification inefficace, un effet final recherché inconsistant et une mauvaise analyse des facteurs clés de cette campagne sur un théâtre lointain et difficile. En outre, malgré un commandement prétendument conduit par le maréchal Foch, la coalition montrera rapidement ses faiblesses et ses divergences dans les buts et les moyens.

En effet, après la révolution d’octobre en 1917 et la signature du traité de Brest-Litovsk qui met fin à la guerre entre Moscou et Berlin, les Alliés cherchent à éviter le transfert des divisions allemandes du front de l’est vers le théâtre occidental. De plus, des tonnes de matériels et d’armement, initialement destinées aux troupes tsaristes, sont stockées dans les ports russes comme Mourmansk que les Allemands convoitent en profitant des offensives de leur allié finlandais contre les communistes.
Aussi, à Abbeville le 2 mai 1918 le Conseil de guerre suprême interallié décide l’envoi d’un corps expéditionnaire. Il a pour mission de protéger les armes et les munitions des ports russes, ukrainiens et sibériens, d’empêcher le transfert vers l’ouest des prisonniers des puissances centrales internés dans ces régions (estimés à 1 million d’hommes) et de préserver une porte de sortie à Vladivostok pour le corps d’armée tchécoslovaque (50 000 hommes qui se battaient au côté des troupes de Nicolas II avant la révolution) que l’on veut rapatrier sur la France pour continuer le combat face aux Allemands.
Les Japonais, quant à eux, acceptent d’intervenir car ils y voient l’opportunité de contrôler la façade pacifique de la Sibérie.
Mais les tergiversations, les conflits d’intérêts et les rivalités naissantes entre les gouvernements ou armées alliées empêchent la planification d’une opération conjointe et efficace, d’autant que les autorités bolchéviques prennent le contrôle de nombreuses cités alors que les armées « blanches », favorables à l’action de l’Entente[2], sont divisées sur les objectifs à atteindre.

dimanche 27 novembre 2011

Nouvelle proposition de lecture : enseignements tactiques du jour "J " et de la bataille de Normandie



Aujourd'hui nous faisons un focus, dans la rubrique "A lire", sur le dernier livre historique d'Anthony Beevor sur le D-Day et la bataille de Normandie. Cette dernière, en effet, propose de nombreux exemples tactiques et opératifs illustrant les principes de la guerre, la manœuvre interarmes ou interarmées, l'influence des chefs et des stratégies dans le succès d'actions offensives ou défensives. L'équipement du combattant et l'innovation technique sont également au coeur de cet ouvrage dont nous vous proposons ci-dessous une synthèse manuscrite (appuyée d'une carte en couleur) riche en références et enseignements. Bonne lecture...

Fidèle à son style, qu’il a perfectionné avec ses deux précédentes publications "Stalingrad " et "La bataille de Berlin", l’auteur nous livre un regard d’historien sur cet épisode de la seconde guerre mondiale. Il enrichit également son travail d’une étude fine des actions au niveau tactique et opératif. Passionnant, documenté et chronologique, ce récit plonge le lecteur au cœur des combats du bocage normand mais analyse également, avec hauteur de vue et discernement, le contexte politico-stratégique, les perceptions idéologiques ou éthiques du moment, tout comme la psychologie des combattants comme celle des décideurs civils et militaires. Seule ombre au tableau, des cartes en nombre insuffisant, qui ne trouvent pas toujours leur place dans le propos et dont la qualité pédagogique, voire la précision, illustrent mal les enseignements décrits par Beevor.
Concernant la tactique et les fonctions opérationnelles, ce livre met en exergue la perception du combattant sur le terrain, l’impact du matériel et de son évolution sur les modes d’action, l’intérêt ou les limites de l’intégration interarmes ou interarmées. Il souligne également le poids de la conception dans la réalisation de la manœuvre, celui du style de commandement et de la qualité des chefs. Enfin, faisant souvent référence à son concitoyen Liddell Hart, il nous rappelle que l’on paye souvent un lourd tribut en omettant l’application des principes de la guerre.

samedi 26 novembre 2011

Histoire bataille et guerre sino-vietnamienne de 1979 : quand les masses conventionnelles chinoises sont mises en échec par la stratégie défensive de Hanoi.



Cette semaine, "L'echo du champ de bataille" vous propose, dans la rubrique "Batailles et enseignements", un conflit conventionnel de la seconde moitié du XXème siècle bien peu évoqué en histoire militaire. Il s'agit de la guerre sino-vietnamienne de 1979 qui, selon Pékin, aurait dû être une offensive punitive éclair contre son voisin asiatique devenu un concurent régional et l'allié de Moscou. Pourtant, grâce à un dispositif défensif efficace tenu par des moyens limités, le Vietnam tiendra tête, près d'un mois, aux nombreuses divisions chinoises engagées dans cette opération. La synthèse de cette bataille frontalière de grande envergure illustrera l'echec de certaines tactiques, la nécessité de combiner les moyens interarmes, le rôle majeur du renseignement et de la logistique mais aussi l'importance de la planification dans une vision opérative d'un théâtre d'opération. Bonne lecture... 

jeudi 24 novembre 2011

Imagination dans la guerre : la tactique de l’infiltration allemande des Sturmtruppen (1917-1918).


Afin de rebondir sur la citation du général Clément-Grandcourt concernant l’imagination du chef au combat et sur vos commentaires, il me semble opportun de faire référence aux tactiques mises en place par les troupes allemandes à partir de 1917 afin de débloquer la situation sur des fronts figés par la guerre de positions.
Ces tactiques dites d’infiltration prennent tout leur sens et s’inscrivent comme une leçon majeure du théâtre d’opération italien pendant le premier conflit mondial. En effet, le général  Ludendorff élabore un plan pour conduire une offensive austro-allemande de 6 divisions entre les rivières Tagliamento et Isonzo près du village de Caporetto, point faible du réseau défensif italien. Il veut utiliser la tactique de l’infiltration conduite par le général russe Brussilov à l’été 1916 mises en œuvre pour faire face, à l’époque, à une pénurie d’artillerie.
Ce mode d’action, élaboré pour palier un problème conjoncturel, va être transformé en méthode formelle par les militaires allemands.
Ces derniers, après avoir étudié différentes batailles (Somme, Verdun,…) vont en conclure que les puissants barrages d’artillerie précédents les assauts  avaient des effets pervers sur les offensives car ils rendaient le terrain impropre à une progression rapide et permettaient aux adversaires d’amener leurs réserves sur la zone d’effort et ce, avant que toute percée n’est pu être exploitée. Fort de ce constat, il apparut nécessaire de développer les troupes d’assaut (ou Stosstruppen) déjà existantes mais cantonnées à des missions de contre attaque.

 

mercredi 23 novembre 2011

Nouvelle citation dans votre rubrique "Paroles de chef".

Cette semaine, nous vous proposons une nouvelle citation du général Clément-Grandcourt. Cet officier est une figure du siècle dernier et un écrivain militaire prolixe. Officier brillant, il servira en Algérie entre 1908 et 1910, s'illustrera pendant la première guerre mondiale comme chef de corps avant d'être chef d'état-major de la 6ème armée sur le front. Réclamé par le maréchal Mannerheim pour commander les forces internationales dans le conflit qui oppose la Finlande à l'URSS, il n'hésitera pas à s'engager comme deuxième classe en 1940 après avoir été retiré du service pour raison de santé au moment de la mobilisation générale. Provocateur, imaginatif, foisonnant d'idées, il écrira, entre 1912 et 1934, une quinzaine d'ouvrages ou d'articles sur la tactique, les opérations et l'histoire militaire comme "La tactique au Levant" ou "La guerre de forteresse sur le front russe". Dans ses écrits, il fait montre d'idées très en avance sur son temps comme celles concernant l'emploi des blindés. Pour lui, et comme en atteste la citation proposée, l'imagination est au coeur de l'art de la guerre et du rôle du chef militaire. Il est vrai que de nombreuses victoires sont à mettre au crédit de dispositifs, de manoeuvres ou de bottes secrètes innovantes. Avant de vous proposer quelques illustrations dans ce domaine, j'attends donc vos commentaires et vos suggestions extraites de l'histoire militaire.

lundi 21 novembre 2011

Sun Tzu : pourquoi les Chinois travestissent-ils l'Histoire ?

Aujourd'hui, nous vous proposons un nouvel article de Yann Couderc, notre spécialiste de Sun Tzu afin de lever le voile sur les efforts chinois pour modifier la date de naissance du père de la stratégie. Merci pour sa contribution à "L'echo du champ de bataille" et bonne lecture.

Il est extrêmement rare de trouver un texte chinois faisant vivre Sun Tzu à une autre période que celle dite des  "Printemps et des Automnes", c’est-à-dire entre 722 et 476 av. J.-C. Ces dates correspondent en effet à celles données dans un classique chinois, "Les mémoires historiques", datant de la fin du Ier siècle av. J.-C. Selon Sima Qian, son auteur, Sun Tzu aurait été un contemporain de Confucius et aurait fait cadeau en 512 av. J.-C. de son traité au roi. Ce dernier, inspiré par cet enseignement, aurait alors réussi à s'emparer des territoires voisins. Or la plupart des historiens s’accordent pour reconnaître que "L’art de la guerre" ne peut avoir été écrit à cette époque, mais plutôt durant la suivante, dite des "Royaumes combattants" (entre -476 et -221), et plus exactement durant la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C.

Pourquoi  alors, si les experts ont prouvé cette datation[1], tant d’ouvrages chinois continuent-ils de se référer à la chronologie fantaisiste de Sima Qian ?

samedi 19 novembre 2011

Pour compléter le débat, vos exemples et vos commentaires : les bérets verts au Vietnam.


Tout d’abord merci aux lecteurs qui ont fait part de leurs références historiques dans les commentaires de divers articles et en particulier celui sur le rôle des forces légères dans les opérations de contre-insurrection.
Pour compléter le débat que vous avez initié, voici une synthèse de divers documents, d’ouvrages historiques français ou issus de documents de réflexion et de RETEX[1] de l’armée de terre américaine sur ces forces spéciales (les bérets verts) pendant le conflit vietnamien.

En 1961, débute le programme CIDG (Civilian Irregular Defense Groups) avec la mise en place, au Vietnam, de la A-Team des bérets verts du capitaine Ronald Shakelton pour former des unités d’auto-défense au sein des villages frontaliers habités par des ethnies minoritaires (Montagnards, Khmers, Chinois). L’objectif est principalement d’obtenir des renseignements sur les infiltrations nord vietnamiennes et d’empêcher le Viêt-Cong d’avoir accès à la population pour y développer sa propagande communiste. Devant le succès des premiers camps d’auto-défense, le gouvernement américain déploie davantage de forces spéciales (et en particulier des bérets verts).

jeudi 17 novembre 2011

Facteur temps: peut-on parler de "Chrono tactique" ?

Paul Virilio, il y a quelques années, avait déjà initié le concept de « chrono stratégie » repris depuis dans nombre d’articles, analyses et autres colloques afin de souligner la nécessité d’imaginer, de concevoir, de conduire et d’évaluer les réponses aux défis stratégiques dans un cycle du temps de plus en plus court et contraint.
Les opérations contemporaines, à l’image des dernières frappes en Libye ou des actions menées en Afghanistan, sont elles aussi soumises à cette course contre la montre avec l’adversaire potentiel, sur la scène médiatique bien évidemment, mais aussi sur le terrain où chaque belligérant veut garder l’initiative, cherchant un chemin plus rapide, se déplaçant de nuit à l’abri de certains capteurs. Au niveau tactique et opératif, la notion clef de temps a toujours été prise en compte d’abord de façon empirique, quand Napoléon multipliait le nombre d’estafettes pour porter un même message ou s’appuyait sur l’état-major de Berthier pour transformer rapidement les plans de l’empereur en ordres écrits, puis de manière plus technique, avec des « Battle rythm »[1] ou des « synchromatrix»[2]. Dès lors, pourquoi parler de chrono tactique ?
En fait, il semble bien qu’aujourd’hui, plus qu’hier encore, le facteur temps ne soit plus un simple outil de l’élaboration des ordres ou de la planification mais un principe tactique à part entière. En effet, si de nombreux exemples historiques montrent l’importance du temps pour s’assurer de la victoire, les progrès technologiques et l’évolution des adversaires potentiels imposent à la manœuvre d’être pensée et conduite dans un cycle temps rénové.

mardi 15 novembre 2011

Mise à jour de la rubrique "A lire": la passionnante biographie du général Saint-Hillier

"Le général Saint-Hillier, de Bir Hakeim au putsch d’Alger "de Jean-Christophe Notin, éditions Perrin, 2009.
Grâce à cet auteur, le général Saint-Hillier, homme de tous les combats auprès du général De Gaulle, livre, à travers ses carnets inédits et ses archives personnelles, l’histoire sans fard de la France libre à l’Algérie en passant par l’Indochine. Officier de la 13ème DBLE, chef d’état-major de la 1ère DFL mais aussi lors de l’expédition de Suez, il commande la 10ème DP en Algérie. Il est le témoin et l’acteur des grands combats de cette période. Des descriptions captivantes des batailles qu'il a vécues et des enseignements tactiques et opératifs décrits sous le regard d'un officier expérimenté. Bonne lecture.

dimanche 13 novembre 2011

Nouvelle citation dans la rubrique "Paroles de chef" : réflexions sur la manoeuvre.


Aujourd’hui nous vous proposons une citation extraite des mémoires de guerre de Winston Churchill, cet officier devenu homme politique, premier lord de l’Amirauté et enfin premier ministre de Grande Bretagne à l’aune des heures les plus sombres de la seconde guerre mondiale. Elle suscitera probablement chez certains d’entre vous le débat et je vais donc m’efforcer de défricher la réflexion voire de lancer quelques pistes tous azimuts.
Ces paroles, si elles font référence aux combats d’Afrique du Nord entre 1940 et 1943, raisonnent surtout de l’écho lointain de la guerre des Boers[1], une « petite guerre » aurait dit Charles Caldwell[2], où les Britanniques découvriront les difficultés de la contre-insurrection et des expéditions lointaines face à un adversaire mobile et manœuvrier entre 1880 et 1902.
Ceci me donne donc l’opportunité de faire un parallèle avec les opérations contemporaines face à des insurgés, des rebellions, des milices ou tout simplement des forces non conventionnelles qui connaissent parfaitement le terrain et profitent du soutien de la population.
A l’époque du conflit contre les Boers, Londres connaîtra d’abord de nombreuses défaites dans des batailles rangées à Magersfontein, Stormberg et Colenso puis reprendra l’initiative avec l’arrivée de renforts avant de chercher une parade à la guérilla mené par les troupes Boers. Le commandant de l’armée britannique, Lord Kitchener décide alors de bâtir des postes fortifiés, de former des troupes locales irrégulières mais aussi d’interner près de 115 000 Boers pour priver les insurgés de leur liberté d’action. Néanmoins, pour mener sa mission à bien, il devra compter sur 448 000 hommes (il en perdra 22 000) qui lui seront nécessaires pour quadriller et contrôler la zone d’opération face à seulement 50 000 combattants adverses. Ces effectifs importants s’expliquent par les difficultés britanniques à combattre contre des cavaliers Boers, toujours en mouvement, insaisissables, menant raids et embuscades, bénéficiant de la logistique locale et d’un réseau de renseignement structuré.