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« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

samedi 10 décembre 2011

De la pertinence de l’apprentissage des actions défensives pour les opérations contemporaines (3/3)

Voici la troisième et dernière partie consacrée à l’art de la défensive avec une réflexion sur la mise en œuvre de ce mode d’action à l’aune des conflits et des zones d’operation dans lesquels sont deployées les forces armées occidentales aujourd’hui. Bonne lecture. J’attends vos réactions et commentaires pour initier le debat.

La défensive dans les engagements d’aujourd’hui et de demain

Clausewitz nous rappelle déjà que « la détermination de l’espace incombe à la défense tandis que celle du temps incombe à l’attaque. » Aussi, alors que les opérations de stabilisation deviennent le cœur de l’engagement des forces terrestres, les modes d’action défensifs contribuent à la maîtrise du milieu et à la sécurisation. Certains y voient même un retour à la fortification rendu nécessaire par les contraintes de la « Force protection » et par le quadrillage adopté pour la contre-rébellion. De la même façon, l’avènement des espaces lacunaires dans la bataille et la disparition de moyens de défense passifs[1] exigent aujourd’hui de repenser et de refonder la manœuvre défensive[2].
Enfin, dans le cadre de la surprise stratégique évoquée dans le Livre blanc de 2008, nos forces pourraient être amenées à adopter une posture défensive face à un adversaire conventionnel à l’image d’une armée russe investissant le territoire géorgien. Dans un autre registre, étudier la manœuvre défensive, c’est aussi ne pas sous-estimer son adversaire et apprendre ou comprendre les modes d’action qui sont souvent les siens face à notre action[3].

Par orgueil ou par excès de confiance dans leur propre supériorité, les armées occidentales délaissent aujourd’hui, dans le cadre de la réflexion comme dans celui de l’entraînement, le concept de stratégie défensive. Pourtant, les enseignements contemporains et l’histoire militaire rappellent que la défense n’est pas désuète à condition d’être adaptée à la menace et à l’environnement du combat. Face à un ennemi asymétrique qui sait disposer localement d’un rapport de forces favorable, ou face à un adversaire conventionnel potentiel, les modes d’action défensifs offrent au chef des outils pour tenir le terrain, gagner des délais et relancer l’action sans compromettre pour autant sa maîtrise des principes de la guerre[4].


[1] Signature par la France et par d’autres pays occidentaux de la convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines anti-personnelles.
[2] Dans le cadre de l’hypothèse 1 d’intervention  sur le territoire métropolitain ou sur les DOM-COM spécifiée par la PIA 00-301 et les modes d’actions des MICAT Proterre par exemple.
[3] Création de cellules « ROUGE » dans les états-majors.
[4] Liberté d’action, concentration des efforts, économie des moyens.

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