Nous l'avons vu, en Algérie, l'artillerie des avant-postes, participe à l'action interarmes en apportant ses moyens d'acquisition mais aussi ses effets psychologiques ou "cinétiques". Au delà de ce simple exemple, dans l'histoire militaire, la puissance de feux au plus près des unités de mêlée, sur des positions avancées, a toujours été mise en oeuvre avec efficacité. Cet emploi, tactiquement pertinent, faisait l'unanimité et entrait en cohérence avec les principes militaires majeurs de Foch (et de ses élèves) que sont la liberté d'action, la concentration des efforts, l'économie des moyens et la sûreté. Aucun chef militaire ne pouvait envisager un déploiement sans appui de bouches à feu.

Bienvenue sur l'écho du champ de bataille
« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…
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samedi 24 septembre 2016
dimanche 18 septembre 2016
L'artillerie des avant-postes : perspectives historiques - 1ère partie.
A la demande de plusieurs lecteurs assidus de votre blog, je débute aujourd'hui une série d'articles consacrés à l'emploi de l'artillerie dans les avant-postes. En effet, l'emploi des canons et mortiers français à partir des FOB (Forward Operations Base) en Afghanistan de 2008 à 2012, le déploiement d'AUF1 sur le Mont Igman aux côtés de la FRR (force de réaction rapide) en ex-Yougoslavie en 1995 puis l'engagement, durant quelques années, de pièces de 155 mm au sein du contingent français de la FINUL au Liban ont montré tout l'intérêt de disposer d'appui feux au plus près des postes tenus par l'interarmes. Plus récemment, dans la bande sahelo-saharienne, les mortiers de 120 mm, les CAESAR et même les LRU ont appuyé les manœuvres conduites à partir de Gao, Kidal ou Tessalit. Enfin, la crise au Levant, en Syrie comme en Irak, illustre le besoin de pièces d'artillerie pour prendre l'ascendant, reprendre l'initiative et frapper des objectifs dans la profondeur face à des adversaires irréguliers ou hybrides.
Aussi, au travers d'exemples historiques, nous verrons que l'emploi des feux indirects sur les avant-postes a , de tous temps, été une vraie plus-value afin de garantir la liberté d'action du chef interarmes ou contribuer au principe de concentration des efforts. Le premier de ces exemples réside dans la mission confiée au artilleurs lors de la guerre d'Algérie.
dimanche 19 juin 2016
L'artillerie des stratagèmes, le livre du colonel Fort.
Les éditions Economica viennent de publier l'ouvrage du colonel Fort, artilleur et chef de la direction des études et de la prospective de l'Ecole d'artillerie. Son "'artillerie des stratagèmes" est un livre passionnant et très bien documenté, riche en références historiques comme en exemples contemporains, mais aussi écrit avec un style fluide qui facilite la compréhension des arguments techniques. On regrettera juste l'absence d'annexes permettant, avec quelques cartes et extraits, d'illustrer certains témoignages évoqués dans le propos. L'auteur démontre, s'il en était besoin, le rôle majeur que peut jouer l'artillerie dans les manœuvres de déception. En effet, "l'association entre l'artillerie et la déception peut apparaître paradoxale. Pourtant, avec l'avènement des trajectoires indirectes il y a un siècle, l'emploi de l'artillerie à des fins de déception s'est vu ouvrir de multiples perspectives (...) Or, se priver de la puissance de feux c'est se priver d'un avantage majeur. L'artillerie est l'arme de la surprise et l'emploi de la déception artillerie dans le récent conflit afghan a montré sa pertinence."
dimanche 13 décembre 2015
Stratégie, tactique et asymétrie : petit clin d'oeil à Star Wars...
Dans quelques jours, un nouvel épisode de la saga "Star Wars" (ou guerre des étoiles en français) va sortir sur les écrans. Cet évènement cinématographique a bien évidemment pour moi une résonnance toute particulière car je fais partie d'une génération qui a été bercée par les aventures spatiales des Jedi face aux forces obscures de l'empereur dans une galaxie très lointaine. Mais, au-delà de cette "madeleine de Proust" aux parfums de science-fiction, cette filmographie est vu par de nombreux observateurs, à l'instar du philosophe Raphaël Enthoven, comme un récit mythologique d'aujourd'hui, sorte d'Illiade, d'Odyssée voire de "théologie de la guerre" contemporaine. On y retrouve en effet les chroniques de héros légendaires, d'expéditions lointaines, de stratagèmes militaires, de forteresses imprenables et de batailles épiques.
Aussi, fort de ce constat, il m'est apparu effectivement, en revoyant quelques images des trilogies successives comme en feuilletant des ouvrages consacrés à cette histoire imaginaire, que Star Wars pouvait aussi nous permettre de mettre en perspectives certains enseignements stratégiques ou tactiques, et en particulier le principe d'asymétrie qui oppose les rebelles aux troupes impériales.
jeudi 11 juin 2015
Vietnam : la bataille d'Hamburger Hill - mai 1969
Aujourd'hui, votre blog vous propose de nous intéresser à une bataille dans un environnement contre-insurrectionnel. "Hamburger Hill" au Vietnam en 1969 permet de montrer la difficulté pour une armée conventionnelle de s'engager face à un adversaire asymétrique en associant objectifs tactiques et stratégiques dans un contexte médiatique contraint. Un retour d'expérience intéressant donc à analyser.
Contexte général :
Les Etats-Unis sont engagés
sur le terrain depuis 1965 face au Vietcong et à l'armée nord-vietnamienne.
Début 1968 a eu lieu
l’offensive du Têt, victoire militaire américaine, mais qui a accru le
ressentiment de la population à propos de l’engagement des Etats-Unis au Viêtnam, de son efficcacité et de ses objetcifs. Les
reportages des médias renforcent le doute au sein de la population américaine sur l’issue de cette guerre et le sens qui lui est donnée.
1969 : C'est l'année de la
vietnamisation, avant le départ des troupes US, c'est à dire le renforcement et la consolidation de l'armée sud-vietnamienne sensée prendre les opérations à son compte. Il s'agit d'une étape de la guerre de contre-insurrection correspondant à la re-construction des outils étatiques d'un pays en phase dite de stabilisation.. Les forces américaines sont
néanmoins à leur maximum avec près de 543 000 soldats déployés.
Cette affrontement tactique va néanmoins démontrer l'inadéquation des objectifs aux différents niveaux et les faiblesses du déploiement américain face aux insurgés vietnamiens.
lundi 1 juin 2015
L'artillerie dans les guerres de contre-insurrection : le livre...
Cet ouvrage vient de paraître aux éditions Economica et a été rédigé par des officiers de l'école d'artillerie de Draguignan sous la direction du général Benoît ROYAL commandant cet organisme de formation de l'armée de Terre.
Je suis ravi de saluer cette publication à deux titres, d'abord comme artilleur mais aussi parce que je suis cité dans le livre avec, en particulier, la référence à votre blog "L'écho du champ de bataille".
Le manuscrit apporte un nouvel angle de réflexion sur les conflits contemporains dits asymétriques en mettant en avant l'artillerie et ses effets pour participer à la lutte contre les combattants irréguliers. Enrichi de nombreux témoignages, le propos met en perspective les principes de la guerre contre-insurrectionnelle avec des exemples extraits des engagements français au Liban, dans les Balkans mais également en Afghanistan ou en Afrique. Les appuis feux coordonnés par les artilleurs comme les diverses opportunités offertes par les canons, mortiers, roquettes, radars ou drones de l'artillerie offrent ainsi un large spectre de solutions à l'interarmes pour neutraliser, renseigner, dissuader, appuyer, influencer, ratisser tout en participant aux actions de déception et à ce que l'on nomme les stratagèmes dans l'art de la guerre. Cette arme a su évoluer avec le contexte opérationnel, les innovations technologiques pour demeurer un atout incontournable pour le chef.
D'ailleurs, certaines thématiques évoquées et largement démontrées dans ce livre avaient également fait l'objet de divers articles sur votre blog :
-l'artillerie et son action lors de la guerre d'Algérie. http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr/2012/02/artillerie-et-guerre-dalgerie-atout-des.html
-l'artillerie et son rôle dans la dissuasion conventionnelle. http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr/2012/02/lartillerie-un-outil-cle-dans-le-cadre.html
-l'artillerie et ses moyens dans la déconfliction des effets sur le champ de bataille. http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr/2012/02/le-systeme-martha-la-solution.html
-l'artillerie dans une nouvelle perspective d'emploi par les forces conventionnelles de stratégème et de manoeuvres de déception.
http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr/2011/11/pour-revenir-sur-la-citation-de-cette.html
Un livre donc à lire pour découvrir, ou redécouvrir cette fonction opérationnelle et ses potentialités dans les engagements d'aujourd'hui et de demain.
Bonne lecture...
lundi 8 décembre 2014
Café débat stratégique - U 235
Demain 9 décembre 2014, au café Concorde, U 235 vous propose de débattre sur les défis auquels les armées occidentale doivent, ou devront faire face, dans les opérations contemporaines au XXIème siècle. Aussi, à l'heure où la menace asymétrique demeure pregnante et où les formes hybrides de conflictualité se développent en Afrique avec Boko Haram comme au Levant avec Daech par exemple, il apparaît essentiel de s'intérroger sur l'efficcacité des modèles militaires qui composent les corps expéditionnaires du moment.
Venez donc nombreux écouter et initier le débat avec l'équipe d'U235 mais aussi Joseph Henrotin, politlogue et spécialiste des questions de défense qui vient de publier aux éditions Nuvis : "Techno-guérilla et guerre hybride. Le pire des deux mondes".
lundi 2 juin 2014
Un roman passionnant sur la guerre du Vietnam : Retour à Matterhorn.
Dans ce roman paru en 2012 à redécouvrir, Karl Marlantes, vétéran de la guerre du Vietnam où il a servi comme lieutenant en 1969, nous offre une vision sans concession mais d'un grand réalisme sur ce conflit qualifié aujourd'hui d'asymétrique. En effet, au delà du romanesque haletant qui rythme son livre au travers de missions et de personnages fictifs, l'auteur décrit avec précision les actions de combat, la vie d'une unité isolée ainsi que le quotidien des soldats américains. Cette lecture permet donc de revenir sur des enseignements tactiques mais aussi politico-militaires de ce type d'opérations de contre-rébellion dans des milieux contraignants.
lundi 7 avril 2014
Enseignements tactiques : les combats du Tchad en 1910.
Le
04 janvier 1910, le capitaine français Fiegenschuh, qui s’était illustré contre
les tribus ouadaï par son audace 3 ans plus tôt dans la conquête d’Abéché
(Tchad), tombe dans une embuscade à Ouadi Kadja. Sa troupe est anéantie car
elle est tombée dans le piège tendu par le sultan Tadjadine (combattants
massalites) qui avait invité l’officier à une entrevue pour négocier un traité
de paix, invitation qui n’était autre qu’une ruse de guerre.
Le
colonel Moll, commandant la garnison d’Abéché, apprenant la nouvelle à
Brazzaville où il se trouve en mission, rejoint ses forces au Tchad en novembre
(10 mois après la mort de ses subordonnés) et décide de marcher à l’ennemi.
Mais
il sous-estime son adversaire et conduit sa colonne sans prendre le soin d’établir
une flanc- garde ou de projeter vers l’avant des patrouilles de reconnaissance.
jeudi 29 août 2013
Chronique du jour : un ouvrage à ne pas manquer...
Exceptionnellement, une petite chronique afin de saluer la sortie, aujourd'hui, du livre "L'offensive du Têt, le tournant de la guerre du Vietnam" de Stéphane Mantoux. Ce dernier est, comme moi, membre de "L'Alliance géostratégique" et anime un blog de belle facture "Historicoblog" sur l'histoire militaire.
Dans son ouvrage, il traite d'un sujet rarement évoqué dans le monde francophone mais qui apporte de remarquables éclairages sur la guerre insurrectionnelle ou asymétrique, ses moyens, ses principes comme ses modes d'action ou les ripostes possibles. En effet, si la puissance militaire américaine, en 1968, croyait encore pouvoir vaincre le Vietcong, elle ignore que le général Giap, ministre de la Défense du Nord-Vietnam, planifie une opération qui va bouleverser l'échiquier vietnamien. L'offensive du Têt surprend Saigon et Washington par sa brutalité, son envergure et sa surprise. Même si les Américains et les Sud-vietnamiens remportent des batailles tactiques symboliques jusqu'en mai 1968, comme à Huê ou à Khe Sahn, cette attaque préfigure le lent effondrement moral, politique et militaire du Sud-Vietnam dans une agonie qui durera jusqu'en 1975.
En bref, un livre à ne pas manquer, réalisé sur la base de documents anglo-saxons très riches et synthétisé de main de maître par Stéphane Mantoux qui apporte sa réflexion sur cet évènement "pivot" d'un conflit majeur de la fin du XXème siècle.
Bonne lecture...
mercredi 21 août 2013
Lecture et enseignements : "Tsahal, nouvelle histoire de l'armée israélienne" de Pierre Razoux.
A l'heure où le Proche-Orient connaît de nombreux soubresauts, il m'est apparu intéressant de revenir sur l'ouvrage très complet de Pierre Razoux sur l'armée israélienne qui vient d'être réédité récemment après une première parution en 2006. Cette force militaire, quoique jeune dans sa formation, a connu de nombreuses étapes dignes d'intérêt, de la création aux combats asymétriques en passant par des conflits conventionnels de haute intensité. J'ai également publié cet article sur le blog de "L'Alliance géostratégique" à laquelle j'appartiens depuis plusieurs mois.
Au regard de la richesse de l’ouvrage, j'ai choisi de ne pas évoquer, dans cette fiche de lecture, les aspects géopolitiques israéliens, l’évolution des alliances entre Tel Aviv et la communauté internationale ainsi que les nombreux évènements touchant aux officiers généraux très influents dans la vie politique du pays. L’accent sera également mis sur les forces terrestres et la coopération interarmées, en écartant de l’analyse la marine, l’armée de l’air et les nombreux services de renseignement stratégiques.
vendredi 19 juillet 2013
Résistance face à l'occupant : enseignements tactiques (1).
Alors que depuis quelques jours, le 27 mai, date anniversaire de la création du CNR (conseil national de la résistance) par Jean Moulin, est devenu la journée de commémoration nationale de la Résistance française, il m'est apparu intéressant de revenir sur les diverses missions de cette "armée des ombres". En effet, loin de certaines images d'Epinal, les réseaux ont fait évoluer leurs modes d'action au cours du temps, en fonction de leur niveau de développement mais aussi de la réaction allemande, des besoins des Alliés ou encore des équipements mis à leur disposition.
S'ils ont tâtonné à partir de 1940, les Résistants se sont peu à peu structurés cherchant principalement à entraver la liberté d'action de l'occupant ou à favoriser la collecte du renseignement, d'abord de manière anarchique puis avec la recherche d'un effet final recherché centralisé.
vendredi 14 juin 2013
Reconstruire une armée : les échecs américains à Cuba et au Nicargua 1906-1933.
Les armées occidentales semblent privilégier, sur les théâtres d'opérations contemporains, la reconstruction des armées locales afin de désengager, au plus tôt, leurs corps expéditionnaires. Que l'on parle de "mentoring", de formation ou encore d'assistance militaire, l'objectif demeure le développement de forces légitimes, efficaces et débarrassées de toute influence partisane.
Cette idée n'est pas nouvelle et a déjà été mise en pratique par les Etats-Unis dans le cadre de leur stratégie d'influence sur le continent sud-américain issue de la doctrine Monroe. Pourtant si ces initiatives ont été des succès opérationnels à court terme, ils sont demeurés des échecs institutionnels dans la durée.
mardi 30 avril 2013
Camerone ou la France en guerre au Mexique (1861-1867).
Si
nous fêtons aujourd’hui le 150ème anniversaire de la bataille de
Camerone, chère aux légionnaires, cette commémoration doit être davantage mise
en perspective car elle évoque également une expédition française, peu connue,
peu évoquée ou illustrée et pourtant, très riche en enseignements tactiques.
Il
ne s’agit pas de dénigrer le fait d’armes majeur de la Légion étrangère mais de
dépasser ce combat qui n’engagea qu’une compagnie face à près de 2 000 combattants
mexicains. Certes, Camerone est le symbole de la combativité, du courage et de
l’honneur de ces combattants venus du monde entier qui se battent pour la
France sur tous les théâtres d’opération. Remise dans son contexte, elle montre aussi le professionnalisme et la qualité des troupes impériales malgré le
fait qu’elles faisaient alors face à une armée mexicaine régulière et des
guérillas maîtrisant le terrain ou bénéficiant du soutien de la population.
Il
convient donc de revenir sur cette campagne mexicaine voulue par Napoléon III,
mission d’abord internationale avant d’engager jusqu’à 38 000 militaires
français pendant près de 6 années de combat. Il est surprenant que, jusque dans
les murs du Musée de l’armée à Paris, cet épisode guerrier ne soit presque pas analysé alors que nous démontrerons qu’il propose des réflexions en lien avec la
stratégie (militaire et politique), la tactique et l’emploi des armes, le
commandement, le combat en zone urbaine, la logistique, la contre-rebellion
comme la stabilisation voire « l’approche globale ».
dimanche 24 février 2013
Petites guerres et contre-insurrection : perspectives historiques (fin).
La
décolonisation, la subversion et la guerre révolutionnaire.
Après
1945, du fait des ambitions indépendantistes des colonies européennes mais
aussi des influences des idéologies de la Guerre Froide, plusieurs penseurs
comme Mao (Chine), Fidel Castro (Cuba), Ché Guevara (Amérique du sud), Hô Chi
Minh (Vietnam) et Marcelino Dos Santos (Mozambique), Chin Peng (Malaisie) ou
Ahmed Ben Bella (Algérie) théorisent ou développent, avec leurs spécificités
propres, une doctrine de guerre révolutionnaire, de subversion et de libération
nationale. Si les applications concrètes diffèrent parfois d’un pays à l’autre,
les fondements sont souvent les mêmes dans la mise en œuvre de l’insurrection.
Ainsi, cette stratégie indirecte, très bien décrite par le général Beaufre dans
son ouvrage « Introduction à la
stratégie » se met en place face aux grandes puissances de l’époque.
On y retrouve, à chaque fois, l'instauration d’une organisation clandestine, celle
d’une administration parallèle, une rébellion armée qui agit, de surcroît, au
sein de la population, pratique la terreur, la subversion (propagande,
noyautage, recrutement) et frappe à partir de ses sanctuaires (souvent derrière
une frontière ou dans un relief difficile d’accès), bases protégées qui
s’élargissent avec le temps.
dimanche 17 février 2013
Petites guerres et contre-insurrection : perspectives historiques (4).
La période coloniale du XIVème siècle et de la première partie du XXème
siècle.
A l’été 1830, l’armée française du
général de Bourmont s’empare d’Alger et voit se former, face à elle, la
résistance de divers groupuscules soutenus par des religieux locaux qui
appellent, dès le 26 juillet, la population au « Jihad » contre l’envahisseur. En 1832, ces insurgés
s’organisent avec, d’un côté le Bey du Constantinois, et de l’autre un marabout
mystique qui se fait nommer émir par des tribus du Mascara, Abdel Kader. Ce
dernier négocie d’abord avec les chefs militaires français mais l’accroissement
de son pouvoir ainsi que le soutien de puissances européennes (Prusse) en font
rapidement un adversaire dangereux pour l’expansion coloniale française. A ce
titre, il fait l’objet de campagnes militaires et de raids (dont la saisie de
sa « Smala » assurant la
logistique de ses combattants) d’autant qu’il tend, en 1835, une embuscade
sanglante contre un détachement français du général Trezel au milieu des marais
proches de la rivière Macta. Traqué, il faudra l’intervention successive des
généraux Bugeaud et Sillègue tout comme le déploiement de près de 100 000
hommes pour défaire la guérilla d’Adbel Kader et ce, afin que celui-ci finisse
par se rendre au duc d’Aumale en 1847.
lundi 11 février 2013
Petites guerres et contre-insurrection : perspectives historiques (3).
Voici donc la troisième partie de notre étude sur les formes d'insurrection et les tactiques utilisées par les combattants irréguliers comme par les armées qui, tout au long de l'histoire militaire, ont cherché à lutter contre ce type de conflictualité.
Hassan Ibn Saba,
appelé également le « vieux de la montagne », crée, entre la fin du
XIème et le début du XIIème siècle, la secte des
Hashshashin dans sa forteresse d’Alamut en Perse et ce, pour lutter contre l’empire
Seldjoukide.
Ses assassins ismaéliens comme ses guerriers fanatisés sèment la terreur
dans le territoire impérial turc faisant de Ibn Saba un acteur majeur de la
région. Malgré les expéditions militaires lancées contre lui, il résiste et oblige les monarques régionaux à négocier avec lui. Les assauts lancés par des armées conventionnelles sont toutes des échecs du fait de l'aura du chef insurgé, de son recrutement (au sein des populations chiites mises au banc de la société turque sunnite), de son influence politique (il a des contacts avec le roi de France), comme des
forteresses (zones refuge) qu’il contrôle ou de sa logistique auto-suffisante.
mardi 5 février 2013
Petites guerres et contre-insurrection : perspectives historiques (2).
Nous continuons notre voyage dans l'histoire militaire sur les traces de la "petite guerre" et de la contre-insurrection.
2- Penseurs et praticiens de la petite guerre ou de la contre-insurrection.
La période antique
Dès l’Antiquité grecque, malgré le fait que, moralement, seul le combat conventionnel est approuvé ou honorable, des villes comme Sparte ou Thèbes (IVème et Vème siècle avant JC) doivent mener des guerres irrégulières faites d’actions de guérilla, de harcèlement, d’embuscades ou de raids « éclair » et ce, à partir de la mer, ou des zones montagneuses, pour fragiliser les lignes de communication ou le commerce de leurs adversaires. L'usage de ces stratagèmes est toléré dans la mseure où il finit toujours par une bataille rangée et où il respecte certaines règles (les Cités ne sont pas détruites, les sites religieux préservés). Certains peuples, réduits à l’esclavage comme les Hilotes, se rebellent contre leurs maîtres par des soulèvements massifs qui sont souvent réprimés dans le sang dès que les phalanges régulières sont engagées, en ville comme en rase campagne, pour briser la révolte.
jeudi 31 janvier 2013
Petites guerres et contre-insurrection : perspectives historiques (1).
Alors que les adversaires potentiels des théâtres d’opérations
contemporains semblent se limiter, pour le moment, à des combattants asymétriques
(comme le veut l’expression consacrée), il m’est apparu intéressant de revenir
sur ce que l’on a longtemps appelé les « Petites guerres ».
Ces dernières seront d’ailleurs également définies,
au cours des âges, comme des actions de pacification, du maintien de l’ordre,
de la contre-guérilla, de la contre rébellion et finalement, de la contre-insurrection.
Néanmoins, ce riche vocabulaire, ramené à une longue perspective historique et
militaire, recèle, certes des évolutions doctrinales, mais surtout une grande
continuité dans les modes d’action et les procédés de lutte face à un
adversaire dit irrégulier.
Le combat de l’insurgé revêt souvent de nombreuses
formes qu’il s’agira de développer et d’illustrer car il représente l’arme du
faible face au fort voire le défi des armées conventionnelles dominantes du
moment. Ainsi, il apparaît régulièrement dans les annales militaires, d’Aristote
à l’Afghanistan en passant par les Jacqueries du Moyen Age, les Camisards ou
encore les combats de la Grande Armée en Espagne comme les révolutions
coloniales ou communistes du XXème siècle.
Ces conflits seront tantôt à l’avantage des forces
modernes, tantôt à celui du « guérilléro »
et ce, en fonction des zones géographiques, des armes utilisées, des contextes
politico-militaires et des tactiques mises en œuvre.
Nous essaierons donc, dans les articles à venir, de
déterminer les caractéristiques de ces conflits avant d’étudier les différentes
écoles et courants de pensée de cette forme de guerre puis de conclure sur les
principes et fondements de la contre-insurrection portés par l’histoire.
lundi 9 avril 2012
L'histoire militaire par les livres : mise à jour de la rubrique "A lire"...
Pour compléter la réflexion sur l'action de l'armée Rouge en Afghanistan 10 à 15 ans avant l'intervention de l'OTAN, je vous invite à lire le livre présenté dans la rubrique "A lire" de votre blog du colonel François. Il revient sur les enseignements tactiques tirés par les membres de l'académie Frunze de Moscou (l'école de guerre de l'armée Rouge, russe aujourd'hui) sur l'engagement militaire en Afghanistan de 1979 à 1989. Ces vignettes abordent des cas concrets qui permettent de réfléchir sur les équipements, la doctrine, l'entraînement et la conduite des opérations de la 40ème Armée. Au fil des pages, l'auteur illustre, par ses commentaires de praticien, les constats dressés à chaque situation et démontre les évolutions d'une force conventionnelle contrainte de mener des opérations de contre-insurrection. Une synthèse riche et instructive pour les combats du passé ou plus contemporains. Bonne lecture...
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