Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

La bataille de la forêt de Teutoburg - 09 avant JC

La bataille de la forêt de Teutoburg - 09 avant JC

Contexte :
Alors que la Germanie a longtemps été dénigrée par l’Empire romain, Auguste décide en l’an 6 avant JC de terminer la conquête de cette province et envoie 8 légions le long du Danube pour conquérir le royaume germain de Maroboduus, en actuelle Slovaquie. Néanmoins, après le départ d’une partie des troupes romaines, des révoltes germaines se déclenchent. Face à ces émeutes, le gouverneur Romain, Varus, piètre militaire, décide de rassembler trois légions pour mater la révolte de la tribu des Chauci. Convaincu par un chef germain, Arminius, qui se dit son allié, de le suivre dans les forêts entre les fleuves Weser et Hase pour trouver les insurgés, Varus commence son mouvement dans un milieu hostile. Il sera trahi par Arminius qui prépare une embuscade meurtrière.

Forces en présence :
Varus : Mauvais stratège, ce gouverneur romain lance son armée dans une zone très fermée, inadaptée aux troupes impériales. Il dispose de trois légions et  de six cohortes d’auxiliaires mais aussi de nombreux civils et chariots soit près de 25 000 personnes.
Dispositif de marche :
Les archers et les auxiliaires agissant en qualité d'éclaireurs, une première légion (5.000 hommes) accompagnée d'environ 120 cavaliers, une équipe d'ouvriers censés construire le camp en fin de journée et procéder à la construction de routes dans certains secteurs si nécessaire, une partie du train de bagages, le général et son escorte, le reste de la cavalerie (240 hommes), la seconde partie du train de bagages, les balistes et les catapultes, l'état-major et les aigles des légions, les deux légions restantes (10.000 hommes), la troisième partie du train de bagages, l'arrière garde composée de troupes hétéroclites.
Arminius : Il compte entre 10 000 à 15 000 combattants mal équipés, disposant principalement de lances et d’une épée pour trois guerriers. Ce chef germain prépare avec minutie son embuscade,  fait construire des barricades et des obstacles pour valoriser un terrain déjà propice à la surprise.
Déroulement de la bataille :
Jour 1 : Les légionnaires s’engagent sur une étroite bande de terrain sèche entre des marécages et le Kalkriesse berg (colline boisée abrupte). L’endroit est trop petit pour que les légions se déploient dans de bonnes conditions, elles restent donc en ordre de marche, imbriquées avec les civils et les chariots qui les accompagnent. Les Germains attaquent alors par des jets de flèches et de javelots en faisant effort sur le centre de la colonne romaine (Varus et sa garde, 240 cavaliers, le train des bagages et les balistes, l’état-major et les aigles). Malgré la surprise, les Romains se réorganisent et se regroupent. Varus prend la tête de ses troupes pour forcer le passage et franchir les barricades germaines. Après plusieurs assauts meurtriers, les Romains finissent par passer et rejoignent une clairière dégagée où ils installent un camp fortifiée.

Jour 2 : Le lendemain, Varus reprend la route et progresse à nouveau vers la ville d’Osnabrück  mais entre dans une zone forestière très dense et vallonnée. En la franchissant, il subit plusieurs embuscades successives où sa cavalerie est inopérante et où les légionnaires, gênés par les arbres, ne peuvent se mettre en formation. Les pertes sont terribles d’autant que la cavalerie, aux ordres de Numonius tente de percer seule avant d’être massacrée. Varus rejoint une nouvelle plaine où il s’installe pour la nuit.

Jour 3 : Le jour suivant, les Romains décident de poursuivre leur mouvement et de traverser un marais, pensant qu’ils échapperont à leurs ennemis. Mais ces derniers les ont devancés et détruisent l’armée de Varus qui se suicide. Les prisonniers romains sont exécutés par les Germains.

Bilan :
Les Romains perdent près de 24 000 hommes et seuls quelques survivants atteignent le Rhin en sauvant symboliquement une aigle. Les pertes germaines restent inconnues.
Enseignements tactiques et doctrinaux :
-Varus accorde sa confiance à un chef germain et n’étudie pas le terrain sur lequel il va s’engager.
-Il perd toute liberté d’action avec un dispositif de marche inadapté sur une zone qu’il connaît mal alors que les insurgés maîtrisent les lieux..
-Il ne conduit aucunes reconnaissances avec sa cavalerie.
-Alors qu’il dispose à deux reprises d’un terrain favorable à l’engagement des légions, il néglige l’économie des moyens et s’engage de nouveau dans des milieux difficiles où les troupes irrégulières germaines ont l’initiative.
-Les Germains concentrent leurs efforts dès le premier jour sur Varus, le centre de gravité impérial et coupe en deux le dispositif ennemi pour l’affaiblir et l’empêcher de manœuvrer.
-Ils étudient leur terrain pour ne pas attaquer les légions en plaine et valorisent leurs embuscades avec des barricades.
-Enfin, ils mènent un combat d’usure, anticipent les mouvements de Varus pour le surprendre et lui retirer toute initiative.