Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

Affichage des articles dont le libellé est art opératif. Afficher tous les articles
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lundi 9 février 2015

L'écho du champ de bataille écrit aussi pour la revue "Guerres et batailles".

 
Depuis la rentrée 2014, un nouveau bimestriel est apparu dans les kiosques pour traiter de l'histoire militaire et de "l'histoire bataille". Il a pour vocation de rendre accessibles aux curieux comme aux profanes ces deux domaines en  proposant des articles documentés et largement illustrés avec de l'iconographie et des cartes. Il s'agit du magazine "Guerres et batailles" aux éditions Oracom. Le dernier numéro, sorti le 5 février 2015, traite principalement d'Alexandre le Grand et j'y publie un article qui cherche à savoir si le stratège antique peut être défini comme le premier grand capitaine et ce, tant dans les domaines de la tactique, de l'opératique que de la stratégie.
Merci encore à cette revue de m'avoir fait confiance et de donner une nouvelle tribune à "L'écho du champ de bataille" dans la presse écrite spécialisée. N'hésitez pas à vous procurez ce numéro et à me faire part de vos commentaires, remarques ou précisions sur cette thématique ou cette publication en général.
Bonne lecture...

lundi 6 octobre 2014

L'Echo du champ de bataille récompensé !

 
Aujourd'hui, à l'occasion d'une cérémonie à l'Ecole militaire présidée par le général inspecteur de l'armée de terre, la Fondation Maréchal Leclerc (http://www.fondation-leclerc.com/), par la voix de son président, le général d'armée (2S) Bruno Cuche, a récompensé des articles en lien avec des sujets militaires. Ces derniers, écrits par des stagiaires du Centre d'études stratégiques de l'armée de terre (CESAT) ainsi que par des officiers d'active sont publiés sur divers documents ou sites du ministère de la défense comme "Taktika", "les cahiers du CESAT" ou "Pensée mili-Terre" (http://www.penseemiliterre.fr/). Au travers de ces travaux et de ces prix, la Fondation  Leclerc veut souligner la pérennité des valeurs et de l'esprit Leclerc fait d'enthousiasme, d'audace, d'initiative comme d'une volonté farouche de faire autrement pour repousser les limites du possible.
Votre blog et votre serviteur se sont ainsi vu attribuer une mention spéciale du jury (ainsi que la médaille commémorant le 70ème anniversaire des faits d'armes de la 2ème DB) pour l'article en 4 parties traitant de l'art opératif et de sa déclinaison selon des principes, une vision, une approche et, in fine, des modes d'action français http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr/2014/04/developper-une-vision-francaise-de-lart.html. C'est donc avec fierté que nous partageons avec vous cette reconnaissance pour le travail de recherche et de réflexion mené depuis maintenant 3 ans qui prend également tout son sens grâce à votre fidélité.
A bientôt sur  "L'écho du champ de bataille"...

mercredi 30 avril 2014

Développer une vision française de l’art opératif : s’inspirer de l’esprit du maréchal LECLERC.(4/4)



Denier volet de notre étude de la vision française de l'art opératif.
Ils ont donné le meilleur pour faire face et stabiliser les crises mais, si les méthodes de planification comme la GOP[1] puis la COPD[2] demeurent remarquables dans la compréhension du spectre des menaces, le rythme et l’exhaustivité de ces procédures ne permettent pas toujours d’obtenir un résultat sur un adversaire qui impose son « tempo » et s’adapte sans cesse aux coups qu’on lui porte. De la même façon, la pression des opinions publiques, le poids médiatique ou les perceptions des populations au contact de la force sont bien souvent plus dévastatrices que les efforts de communication opérationnelle ou les opérations dites d’influence entreprises par les soldats des coalitions.
Aussi, alors que la France a démontré, depuis plusieurs années, sa capacité à agir de manière autonome pour contrer des foyers de crise émergents, comme au Sahel face aux groupes armés terroristes, il s’agit donc de fonder, sans renier l’apport de nos alliés et de notre doctrine,  une « vision nationale » de l’art opératif. Celle-ci pourrait être héritée, en particulier, de l’esprit insufflé par le maréchal Leclerc alors que l’armée française cherchait à se rebâtir après la défaite de 1940.
3- Vers un art opératif français irrigué par l’esprit « Leclerc ».
Il est nécessaire, dans un premier temps, de définir l’esprit « Leclerc ». Cultivé en particulier par les anciens de la 2ème DB et par tous ceux qui ont servi sous les ordres du maréchal, c’est une certaine idée du métier de soldat et de la manière de s’approprier la mission. Surprise, initiative, vitesse, audace, prise de risque et foi dans le succès sont les principaux ingrédients de cette posture intellectuelle et de cette manière de commander.

vendredi 25 avril 2014

Développer une vision française de l’art opératif : s’inspirer de l’esprit du maréchal LECLERC.(3/4)


Troisième volet de notre réflexion sur l'art opératif.
L’ancrage des militaires sur les territoires d’outre-mer et leur connaissance issue de la période coloniale les ont néanmoins à trouver des solutions pour contrôler le milieu ou mailler le terrain, adaptant les modes d’action aux rebelles (postes, bases avancées, hélicoptères, commandos de chasse) mais aussi en gagnant une partie des civils à leur cause ou en redécouvrant la guerre psychologique, les actions civilo-militaires (sections d’administration spéciales, …). Les résultats tactico-opératifs sont au rendez-vous, notamment si l’on considère l’efficacité du point de fixation que représente le camp de Na San en 1952 en Indochine qui va briser l’élan du Vietminh pendant plusieurs mois. C’est également le cas au regard du plan Challe en 1959 sur les « Katibas » du FLN[1] et de l’imperméabilité de la ligne Morice qui interdit à l’adversaire de rejoindre la zone des opérations mais également de soutenir logistiquement ses forces  à partir de sanctuaires tunisiens.

samedi 19 avril 2014

Développer une vision française de l’art opératif : s’inspirer de l’esprit du maréchal LECLERC.(2/4)

 
Nous poursuivons notre article sur l'art opératif et sa  vision française sous le prisme de l'histoire militaire.
Napoléon, à la tête de sa « Grande Armée »  symbolise parfaitement cette évolution, lui qui, lecteur assidu de De Guibert, au-delà des simples divisions, va bâtir jusqu’à 7 corps d’armée, dotés chacun d’une quarantaine de canons, d’unités divisionnaires d’infanterie, de brigades de cavalerie et d’une intendance adaptée à leurs besoins. Fort de cet outil manœuvrier, il a compris la nécessité de prendre de vitesse ses adversaires avant l’engagement, de les placer dans l’incertitude de ses propres intentions par des marches et contremarches sur des centaines de kilomètres. S’il a gagné ses campagnes avec les « pieds de ses soldats » c’est parce qu’il a intuitivement compris les fondamentaux de l’art opératif. En effet, il cherche à protéger ses « lignes d’opération », ses routes d’approvisionnement tout en préservant une réserve opérationnelle capable d’exploiter la faille adverse ou de renverser, au bon moment, le rapport de forces. Il applique, comme une ébauche de « maskirovka [1]», en avant de sa progression ou sur ses flancs, un rideau de cavalerie légère chargé de recueillir du renseignement mais surtout d’aveugler les reconnaissances ennemies. Convaincu que l’attaque frontale ne peut être envisagée qu’en dernier recours, ses modes d’action recherchent souvent l’enveloppement puis la recherche d’un point de rupture (assez proche du « Schwer Punkt[2] » allemand). Malheureusement, privé de son chef et de sa coordination, les corps d’armée, livrés à eux-mêmes, peinent souvent, comme en Espagne ou lors de la campagne de France de 1814, à mettre en place des opérations adaptées à la situation ou complémentaires les unes des autres.

dimanche 13 avril 2014

Développer une vision française de l’art opératif : s’inspirer de l’esprit du maréchal LECLERC.(1/4)


L’armée française s’est longtemps contentée de l’idée de « grande tactique » pour penser l’art de la guerre, oubliant, de fait, l’échelon opératif. Néanmoins, cet héritage semble aujourd’hui ne plus influencer sa manière de concevoir et même de conduire les opérations sur les théâtres d’engagement contemporains ou à l’occasion de crises qui secouent, par exemple, le continent africain. Ces derniers sont en effet parfaitement dimensionnés pour s’adapter aux exigences de l’opératique, cet échelon intermédiaire entre la tactique et la stratégie et ce, de par l’étendue des territoires concernés (le Mali représente près de 3 fois la France), du fait des contraintes des milieux traversés (déserts, massifs montagneux, brousse, marécages fluviaux), de la diversité des populations et des environnements humains rencontrés (des mégalopoles surpeuplées et miséreuses aux  camps de nomades en passant par les villages isolées) mais aussi par la multiplicité des adversaires potentiels (armées conventionnelles, groupes armés terroristes, bandes criminelles, milices d’auto-défense, foules violentes, mercenaires, forces paramilitaires,…) auxquels les militaires sont confrontés.
La France s’est effectivement dotée de PC opératifs au travers de ses EMF[1] nationaux ou des CRR[2] multinationaux et, depuis les déploiements en Ex-Yougoslavie, au Kosovo et en Afghanistan, elle s’est bâtie une doctrine opérative largement influencée par la pensée anglo-saxonne et otanienne. Mais cette méthode de raisonnement est-elle adaptée à la culture militaire de notre pays (que d’aucuns appellent l’« exception française ») ainsi qu’au format des forces que nous engageons actuellement mais également aux situations conflictuelles qui émergent sur l’arc de crise défini dans le Livre Blanc ?
Pour répondre à cette question, une fois de plus, l’histoire militaire apporte ses enseignements même s’il ne s’agit pas de copier ce qui s’est fait à d’autres époques mais de retrouver l’intention, la posture intellectuelle et morale qui ont permis d’amener le succès à nos anciens. Dans ce cadre, l’action du maréchal Leclerc, en Afrique tout d’abord, avec les prémices des forces françaises libres, pendant les combats de la 2ème DB sur le sol national puis au cours de la reconquête de l’Indochine en 1945 par le CEFEO[3], demeure la clé de ce qui pourrait devenir l’esprit de l’art opératif français.
De ce fait, si l’histoire militaire française n’est guère enrichie par la culture opératique, nous verrons que la France s’est rapidement adaptée aux procédures d’outre-Atlantique mais doit maintenant renouer avec l’héritage de l’esprit « Leclerc » pour élaborer une vision pragmatique et innovante de l’action opérative.

jeudi 27 février 2014

Fiche de lecture : la biographie de Joukov (2/2).


Nous poursuivons notre étude des enseignements consacrés à la biographie du maréchal Joukov, en particulier aujourd'hui sur la période de l'immédiat avant-guerre.
 
Néanmoins, même s’il subit cette période avec angoisse dans une atmosphère pesante de délation, Joukov profite des purges qui ont pour effet de créer un formidable ascenseur professionnel puisqu’il est nommé en juillet 1937 commandant du 3ème corps de cavalerie puis commandant adjoint de district en Biélorussie. En responsabilité et devant l’augmentation exponentielle des effectifs de l’Armée Rouge (qui passe de 900 000 hommes en 1934 à 3 millions en 1939), il ne peut que déplorer le manque d’encadrement et sa faible qualité, deux facteurs qui conduiront aux hécatombes de 1941.
Mais le destin va sourire à notre général russe puisque le 1er juin 1939, il est convoqué de toute urgence à Moscou. Il y apprend qu’il doit se rendre en Mongolie pour, dans un premier temps, estimer, les raisons de l’incapacité des troupes soviétiques présentes (57ème corps spécial) à faire face à une profonde incursion japonaise dans la région de Nomonhan (Khalkin Gol). Cette mission va devenir un tournant dans son existence.

vendredi 7 février 2014

Histoire et fondements de l'art opératif russo-soviétique. (2/2)

 
Nous achevons aujourd'hui notre étude sur la pensée opérative bâtie par les officiers tsaristes puis soviétiques à l'aune du XXème siècle. Nous avons vu qu'avant le premier conflit mondial, l'effervescence intellectuelle russe est importante dans le domaine militaire mais qu'elle est freinée par l'héritage napoléonien ou, du moins, par son interprétation restrictive. Néanmoins l'expérience des combats de 1914 à 1917 (et même l'analyse de ceux du front de l'ouest en 1918) finit par convaincre certains généraux comme Chapochnikov (futur chef d'état-major) qu'il est nécessaire de faire la synthèse entre la grande tactique napoléonienne et la stratégie dite des théâtre d'opérations de Leyer et ce, avec l'idée de la mise en œuvre d'un plan de guerre ou de campagne. Svetchin, dont nous avons déjà parlé, écrit, dans ce cadre, un ouvrage pour démontrer que l'opératique est bien le pont nécessaire entre la tactique et la stratégie, que les succès tactiques sont, in fine, liés entre eux par l'intention du chef (l'effet majeur) et le plan général.

lundi 3 février 2014

Histoire et fondements de l'art opératif russo-soviétique.(1/2)





Comme convenu, nous étudions maintenant l'art opératif russo-soviétique qui, nous le verrons, n'est pas uniquement le fruit de la pensée d'une poignée d'officiers des années 1930 (comme Toukhatchevski) mais le résultat d'une longue maturation de la pensée sur l'art de la guerre, la manœuvre et son interaction avec le facteur espace-temps.
Tout d'abord, si l'on revient à la définition, l'opératique peut être considéré comme l'art d'atteindre des objectifs stratégiques avec des moyens militaires sur un théâtre d'opérations donné. Il s'agit également de la notion de campagne, c'est-à-dire d'une série d'opérations conduites pour vaincre un adversaire dont on réduit progressivement la capacité à manœuvrer, au rythme de batailles simultanées ou successives. Dès lors, l'art opératif nécessite la prise en compte de la logistique (du fait des élongations et des distances importantes), de la coopération interarmées, des actions non-conventionnelles mais aussi des procédés de guerre psychologique.

mercredi 22 janvier 2014

La pensée militaire napoléonienne.

Comme nous l'avons annoncé, nous poursuivons l'analyse de diverses formes de pensée militaire et ce, afin de déterminer des tendances culturelles spécifiques. Napoléon a largement influencé la perception de la guerre et, en particulier, de la tactique, en Europe voire, plus largement, dans le monde occidental. Pour cela, je me baserai sur un certain nombre de lectures, en l'occurence les ouvrages de Bruno Colson "Napoléon, de la guerre" et de Stéphane Béraud "La révolution militaire napoléonienne".
L'empereur mène ses batailles au moment où culminent de grandes évolutions, tant techniques que tactiques, ayant débuté au début du XVIIème siècle (développement de l'artillerie, accroissement des effectifs, déclin de l'artillerie médiévale et des fortifications).

dimanche 18 novembre 2012

La tactique : histoire et fondements. (7)


 
Nous continuons notre revue de la pensée tactique dans l'histoire militaire avant d'aborder les principales évolutions concrètes de cet art sur le terrain. Je mets également à jour la rubrique "Mémoire et évènements" de votre blog avec un lien vers l'exposition sur "l'art en guerre" au musée d'art moderne de la ville de Paris. C'est en effet une autre manière de percevoir la conflictualité et ce, au travers des oeuvres d'artistes traduisant les sentiments, les peurs voire les impressions des contemporains face à l'avènement du second conflit mondial.
 
 
2-5 La naissance de l’art opératif, l’avènement des blindés et la période contemporaine.
 
La pensée opérative apparaît, dès le XIXème siècle, dans la manœuvre napoléonienne mais aussi dans ses écrits. En effet, ces derniers évoquent cette perception de la guerre sous un prisme plus large (notamment dans la correspondance à destination de ses généraux[1]) empreinte de références au centre de gravité ou aux lignes d’opération. On la retrouve dans l’œuvre de penseurs comme Jomini, dont la « grande tactique » avec sa science des mouvements des armées en dehors du champ de bataille élargit l’espace du combat. La guerre de sécession américaine sera ainsi l’héritière de cette vision car conduite sur un théâtre d’opérations immense où cohabitent plusieurs fronts et où les lignes de communication, la mobilité mais également l’économie des forces seront cruciales pour obtenir la victoire. En guise d’illustration, il suffit de faire un « focus » le raid du général nordiste Sherman qui réussira par une  audacieuse (mais destructrice) manœuvre de débordement opérative à couper en deux les arrières Confédérés.

mercredi 13 juin 2012

Art opératif : l'action soviétique en Mandchourie en 1945.


Pour compléter notre propos d'articles précédents à la fois sur l'art opératif, l'armée Rouge et plus récemment sur la "guerre éclair" (ou l'action foudroyante pour certains), nous vous proposons un récapitulatif et une étude de l'offensive soviétique de l'été 1945 en Mandchourie face aux troupes japonaises déployées en défensive. Cette campagne met en avant la valeur de la vision opérative sur un terrain aux dimensions importantes et avec des moyens nombreux et hétérogènes.

Contexte :

Lors de la conférence de Yalta, Staline, sur l'insistance de Roosvelt, avait promet aux Alliés que l'URSS entrera en guerre contre le Japon trois mois après la fin des hostilités contre l'Allemagne. Aussi, dès le 2 avril 1945, les Soviétiques informent l'ambassadeur japonais à Moscou que de le pacte de neutralité russo-japonais de 1941 est rompu unilatéralement. Après le 8 mai, des transferts importants de troupes ont lieu de l'Europe vers l'Extrême-Orient pour renforcer les faibles unités sibériennes qui font face à l’armée nippone du Guangdong.


vendredi 25 mai 2012

« Guerre éclair » : du mythe d’hier à la nécessité d’aujourd’hui.


De tout temps la « guerre éclair », ce choc brutal et décisif, cette percée foudroyante, l’encerclement ou la destruction totale de l’adversaire, a été le rêve, voire le cauchemar, des grands chefs militaires soucieux de préserver la vie de leurs hommes ou, plus cyniquement, de faire valoir leur génie tactique aussi bien que leur vision stratégique.
De la même façon, les sociétés, comme les Etats, ont toujours exercé une pression plus ou moins forte sur leurs soldats afin que les conflits soient les plus courts possibles tant ils sont meurtriers mais également perturbateurs des équilibres politico-économiques du moment.
Néanmoins, malgré la mise en œuvre d’idées et de concepts novateurs, souvent appuyés par des innovations techniques ou tactiques, aucune armée n’a su théoriser parfaitement une « guerre éclair » de nature à contraindre l’ennemi, à coup sûr, en une ou un petit nombre de batailles décisives.
Pourtant, les évolutions des contextes d’engagement ainsi que les menaces contemporaines nous portent à considérer l’impérieuse nécessité de développer une doctrine permettant d’atteindre les conditions d’une victoire rapide, légitime, durable et acceptable par l’opinion publique comme au regard des contraintes juridiques défendues par les instances internationales.
Dans ce cadre, nous verrons dans un premier temps quelles ont été les tentatives d’élaboration d’une formule de « guerre éclair » dans l’histoire militaire (de l’Antiquité à la « Blitzkrieg allemande ») puis nous nous attacherons à développer les études de ce concept par l’école opérative soviétique des années 1970-1980 avant de proposer quelques pistes de réflexion pour une application aux guerres de demain.



vendredi 13 avril 2012

Histoire bataille : les combats de Kharkhov pendant l'hiver 1943.



Cette semaine, dans la rubrique "Batailles et enseignements" de votre blog, je vous propose une fiche sur la bataille de Karkhov sur le front de l'est entre février et mars 1943 opposant Soviétiques et Allemands. Intéressante à plusieurs titres, cette confrontation met en exergue des enseignements tactiques et opératifs intéressants. Manstein y fait preuve d'un excellent sens du terrain et des intentions ennemies mais il "façonnne" surtout l'armée Rouge pour l'amener dans son piège et la rendre vulnérable à sa contre attaque. Sa retraite opérative permet de consolider ses positions défensives sur un large front, mais aussi d'attirer Moscou vers l'avant et enfin de constituer des réserves propres à garantir la  liberté d'action de la Wehrmacht. En outre, les généraux soviétiques, de leur côté, font montre d'un excès de confiance et d'une faiblesse dans le renseignement, engageant leurs forces vers un objectif tactique en décallage avec leur doctrine efficace d'opérations dans la profondeur.
Bonne lecture...


Source image : site Ostfront.

samedi 7 avril 2012

Guerre conventionnelle : retour sur le conflit Iran-Irak 1980-1988.


Toujours dans le cadre du regard porté à la guerre conventionnelle (voir notre post sur le conflit géorgien en 2008), et alors que l’Iran redevient un acteur stratégique et militaire majeur dans le golfe Persique, j’aborde, dans cet article, la guerre Iran - Irak qui a vu s’affronter, pendant 8 ans, deux forces symétriques armées par les pays occidentaux et par  l’Union soviétique. Cet affrontement, d’une grande violence et coûteux en vies humaines, a mis en exergue le primat de la vision opérative sur celle purement tactique, tant du côté de Bagdad que de celui de Téhéran - les deux capitales faisant évoluer leur conduite de la guerre en fonction des succès ou des échecs obtenus sur le terrain. Ce conflit démontre également que, si la supériorité technique peut parfois avantager l’un des adversaires aux plus bas échelons, elle peut avoir aussi de graves conséquences sur une armée dans son ensemble. Enfin, une fois de plus, il est clair que le facteur moral, ici dopé par l’influence religieuse ainsi que par les choix politico-stratégiques, mais aussi l’utilisation de moyens particuliers (NBC, harcèlement naval, missiles), modifient les rapports de force et renversent le cours des combats.
Aussi, verrons-nous, qu’à l’instar de l’armée irakienne, un plan mal préparé, des troupes mal instruites (ou ne maîtrisant pas leurs systèmes d’armes) et un commandement ne respectant pas les principes de concentration des efforts et d’économie des moyens, entraînent souvent un échec ou, au mieux, un enlisement du conflit, ce dernier  ne trouvant seulement une issue que grâce à une « approche indirecte » de la conduite des opérations.
Pour mieux le comprendre nous aborderons d’abord le contexte de cet engagement militaire avant d’en dresser les grandes étapes puis le bilan et les enseignements.


dimanche 11 mars 2012

Guerre en Géorgie de 2008 : que révèlent la défaite tactique géorgienne et la victoire opérative russe ?


A l’heure où le débat historico-militaire fait la part belle aux conflits asymétriques et insurrectionnels, occultant ainsi la guerre conventionnelle (voir la reléguant à un passé révolu), j’ai souhaité revenir sur les combats de 2008 en Géorgie qui ont vu s’affronter deux armées blindées-mécanisées aux équipements quasi-similaires, aux racines doctrinales identiques mais qui ont choisi de s’engager selon des niveaux de manœuvre différents.
En effet, le déroulement de cette campagne offre des enseignements intéressants sur les opérations interarmes et interarmées contemporaines, engageant des unités allant de la valeur du bataillon (ou groupement tactique) à celui de la brigade, tout en suscitant la réflexion sur des principes et des fondements majeurs de l’art de la guerre. De la même façon, les deux protagonistes envisagent leurs actions selon des modalités bien différentes, choix qui révèlent leurs atouts mais surtout leurs faiblesses structurelles ou opérationnelles, particularités qu’il s’agira de comprendre et d’identifier. En revanche, notre propos ne sera pas de revenir sur l’ensemble de la crise et ses implications géopolitiques.
Aussi, dans ce cadre, nous aborderons, dans un premier temps, le rapport de forces et la planification au début du conflit, avant de détailler les 12 premiers jours de l’engagement et enfin, de conclure sur le bilan et des réflexions tactico-opératives de portée plus larges.


lundi 23 janvier 2012

Art opératif : un livre à ne pas manquer.

Cette semaine "L'écho du champ de bataille" vous propose, dans la rubrique "A lire", le dernier ouvrage de Jean LOPEZ : "Le chaudron de Tcherkassy-Korsun, et la bataille pour le Dniepr" (éditions Economica). Une fois de plus, cet historien fort bien documenté nous livre une analyse de cette campagne qui, de septembre 1943 à février 1944, a vu les forces allemandes repousser au delà du Dniepr par l'armée Rouge. Cette dernière, fidèle à l'art opératif ébauché pendant l'entre-deux-guerres par des généraux soviétiques comme Toukhatchevski (photo ci-dessus), va développer une planification d'envergure pour contraindre les forces de l'Axe à la retraite et même à la déroute et ce, sur un large front. Cette stratégie, dictée par la poursuite d'objectifs de grande ampleur et qui recherche l'action d'ensemble (par points décisifs successifs)  est à opposer aux réactions voire soubresauts tactiques allemands (en particulier en manoeuvre défensive), certes efficaces mais sans bénéfices à moyen ou long terme. Ce récit historique apporte donc une vision intéressante des choix militaires des belligérants, de l'emploi des unités aéroportées, de l'impact du feu anti-char ou des ruptures d'encerclement. Toutes les fonctions interarmes sont évoquées, des appuis feux ou aériens à la logistique, en passant par la gestion des lignes de communication, l'incontournable intérêt du renseignement mais aussi le rôle du génie pour les franchissements. Bref, une étude riche et passionnante qui défend la primauté de la vision opérative dans la conduite de la guerre et suscite le débat, notamment quand il s'agit de comparer les écoles militaires allemandes et soviétiques. Bonne lecture.

Source image : wikipedia.

mardi 27 décembre 2011

Histoire bataille et mise à jour des rubriques du blog : adapter les armées à la menace asymétrique.


Poursuivant notre série de posts sur les problématiques liées aux conflits asymétriques, nous mettons à jour les rubriques « Paroles de chef » et « Batailles et enseignements » de votre blog. La citation proposée est issue d’un retour d’expérience de l’Armée rouge après son retrait d’Afghanistan en 1989. Elle démontre, s’il en était encore besoin, que les armées modernes, ne sont pas toujours préparées d’emblée à mener des opérations de contre-insurrection face à des combattants qui ne respectent pas toujours les canons stratégiques, tactiques voire éthiques des forces conventionnelles. Dès lors, il y a nécessité de s’adapter tant par l’équipement que par les modes d’action ou les manœuvres choisis. Quant à la bataille présentée, l’embuscade de la forêt de Teutoburg, elle illustre parfaitement l’échec d’une doctrine romaine éprouvée mais prévisible (pourtant victorieuse face à d’autres adversaires) face à une rébellion germaine maîtrisant le terrain, prenant l’initiative de l’engagement et faisant preuve d’une mobilité supérieure.


Ces deux réflexions et constats, pourtant séparés par presque 2000 ans d’histoire, me font dire qu’il est possible de mettre en exergue des enseignements pérennes. Ces derniers sont néanmoins souvent oubliés après des conflits conventionnels ou de longues périodes de paix mais aussi des phases de domination stratégique par des armées considérées comme les plus puissantes du moment.

Aussi est-il intéressant de rappeler qu’après les légions romaines bousculées par les invasions barbares, les Huns si redoutés sont vaincus aux champs Catalauniques, les troupes anglaises longtemps tenues en échec par les révoltes écossaises, Napoléon surpris par la guérilla espagnole, l’Empire britannique blessé par la pugnacité des peuples zoulou ou afghan, les Français peinant à soumettre Abd el Krim au Maroc et enfin les Américains épuisés par le Viêt-Cong en Asie du sud-est. Autant d’exemples historiques marquant les difficultés rencontrées par une force régulière face à des insurrections aux multiples visages, dans des milieux géographiques ou culturels différents, des contextes stratégiques variés et avec des armements en perpétuelle évolution.

Aujourd’hui, après les débats doctrinaires et les écrits produits en réaction aux engagements afghans et irakiens, sans compter le retour aux leçons, plus ou moins dévoyées, des conflits indochinois ou algériens, il m’apparaît nécessaire de trouver quelques lignes directrices pour préparer les guerres de demain qui seront peut être des conflits asymétriques (encore que cette affirmation reste sujette à caution).

Bien sûr, ces propositions ne sont en rien d’exhaustives et attendent d’être enrichies par vos commentaires. Pour préserver la faculté d’adaptation de nos armées, face à ce que l’on nomme les surprises stratégiques ou les menaces potentielle de demain, il faut, selon moi, combattre les partisans du tout technologique (drones, capteurs, armement en stand off, numérisation à outrance,…) qui estiment pouvoir remplacer les effectifs sur le terrain par une maîtrise de l’information ou un armement supérieur. Certes, ce progrès technique apporte une réelle plus-value aux unités déployées pour éclaircir le brouillard de la guerre ou limiter l’action des frictions sur la manœuvre, mais elles ne peuvent remplacer l’initiative du combattant ou du chef, le coup de génie, la surprise tactique voire l’opportunité saisie face au terrain et aux circonstances. Pour réussir cela, l’effort doit être porté sur la formation des cadres et l’entraînement du combattant et ce, en prenant appui sur la pratique de la planification, l’art opératif, les principes tactiques, l’histoire militaire ou la prospective stratégique. Aussi, faut-il s’opposer à la tendance qui semble s’imposer, à savoir le remplacement de l’enseignement des RI[1], de la manœuvre[2] et de l’histoire militaire (par l’intermédiaire de staff ride[3], d’études tactico-historiques, de connaissances sur de grands penseurs,…) par l’étude privilégiée des problématiques organiques (financières, managériales, techniques,…) qui s’inscrivent dans un contexte économique difficile et une transformation profonde (et nécessaire) des outils militaires occidentaux. Mais, cette nécessaire gestion budgétaire et organisationnelle ne suffira pas à gagner les guerres ou à remplir les objectifs sur des théâtres futurs.

En effet, l’apprentissage des méthodes de planification ou de réflexion opérationnelles est incontournable et ne prend son sens que s’il est enrichi au travers l’étude dess situations antérieures (dont on a tiré un retour d’expérience) mais aussi grâce à la réflexion sur les contextes d’engagement à venir dont il faut maîtriser les enjeux (à l’instar des opérations récentes en Libye, des menaces de type AQMI,…). Concernant l’entraînement, l’effort doit être maintenu malgré les retraits progressifs de certains théâtres afin de faire évoluer l’équipement, la doctrine, l’intégration interarmes et interarmées, l’aguerrissement de troupes professionnelles. Celles-ci doivent impérativement conduire l’instruction sur le terrain et non pas uniquement par le biais de la simulation (comme certaines armées occidentales l’envisage pour faire des économies financières et favoriser le recrutement à l’horizon 2030).

Le challenge est de taille si l’on veut éviter de connaître le destin des forces françaises décrit par Marc Bloch dans son «étrange défaite » ou subir un complexe de supériorité aveuglant qui favorisera l’ennemi de demain et nous privera de l’initiative pour vaincre. J’attends vos réactions.



[1] Relations internationales.
[2] Tactique ou opérative.
[3] Etude de batailles sur le terrain.

jeudi 27 octobre 2011

Conduire la guerre : vision tactique versus vision opérative

L’exemple du front de l’est pendant la seconde guerre mondiale

« Un général allemand, adorateur de la seule déesse Tactique, se ferait damner pour réussir un Kessel[1], un général soviétique, formé à l’école opérative, résistera aux sirènes du coup d’aubaine pour rester fixé sur la part qui lui revient dans la planification générale ».[2]

C’est une fois de plus en relisant cette phrase de Jean Lopez et en écoutant les débats autour de ces notions que je me suis interrogé sur la valeur de ces deux visions dans la conduite de la guerre et la mise en œuvre d’une opération. Il s’agit donc de savoir si le niveau opératif, bien souvent décrié en France comme dans certaines armées européennes, a prouvé son efficacité ou démontré son échec. Nous verrons, par conséquent, au travers de l’exemple du front de l’est pendant la seconde guerre mondiale, que les deux notions sont complémentaires mais, qu’objectivement, c’est bien la vision d’ensemble opérative qui permet le succès, à long terme, tout en favorisant la concentration des efforts afin de contraindre la volonté ennemie et obtenir l’effet final recherché.