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« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

samedi 24 décembre 2011

A l’ère de la technique et des conflits asymétriques, reste-t-il de la place pour la manœuvre ? (2/2)


Voici la seconde partie de cet article consacré à la manoeuvre dans un contexte de contre-insurrection. Bonne lecture.

La manœuvre utilisant la technologie pour gagner les conflits d’aujourd’hui.

La manœuvre « a souvent été l’apanage des grands chefs »[1] car elle exige une bonne maîtrise des principes de liberté d’action et de concentration des forces. A ce titre, le renseignement est incontournable afin de déterminer les faiblesses de l’adversaire puis pour définir les points décisifs à atteindre. C’est dans ce cadre que la technologie peut aujourd’hui, dans les conflits de type asymétriques être un instrument privilégié de la manœuvre. Grâce aux systèmes de surveillance du champ de bataille (guerre électronique, drones, recherche humaine,…) le stratège peut ainsi surprendre l’ennemi qui se regroupe ou cherche à mettre en place sa logistique. En effet, le combattant irrégulier ne peut s’affranchir des lignes de communication pour préparer ses opérations, il a besoin d’approvisionnements (armes, explosifs), coordonne son action entre groupes isolés avec des moyens de transmissions et cherche à trouver des zones refuge pour se réorganiser. Dès lors, la manœuvre doit permettre de déstabiliser les insurgés dans ces phases qui sont, pour lui, des moments de vulnérabilité. Pour cela, les armées modernes doivent disposer de capacités et d’unités réactives comme des hélicoptères, des drones armés, des forces spéciales capables de prendre l’initiative à chaque phase du processus stratégique, de la conception à la victoire en passant par la rupture stratégique et à l’exploitation. La manœuvre doit imposer à l’adversaire le lieu de l’affrontement afin d’éviter que les guérillas ne réussissent à s’insérer au sein des populations, créant ainsi le risque, pour les armées conventionnelles, de perdre toute liberté d’action ou de commettre des dommages collatéraux. Malheureusement, pour permettre de redonner à la manœuvre tout son sens, les militaires occidentaux doivent dépasser des freins doctrinaux ou sociologiques.


En effet, pour Gérard CHALIAND « Les guerres sont le reflet des sociétés qui les mènent » et conduisent parfois les forces armées à adopter des stratégies basées sur le primat du feu et de la défensive, à l’image des règles de protection imposées en Afghanistan et à la construction de FOB (Forward Operation Base). Celles-ci sont ainsi devenues les nouvelles forteresses assiégées des temps modernes soumises aux initiatives et au harcèlement des insurgés. Pourtant, de plus en plus de voix semble vouloir réhabiliter la manœuvre appuyée par la technique à l’instar du général CUCHE rappelant que « pour l’armée de terre et la technologie : là encore, l’armée de terre affirme sa différence. Non pas pour refuser la technologie mais pour lui donner la place qui lui revient au regard des spécificités de la manœuvre terrestre. »

S’il y a bien une inquiétude quant à la place de la manœuvre au regard des conflits asymétriques et des développements techniques des équipements et des stratégies militaires, l’histoire, comme les engagements récents, tend à démontrer que la manœuvre demeure le ressort privilégié face à des adversaires de type divers et appliquant des méthodes différentes. Aussi, convient-il de rappeler, comme le faisait le général DESPORTES, que « gagner la guerre, c’est contrôler le milieu » et qu’à ce titre, la manœuvre, par le mouvement, la surprise, l’approche indirecte, le contrôle des voies de communication, permet de réaliser la désorganisation  de l’ennemi et la perte, pour lui, de l’initiative et de la liberté d’action. Pour ce faire, la technologie n’est pas une fin mais un moyen pour démultiplier les atouts de la manœuvre en dissipant le brouillard de la guerre et en limitant les frictions.

A l’avenir, une nouvelle forme de manœuvre pourrait être définie pour gagner la guerre de l’information et optimiser le contrôle du cyberespace, milieu incontournable des conflits du XXIème siècle.

Frédéric Jordan


Source image : Michael Evstafiev / AFP.




[1] Hervé COUTAU-BEGARIE-Traité de stratégie.





1 commentaire:

  1. Pour manoeuvrer, il faut des effectifs et des structures ou des vecteurs adequats pour les deployer ou les transporter rapidement sur une vulnérabilité critique de l'adversaire ou sur ses arrières. Les hélicoptères lourds me paraissent donc indispensables pour manoeuvrer face à ce type d'adversaire.Pourtant nombre d'armées n'en n'ont pas, y compris la France........

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