Nous entamons donc notre revue des principes tactiques mis en oeuvre par l'armée de terre française. Dans ce cadre, nous allons développer les procédés d'application en lien avec la liberté d'action, la concentration des efforts et l'économie des moyens. Nous verrons également, en conclusion, que la surprise et l'incertitude sont privilégiées dans chacun des modes d'action inspirés par ces fondements doctrinaux.
Pour commencer, il s'agit de rappeler la définition de la liberté d'action : c'est la possibilité pour un chef de mettre en oeuvre ses moyens à tout moment et d'agir malgré l'adversaire et les contraintes imposées par le milieu et les circonstances en vue d'atteindre le but assigné. Il est donc essentiel, pour une force, de garder l'initiative sur l'ennemi, d'anticiper les frictions et d'éclaircir ce que l'on nomme le brouillard de la guerre, tout en se préservant la faculté de réagir face à l'imprévu.
Pour cela, ce principe repose sur la sûreté, la prévision et l'anticipation, l'emploi des réserves, la capacité à prendre l'ascendant, l'audace et la saisie des opportunités.
1-La sûreté.
Napoléon avait donné cette mission à sa cavalerie légère considérant, par exemple, que "la chose importante dans l'organisation de la bataille et la marche à l'ennemi, c'est d'avoir les flancs appuyés. C'est toujours par les flancs qu'on est ébranlé et perdu". Mais la sûreté doit être également consentie au travers de la recherche du renseignement, dans la discrétion des mouvements, dans la protection des moyens de communication ou de commandement, dans la préservation des lignes d'approvisionnement, voire le contrôle d'un lieu, de l'information comme du milieu (immatériel ou réel). De nombreuses batailles mettent en exergue ce procédé mis en pratique ou oublié. Comment ne pas évoquer l'absence de reconnaissance de l'armée romaine qui s'engage dans le défilé de Trasimène sans déceler l'embuscade carthaginoise (217 avant JC), les troupes autrichiennes de Benedek à Sadowa en 1866 incapables de couvrir leurs flancs face à l'enveloppement prussien (voir carte ci dessous) ou encore l'armée française peinant à jalonner le corps de bataille allemand dans les Ardennes en mai 1940 sans déceler la masse blindée s'approchant de Sedan. A l'inverse, les Marines à Guadalcanal en 1942 détectent le débarquement des troupes d'élite du colonel Ichiki à Taivu et l'anéantissent quand elles lancent leur assaut.
Il faut donc en déduire des outils tactiques capables de préserver cette sûreté, à savoir des moyens d'acquisition (radars, guerre électronique, équipes de recherche humaine, moyens aériens ou drones, ...), des unités en mission de couverture ou de protection, des manoeuvres passives comme le camouflage ou le silence radio et enfin, la prise en compte des risques comme du potentiel de l'adversaire.
2-La prévision et l'anticipation.
Ce procédé nécessite une methode de décsion opérationnelle permettant d'envisager l'ensemble des facteurs capables d'influencer le champ de bataille, le milieu, les belligérants ou les chefs. Les états-major doivent alors réfléchir aux conséquences des modes d'action choisis, aux réactions possibles de l'adversaire et donc, aux cas dits non-conformes. En effet, pour paraphraser le général allemand Moltke, un plan perd sa validité dès le premier engagement et doit être adapté en conduite. Un exemple flagrant de ce défaut de vision anticipatrice se révèle dans les choix britanniques lors de la bataille d'Isandhlwana en 1879 face aux armées zoulous.
A suivre...
très bien expliqué. merci
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