Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mardi 11 décembre 2012

Les étapes du développement de la tactique : déploiements et modes d'action (2).

4-La Renaissance jusqu'au XIVème siècle : le feu et la manoeuvre.
 
Le XVème siècle est un tournant dans l'engagement des forces sur le champ de bataille. En effet, les armes à feu se développent tout comme l'artillerie et ce, à l'instar de Charles VIII qui emmène, en Italie, 140 canons et 126 pièces légères servis par 200 maîtres d'artillerie et 300 canonniers, sans compter les nombreux chevaux (7 animaux pour une pièce). En 1540, François Ier dispose, quant à lui, de 12 000 arquebuses et de 140 bouches à feu. A Marignan d'ailleurs, il anéantit, par une concentration de boulets, les rangs des mercenaires suisses qui l'attaquent.

Avec le temps, le nombre de calibres augmentent ainsi que les types de munitions (fusants, mitrailles, explosifs,...). Les unités d'artillerie (bataillons, brigades, ...) sont créées en 1765, en même temps que Gribeauval impose sa pièce de 12 comme matériel générique pour les armées de la Révolution. Concomitamment, les piquiers disparaissent au profit des soldats équipés de fusils (fusil prussien tirant 6 coups à la minute). La concentration des feux devient alors un nouveau principe de la guerre et impose de nouveaux modes d'action. La ligne, si chère aux unités du XVIIème siècle, disparaît au profit de la colonne (voir croquis ci-dessous) préservant les combattants des tirs ennemis et permettant une action de choc ou un déplacement plus aisés. La manoeuvre, en tant qu'association du feu et du mouvement, se met en place. Napoléon généralise les corps d'armée avec des unités interarmes capables d'actions autonomes sur un champ de bataille de plus en plus étendu. La cavalerie est divisée en plusieurs types d'unités. Si la cavalerie lourde a toujours pour fonction de créer le choc et la brêche, les cavaliers légers sont utilisés dans la recherche du renseignement, la couverture des flancs du corps de bataille ou l'exploitation à la suite d'une retraite ennemie. La tactique retrouve ses lettres de noblesse au travers des choix de grands chefs militaires d'Austerlitz à Waterloo en passant la campagne de France de 1814.
 
 
 
 
 
5-De 1815 à nos jours : alliance du feu et de la technique.
 
Les armées de masse imposent un effort logistique important pour les armées qui doivent, de fait, adapter leurs déploiements (alimentation puis, plus tard carburant). Les opérations s'inscrivent sur des échelles de temps et d'espace de plus en plus importantes. Si les conflits coloniaux limités permettent encore des manoeuvres en souplesse avec des moyens légers (conquête de l'Afrique du Nord, combats en Asie), la guerre de 1870 et le premier conflit mondial rappellent que le feu peut briser les élans et les concentrations de fantassins. Pour retrouver la manoeuvre, le seul moyen réside dans la mécanisation et la recherche de la mobilité tactique ou stratégique (chemin de fer, avions, navires,...). Les appuis feux, les blindés, les transmissions permettent de renouer avec des tactiques basées sur la déception, la surprise, l'encerclement et la vitesse. Des offensives de 1918 appuyées par les avions et les chars FT 17 franco-américains au corps blindée allié en France de 1944, en passant par la percée de Gudérian à Sedan en 1940 ou les batailles du front russe, la technique se met au service du général pour lui permettre de manoeuvrer et d'engager ses forces avec succès. L'interarmes puis l'interarmées (amphibie, appuis aériens) deviennent la norme pour permettre la mise en oeuvre d'une économie des moyens efficiente et, ainsi, de garantir la liberté d'action du chef.
Avec la guerre froide et les nouveaux théâtres d'opérations de la fin du XXème siècle, la lacunarité du champ de bataille, le développement du tir à distance, de la troisième dimension, de la manoeuvre aéromobile ou la peur des armes NBC poussent les militaires à rechercher de nouveau la protection (blindage, gilets pare-éclats) mais aussi à favoriser les moyens de commandement et d'informations. Seule la guerre asymétrique et une menace plus diffuse semblent avoir permis, ces dernières années, l'émergence d'une réflexion tactique plus aiguisée.
 
Pour conclure, on constate, au cours des âges, de nombreux allers et retours entre le choc et le feu, entre la manoeuvre et la recherche de la supériorité technique pour vaincre. Les déploiements et modes d'action ont donc été sensibles à ces évolutions pour adapter l'engagement des unités aux armements, aux effectifs ou aux menaces du moment.
 
Frédéric JORDAN

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