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« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

lundi 17 mars 2014

Tactique générale : regard d’entre-deux-guerres du général Altmayer (2/3).


 
Nous poursuivons la lecture attentive du général Altmayer qui, en 1936, tente de poser des principes de tactique générale pour les conflits à venir.
Le général Altamyer considère que le chef est au cœur de la décision mais également demeure l’artisan de la victoire ou de la défaite car il est capable de renverser une situation et sa psychologie, avant comme pendant la bataille, influence ses hommes et, par voie de conséquence, sa manœuvre. La place des états-majors est prépondérante car « la stabilité du commandement est assurée par celle des PC. Ceux-ci sont néanmoins poussés franchement à proximité des éléments que le chef peut actionner ou qui peuvent lui fournir le renseignement. Le chef est de sa personne là où les circonstances lui commandent de se trouver, à son poste de commandement quand il s’agit d’organiser, à son poste d’observation quand il faut voir avant de se décider, auprès des exécutants quand il convient de redresser ou d’animer l’exécution ».

 
Quant au mode d’action choisi, le général reconnaît que, contrairement à 1914 et à son culte de l’offensive à outrance, il faudra rechercher l’alternance entre les mouvements offensifs et défensifs afin de réagir aux situations qui se présenteront. La supériorité du feu reste la condition première du succès mais il faut apprendre, à l’exemple des grands « maîtres de guerre » à concevoir l’attaque d’aile pour vaincre l’ennemi. Ainsi, la puissance s’obtient par la supériorité des moyens en vue d’obtenir celle du feu, à un moment fixé, dans une direction donnée ; elle découle du principe de la convergence des efforts. Pour ce qui est de la vitesse, si chère à Napoléon qui se plaisait à la multiplier à la masse, l’auteur estime qu’elle « est à rechercher beaucoup moins dans l’accroissement des allures voire dans l’augmentation des étapes que dans les prévisions faites par la conception, l’exécution et l’enchaînement des manœuvres successives ». D’autres moyens permettent la vitesse : la recherche du renseignement, la simplicité de la conception (« toute complication est interdite à la guerre »), la décentralisation du commandement, la constitution de groupements de forces adaptés à la mission et enfin la diminution  ou la suppression des objectifs à atteindre dans certaines phases de l’action. Le chef se doit ensuite de surprendre par un feu organisé un ennemi qui n’est pas en place. Il recherche la surprise par le secret, la ruse (fausses nouvelles, fausses attaques,…) et le camouflage (brumes artificielles, dispersion, couverts, obscurité).
Pour notre officier, les principes peuvent se résumer en citant une maxime du général Duffour : « adaptation des moyens au but, réunion et économie des forces, concentration des efforts, secret et surprise, sûreté, prévision et activité ; ils n’ont rien de spécifiquement militaire, ils sont le fruit de notre raison et valent pour toutes les entreprises humaines ». Pour le général Almayer, ces règles, qui sont la base de la culture militaire, seront étayées par l’expérience, par la connaissance des règlements (doctrine), par la technicité et enfin par l’étude de l’histoire.
Au final, la guerre se prépare avant son déclenchement, comme d’ailleurs l’écrivait déjà Frédéric-Charles dans ses carnets de 1866 : « A mon avis, nous devons bien plutôt les heureux résultats de nos batailles et de nos campagnes à notre travail du temps de paix qu’à la chance ou aux inspirations brillantes de quelque génie ».
 
2- Des clés de compréhension pour la défaite de 1940.
 
Le général Altmayer, au travers de son étude poussée de la tactique générale semble mettre le doigt sur ce qui manquera à l’armée française lors de la campagne de France près de 4 ans après la parution de son ouvrage. Il cherche à énoncer des concepts fondamentaux, en particulier dans l’organisation du commandement ou l’organisation de la défensive, méthodes de bon sens qui ne seront pas forcément appliquées, en particulier dans le secteur de Sedan au printemps 1940. Observateur attentif et curieux, il écrit également un chapitre d’une grande lucidité sur la pensée et les progrès doctrinaux de l’armée allemande renaissante, potentiel adversaire du moment. Mais là encore, il semble prêcher dans le désert.
 
 A suivre….

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