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jeudi 5 décembre 2013

Enseignements de la campagne du maréchal Leclerc au Sahara 1940-1943. (1)


Alors que depuis plus de 2 ans maintenant le centre de gravité des engagements de l'armée française s'est de nouveau porté en Afrique du Nord et dans la zone sahélienne en particulier (Libye, Mali, Tchad, ...), il m'est apparu intéressant de revenir sur les combats des forces françaises libres (FFL) conduites par Leclerc dans cette même région pendant le second conflit mondial. De la même façon, le 1er décembre dernier, une cérémonie aux Invalides rendait hommage à cet officier atypique et prestigieux dans le cadre des commémorations du 69ème anniversaire de sa mort (survenue le 28 décembre 1947 en Algérie) . 


Pour conduire cette étude et en dégager des enseignements en lien avec la campagne africaine de Leclerc, je me suis appuyé sur le témoignage et les écrits du général Ingold qui publia, dès 1945, un ouvrage consacré à cette époque intitulé "L'épopée Leclerc au Sahara" et préfacé par le général De Gaulle. 
Ce dernier rappelle d'ailleurs, en introduction qu' "au centre de l'Afrique, corporellement séparés de la patrie pour la mieux servir, les soldats français de Leclerc ont montré les qualité de fils d'une grande nation : le goût du risque, le culte du sacrifice, le sentiment de l'honneur, l'acceptation de la discipline, la méthode dans l'effort, la volonté de réalisation." Cette phrase fait ainsi écho à la citation de Du Guesclin qui ouvre le propos du livre à savoir : "pas d'attaques, sans surprise".
En effet, pour l'auteur, les opérations sahariennes menées depuis le Tchad entre février 1941 et février 1943 doivent être étudiées dans une vision d'ensemble. Même si elles apparaissent différentes, ces missions permettent des retours d'expérience communs (commandement, planification, logistique, manœuvre) et ceci que l'on considère indifféremment :
-un raid rapide à effectif très limité, avec un temps très réduit de préparation, pour l'enlèvement d'un point d'importance capital (Koufra 1941) ;
-une préparation minutieuse pour une action éclair de moins d'une semaine, éclatant, en même temps, dans près de 10 points différents d'un vaste territoire, action qui n'implique pas l'occupation mais un retrait rapide laissant l'ennemi sous l'impression de terreur par sa brutalité (Fezzan 1942);
-une conquête d'un territoire entier, de puissantes positions défensives ennemies investies et capitulant après quelques jours de siège, puis avec audace l'exploitation du succès poussé jusqu'à la Méditerranée (Fezzan-Tripolitaine 1943) ;
Aussi, après une présentation du théâtre des opérations (voir croquis ci-dessous), le général Ingold détaille le climat difficile (vent, températures extrêmes,...) ainsi que la géographie des lieux, détaillant les différentes formes de terrain, de la plaine de graviers au Hamada rocheux en passant par l'Edein et son désert de sable ou le Tibesti (que monsieur Gauthier, un géographe de l'époque, définira comme "une citadelle qui était restée inexpugnable à travers les millénaires"). 



Apparaît alors le problème du transport et du ravitaillement sur des distances prodigieuses (2 400 km entre Fort Lamy appelé aujourd'hui N'Djaména et Tripoli) avec, par conséquent, la nécessité de partir avec une grande autonomie logistique (carburant, alimentation, munitions) puis de se recompléter sur des plots de circonstance prévus à l'avance. Le milieu difficile implique également des difficultés pour disposer de l'eau (tenir les puits, charger les véhicules), pour la gestion des traces (amies à dissimuler et ennemies à interpréter) et pour ce qui touche à la visibilité (repérer l'ennemi, éviter les mirages et identifier une cible potentielle).

A suivre...

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