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« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mercredi 17 septembre 2014

De la résilience tactique ou comment dépasser la surprise sur le champ de bataille. (1/2)

 
La résilience est devenue une capacité centrale face aux risques et menaces que connaissent les Etats en ce début de XXIème face, en particulier aux attentats terroristes, aux catastrophes naturelles ou industrielles et même dans le cadre des soubresauts politiques et économiques nationaux ou internationaux. Il s’agit d’être capable, notamment grâce à une phase d’anticipation, de dépasser le choc lié à un brusque changement d’équilibre qu’il soit sécuritaire ou sociétal puis de conduire la gestion de crise en vue de reprendre l’initiative sur les évènements ou un adversaire potentiel.
Aussi, semble-t-il judicieux de réfléchir à ce concept au travers du prisme de la guerre mais surtout de la tactique soumise fortement aux frictions du champ de bataille et à la surprise. Cette dernière peut être le fait d’une innovation technique, d’un mode d’action ou d’une nouvelle conception doctrinale voire le résultat d’un « coup » produit par l’esprit d’un brillant chef militaire.
Nous verrons que le meilleur outil pour garantir la résilience tactique demeure dans un travail de planification mais surtout un effort d’anticipation structuré autour d’une bonne culture historique, d’un renseignement pragmatique, d’une ouverture d’esprit accrue des chefs devant les propositions de leurs subordonnés et d’un entraînement stimulant l’initiative.
Pour cela nous verrons d’abord que la surprise peut prendre des formes différentes, qu’elle a toujours été l’objet d’étude pour contrecarrer ses effets mais qu’il faut aujourd’hui s’en prémunir par un système culturel et doctrinal rénové dès le temps de paix.

 
La surprise, une menace tactique protéiforme.

Le principe de surprise existe depuis la nuit des temps et apparaît dans la plupart des forces armées ou chez les grands chefs militaires comme un principe ou, au moins, un procédé permettant d’agir sur l’ennemi. Selon Barton Whaley, il existe cinq modes de surprise qui reposent sur l’intention, le temps, le lieu, la force et le style. En effet, on observe, en histoire militaire, des approches différentes pour surprendre l’adversaire. L’aspect psychologique est assez prégnant avec la recherche de la déstabilisation morale d’une troupe ou de son chef par l’introduction, par exemple,  d’un équipement  comme le char d’assaut en 1917, le canon à eau détruisant la ligne Bar Lev israélienne en 1973 ou plus récemment les IED des combattants dits asymétriques. C’est également vrai avec un mode d’action innovant à l’instar des archers anglais au début de la guerre de Cent ans (qui déciment les charges de cavalerie françaises à Azincourt), l’emploi des pièces d’artillerie à Castillon en 1453 ou encore la mise sur pieds des premières unités aéromobiles (en Algérie puis au Vietnam). Il est également important de rappeler que la surprise passe par des savoir faire particulier comme le camouflage, la déception ou la diversion à l'instar de la "Maskirovka" soviétique.
Mais surprendre c’est aussi  prendre le contrepieds des idées reçues, former ses unités, choisir le moment clé de l'attaque et même saisir les atouts d'un environnement spécifique comme la zone urbaine, "ce milieu égalisateur de puissance", les étendues désertiques ou encore des régions où règne le chaos (états faillis par exemple).
Enfin, afin de sidérer son adversaire, l'immobiliser comme l'empêcher de reprendre son souffle (ou ses esprits), il est nécessaire de combiner  trois procédés : imposer son propre rythme, des accélérations, des changements de tempo (ce que nous appelions dans un article précédent la "chrono-tactique"), aveugler l'adversaire en affaiblissant ou leurrant ses moyens de renseignement et enfin faire preuve d'adaptation permanente, ce que le spécialiste israélien Meir Finkel nomme la "flexibilité".
 
A suivre...

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