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« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mercredi 17 octobre 2012

La tactique : histoire et fondements (4).



2.2 La grande évolution, l'âge d'or de la tactique (fin XVIIIème début XIXème siècle).Les progrès de l'artillerie, l'émergence de nouvelles théories, l'influence de généraux brillants va faire de cette période l'âge d'or de la tactique et le fondement majeur des grands principes de l'engagement militaire sur le terrain.

-Vauban
 
Depuis la Renaissance, les murailles ont vu leur épaisseur croître pour résister aux effets de l'artillerie. Vauban a étudié les fortifications bastionnées mises en oeuvre par les ingénieurs italiens pour dissuader l'assaillant de mener des assauts frontaux. Il va en déduire de nouvelles techniques d'attaque des places fortes. Tout d'abord en inventant un dispositif basé sur trois tranchées parallèles reliées les unes aux autres (aux rôles et conceptions différents), comme nous le précisions dans notre article sur la poliorcétique.


 
Il développe également de nouvelles forteresses entre 1667 et 1707 capables de résister aux armes à feux tout comme aux machines de sièges. Son objectif est clairement d'éviter les pertes (des armées professionnelles de l'époque) mais aussi de diffuser ses théories grâce à des traités qui sont lus des militaires comme des grands du Royaume. La tactique n'est plus seulement un art, elle devient une science.
 
-Le chevalier de Folard.
 
Capitaine d'infanterie, le chevalier de Folard rédige, entre 1713 et 1727, 6 tomes de commentaires sur l'historien militaire antique Polybe. En effet, ses concepts s'appuient sur une étude comparée des batailles célèbres du passé avec les situations modernes afin d'en tirer de nombreux enseignements, voire des modes d'action génériques. Il prône l'emploi du choc cinétique avec des colonnes denses. Sa tactique se structure aussi autour de l'approche indirecte (contremarches, actions de déception), du groupement autonome et interarmes (innovant alors que la guerre se conçoit avec des armées concentrées dont le commandement est centralisé) et de l'exploitation des opportunités (poursuite de l'ennemi). Peu écouté par ses contemporains, les maréchaux de Saxe et de Broglie appliqueront  néanmoins telles ou telles de ses idées lors de leurs campagnes.
 
-L'esprit du comte Guibert.
 
Guibert sera l'un des maîtres à penser de Napoléon, en particulier pour ce qui concernent les marches en colonnes mais aussi du tir en ligne (ou en tirailleurs) pour éviter les feux de l'artillerie adverse. Dans son "Essai général de tactique" en 1772, il défend des dispositifs articulés (pour favoriser la liberté d'action), des divisions légères et mobiles, une logistique affranchie de magasins fixes, l'emploi de groupements tactiques infradivisionnaires non organiques (ancêtres des GTIA modernes) mais aussi la nécessité de favoriser les appuis mutuels au contact. Lu par le général Washington, il inspirera probablement l'axe oblique de Frédéric II de Prusse à la bataille de Lützen.
 
-Napoléon et ses disciples.
 
L'Empereur a énormément lu les théoriciens de la tactique et de la guerre en général. Il connaît de nombreuses batailles par coeur et finit par l'influence du comte de Guibert qu'il traduit dans son articulation des forces (corps d'armée, marches d'approche en trois colonnes). L'initiative demeure son leitmotiv, comme la saisie de l'opportunité tactique, la manoeuvre par surprise, l'exploitation ainsi que la sureté (emploi de la cavalerie en flanc garde). Ces éléments centraux lui permettent alors de marquer son effort au bon moment et bon endroit. Comme le souligne Bruno Colson dans son ouvrage "Napoléon, de la guerre", à défaut de rédiger un manuel tactique, Napoléon formalise, dans l'action, des principes du combat. Il s'agit de la concentration des forces (et des feux avec l'artillerie comme à Wagram par exemple), de l'offensive, de la surprise, de la protection (réduire l'incertitude) et du moral des hommes. Pour mettre en musique son génie, son art, il a, en revanche, besoin d'une organisation scientifique afin de conduire les opérations. C'est le maréchal Berthier, son chef d'état-major, qui lui apporte la traduction de son idée de manoeuvre ou effet majeur en ordres compréhensibles et formatés.

A  suivre...

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