Avant de poursuivre notre étude sur les développements de la tactique au cours de l'histoire, ses principes, ses applications concrètes et ses évolutions, je saisis l'occasion de partager une lecture sur le soutien médical au profit des combattants engagés en ZURB (zone urbaine). Voici donc une synthèse d'un article paru dans le dernier numéro de "Médecine et armées" (tome 40, n°4 octobre 2012) qui a soulevé mon intérêt et ma curiosité.
L'auteur part du postulat que la prise en charge du blessé en ZURB est particulière car elle est liée à des blessures spécifiques et à un environnement cloisonné complexe (y compris pour la chaîne sanitaire).
Tout d'abord, l'auteur rappelle les caractéristiques du combat en ZURB avec son milieu évolutif allant d'espaces ouverts riches en voies de communication à des centres historiques enclavés par des ruelles étroites, en passant par une action en trois dimensions (sous-sols, bâtiments hauts, ... ). La ville impose donc aux unités de fractionner leurs forces et, par voie de conséquence, leurs moyens médicaux, ces derniers étant, de la même façon, entravés par les limitations de la manoeuvre (obstacles, destructions, IED, embuscades), par les contraintes de la topographie ou des liaisons (perturbations de la géolocalisation, portée réduite des moyens de transmissions).
Dès lors, pour les responsables militaires "santé", il s'agit bien de relever les défis que constituent l'accompagnement des unités isolées (au moins un personnel sanitaire spécialisé en soutien), la mise à l'abri ou la relève du blessé dans ce contexte, l'extraction des victimes avec des techniques spécifiques (proches de celles utilisées par les pompiers) et enfin la gestion des traumatismes psychologiques dans un combat plus "stressant" que d'ordinaire.
Fort de ce constat, le service de santé des armées a établi des principes généraux pour s'adapter aux modes d'action en ZURB. Chronologiquement, il apparaît nécessaire d'agir en 3 phases :
Phase 1 : mise à l'abri du bléssé, mise en oeuvre des techniques du sauvetage au combat n°1 (SC1) réalisées, dès les premières minutes, par des militaires non spécialisés (combattants), soins spécifiques par des personnels formés et évacuation du blessé vers le PRB (point de regroupement des blessés).
Phase 2 : conditionnemnt médical primaire avec du personnel de santé et des équipements particuliers.
Phase 3 : évacuation vers les structures médicochirurgicales de niveau 2 (soins et transport en ZURB).
Mais le milieu urbain impose, pour les untés interarmes comme pour leurs renforts médicaux ou les emprises "santé" autonomes (au moins un auxiliaire sanitaire ou un infirmier par section), de disposer d'équipements particuliers et de moyens de protection pour l'auto-défense (la menace est soudaine et permanente). Dans ce cadre, il est conseillé de se munir d'outils spécifiques (filets ou brancards permettant d'agir dans des bâtiments, lots MASCAL pour gérer un afflux important de blessés, armement et munitions en volume suffisant, ...).
Les blessures lors des combats en ZURB sont elles aussi détaillées dans ce document. Il y est fait état des évolutions des lésions dues aux ricochets des munitions, aux nombreux débris métalliques ou aux projections de verre, aux risques de chute, voire aux tirs de "snipers". Les blessés peuvent être également victimes de pathologies proches de celles rencontrées dans les catastrophes naturelles (ensevelissement, produits chimiques, incendies) mais aussi de celles relatives aux accidents de la circulation. L'environnement urbain cloisonné favorise les blessés ophtalmologiques, ORL (traumatismes sonores) ou blastés (réverbération des ondes de choc des détonnations sur les bâtiments ou infrastructures). Les blessures psychiques sont plus nombreuses car la ZURB décuple l'effet d'isolement, trouble le sens de l'orientation, donne à la menace une dimension omnidirectionnelle et expose le soldat à de nombreuses populations civiles en détresse. Enfin, les villes en conflit deviennent rapidement insalubres (déchets, eaux usées,...) provoquant des pertes militaires par manque d'hygiène ou consécutives à des maladies infectieuses. La chaîne "santé" doit être alors vigilante à la qualité de l'approvisonnement des troupes et aux actions de prévention au sein des unités.
Pour conclure, l'auteur, médecin militaire, prône donc l'entraînement des équipes médicales au CENZUB de Sissonne (centre d'entraînement en ZURB) pour parfaire la connaissance de ce milieu spécifique de l'engagement des forces si exigeant en termes de soutien médical.
Pour notre part, cette analyse nous a convaincu d'explorer l'histoire de la médecine militaire et de son influence sur la logistique, la tactique ou les modes d'action des armées au cours des différentes époques.
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