Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

lundi 19 mars 2012

Algérie : les mémoires oubliées du général François Charles du Barail


Dans votre rubrique "A lire", je vous propose de redécouvrir les mémoires du général François Charles du Barail dont la réédition est de nouveau disponible. En effet, si le manuscrit de 1893 en trois volumes a été un succès au début du XXème siècle, ces écrits ont été bien peu exploités dans les études relatives à l'histoire militaire et n'ont pas été rendus à la postérité. Occulté par les récits de Galliéni, de Lyautey ou de Huré, ce livre apporte pourtant, lui aussi, des clefs de compréhnsion propres à mieux cerner cette époque et à enrichir la réflexion sur les stratégies de contre-insurrection ou de stabilisation (toute chose égale par ailleurs).

Aussi, ai-je voulu me plonger dans ce témoignage précis et riche de la vie d'un jeune officier entre 1836 et 1870 au travers de son aventure militaire coloniale d'Afrique du Nord puis de chef d'unités de cavalerie dans la France en guerre.

Arrivé en Algérie avec son père alors lieutenant-colonel, le jeune du Barail s'engagera dans les chasseurs d'Afrique comme simple soldat, élève trompette, et gravira les échelons dans le tumulte des campagnes contre Abd El Kader en Algérie puis face au sultan du Maroc à la bataille d'Isly. Général en 1870, il deviendra ministre de la guerre en 1873 sous la présidence du maréchal Mac Mahon avant de s'éteindre en 1902. Cette carrière extraordinaire et aventureuse est à la hauteur de l'auteur de "Mes souvenirs". Cet ouvrage, en effet, écrit dans un style simple mais précis, est une fresque historique qui décrit avec sincérité et détails l'Algérie du XIXème siècle, la prise en compte, par les troupes françaises, des spécificités culturelles algériennes (tribus, rites, rôle des chefs, rapports de force, langues) et ce, pour vivre au milieu des populations et lutter contre les factions rebelles. L'organisation, les spécificités du commandement colonial, les chefs charismatiques et les modes d'action du corps expéditionnaire français y sont explicités avec simplicité et objectivité tout comme les influences (ou rivalités) politico-militaires dans la conduite des opérations. Enfin, les us et coutumes des colons, la sociologie des officiers français venus chercher l'aventure pour certains, l'oubli pour d'autres, font l'objet d'un regard tantôt cinglant, tantôt partisan voire attendrissant.
C'est donc avec insistance que je vous conseille la lecture, peut-être pas exhaustive, des chapitres des mémoires du général du Barail pour un voyage, dans le temps et dans l'espace, vers les postes avancés de Mostaganem, le port d'Arzew ou les rues bruyantes d'Oran. Bonne lecture.

3 commentaires:

  1. Même si le général du Barail a souvent tendance à glisser sur les épisodes les moins reluisants de la conquête de l’Algérie (les tristement célèbres enfumades), il propose un tableau très vivant de la condition militaire au XIXe siècle, ainsi qu'un regard lucide sur l’Armée d’Afrique, l’affaire mexicaine et la guerre de 1870. Sa lecture met très bien en perspective la continuité existante entre les opérations en Vendée, la guerre d’Espagne et les opérations en Afrique du Nord. Les cadres de l’armée d’Afrique sont issus de la Grand Armée et marqués par l'expérience des armées de la République.
    Ce qui est particulièrement frappant dans ses écrits, c'est l'absence de condescendance ou de paternalisme dans le regard porté sur les «Indigènes », tout à l’opposé de celui des civils, aussi éclairés fussent-ils qu’un Tocqueville.
    Très intéressant également est le regard porté sur la vie et la mort d’un soldat au XIXe siècle — ce qui permet de mieux comprendre les cruautés et les massacres de l’époque, et cette forme d'indifférence fataliste face à la mort d’un proche ou d'un camarade – le traitement de la fin de Rovigo, fils du fameux ministre de la Police de Napoléon, successeur de Fouché, en donne un assez bon exemple, par-delà l’aspect fantastique de sa mort au combat.
    Et, ce qui ne gâte rien, de Barail écrit assez bien, et souvent avec drôlerie. Lecture effectivement recommandée.

    RépondreSupprimer
  2. Comoretto AnneMarie16 décembre, 2012 16:42

    Chez qui ont été ré-éditées ces mémoires ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour, ces mémoires ont été rééditées par Hachette livre BNF, vous le trouvez sur Amazon par exemple.

      Cordialement

      Supprimer